(30 janvier 2013)
C’est avec plaisir que je vous présente mon tout premier livre publié chez Solid Ground Christian Books et également en vente sur Amazon.com Je dois remercier mon mentor et ami bien-aimé M. Raymond Perron qui est celui grâce auquel ce livre a paru. Cher M. Perron, merci infiniment pour tout ce que vous avez fait dans ce projet. J’aurais plusieurs choses à raconter à ce propos, mais je vais les garder entre vous, le Seigneur et moi…
Je sais, je sais, je sais… je suis québécois et je publie un livre aux États-Unis en anglais… Shame on me… mais plusieurs raisons décisives nous ont conduits à faire ce choix. Si le Seigneur le permet, nous aimerions publier la version française rapidement, j’y travaillerai dans les prochains mois.
En attendant, si vous êtes capables de lire l’anglais (au moins un peu) et que la théologie des alliances vous intéresse, alors je crois que ce livre vous sera utile. Pour ma part, aucune étude biblique ne m’a été aussi profitable que lorsque je me suis consacré à l’étude de la théologie des alliances pendant plusieurs mois pour ma maîtrise. Cette approche est la clé pour ouvrir les Écritures. Charles Spurgeon, le grand prédicateur baptiste, écrivait dans l’un de ses sermons: « La doctrine de l’alliance est à la base de toute véritable théologie. Il a été dit que celui qui comprend bien la distinction entre l’alliance des œuvres et l’alliance de la grâce est un maître de la théologie. Je suis persuadé que la plupart des erreurs que les hommes font concernant les doctrines de l’Écriture sont basées sur des erreurs fondamentales en ce qui concerne les alliances de la loi et de la grâce. » Amen! Je suis on ne peut plus d’accord avec cette affirmation
N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions ou des commentaires. Comme cette parole qui fut jadis salutaire pour Augustin, je termine en disant: Tolle, lege
(AJOUT 17 avril 2013)
Depuis la sortie du livre il y a un peu plus de deux mois, voici quelques-unes des réactions du lectorat que j’ai pu lire ou écouter:
1. Voici un billet de Brandon Adams, un frère qui s’intéresse beaucoup à la théologie des alliances, et qui explique ce que ce livre a ajouté à l’actuelle discussion sur le sujet: http://contrast2.wordpress.com/2013/02/22/the-distinctiveness-of-baptist-covenant-theology
2. Brian Dempsey, qui commente des livres de théologie sur le site Grace Online Library, a fait une vidéo revue du mien:
3. Aashik Rao, un jeune croyant réformé de 19 ans, a écrit un excellent résumé de six pages qui présente efficacement le contenu du livre: Résumé The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology
4. Le site Amazon.com offre actuellement plusieurs « Customer Reviews » de mon livre par différents lecteurs. J’ai été très touché que les docteurs en théologie Richard Barcellos et James Renihan prennent le temps de poster leurs recommandations. La dernière fois que j’ai vérifié, mon livre était au 51,727e rang sur Amazon 🙂 (ça bouge constamment) et au 9e rang des livres dans la section « Baptist » (cliquer ici pour les « Customer Reviews » sur Amazon). Cf. les reviews sur Goodreads.com
5. La semaine dernière j’étais très heureux d’écouter la revue critique que le ministère Reformed Forum a faite du livre: http://reformedforum.org/podcasts/rmr64. Cette revue est particulièrement intéressante puisqu’elle est faite du point de vue presbytérien par des théologiens qui endossent la théologie des alliances pédobaptistes. J’avais très hâte de recevoir les commentaires des presbytériens et j’ai beaucoup apprécié leur podcast
6. Finalement, j’ai eu le privilège de participer à un podcast avec le panel de The Confessing Baptist. Ce site répertorie un nombre impressionnant de ressources de théologie réformée baptiste. Le panel auquel j’ai participé sera diffusé en deux émissions, je poste la première partie aujourd’hui et j’insérerai la deuxième partie la semaine prochaine: Partie 1 – Partie 2
(Ajouts à partir du 29 octobre 2013)
Quelques articles et commentaires parus dans les derniers mois sur The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology:
1. Janvier 2013: Grace Reformed Baptist Church, Richard Barcellos
2. Avril 2013: The Andrew Fuller Center for Baptist Studies, Jeff Robinson
3. Juin 2013: 1689 Federalism (un site dédié à la théologie des alliances des baptistes calvinistes)
4. Août 2013: Joe Thorn’s Weekly Reading
5. Août 2013: Credo Magazine, Luke Stamps
6. Août 2013: Theological Reflection (un frère presbytérien) (article 1) (article 2)
7. Septembre 2013: Un sermon prêché à l’Église de Voddie Baucham, Grace Family Baptist Church
8. Octobre 2013: The Reformed Libertarian, C.Jay Engel
9. Février 2014: Tweet de Voddie Baucham Jr. à propos de mon livre (il a même commencé à me suivre avant que je ne le suive imaginez vous… 😉
10. Mai 2014: God’s Covenant, Samuel Renihan (à partir de 32 min.)
11. Septembre 2014: Covenant Theology: Presbyterian or Baptist?, Brandon Burks
12. Septembre 2014: AN ANALYSIS OF 1689 BAPTIST FEDERALISM – As Presented and Cited by Pascal Denault, Chris Villi. Réponse de Brandon Adams ici et ici.
13. Décembre 2014: Journal of the Institute of Reformed Baptist Studies (JIRBS 2014), book review par Samuel Renihan, p. 208-214.
14. Décembre 2014: Version Kindle du livre sur Amazon.com
15. Décembre 2014: Miroslav Balint-Feudvarski, book review en anglais pour un journal théologique croate.
16. Janvier 2015: Un index des références bibliques de mon livre complété par Paulin Bédard.
17. Janvier 2015: Reformation 21, Une mauvaise critique par Lee Gatiss (un pédobaptiste). Avec ma réponse sur Twitter ici (Conversation avec Lee Gatiss ici ; Réplique de Brandon Adams ; Réplique de Tom Chantry ; La réponse de Lee Gatiss ; Deuxième réplique de Brandon Adams ; Réplique de Samuel Renihan ; Quelques échanges sur Facebook: ici, ici, ici ici Deuxième réplique de Tom Chantry ; Dr. Crawford Gribben s’en mêle ; et Michael Haykin)
18. Mars 2015: Série d’articles sur The Distinctiveness: ici, ici, ici
19. Avril 2015: Un beau témoignage: J. Ryan Davidson, Why I Got Emotional
20. Février 2018: J’avais arrêter de compiler les recensions depuis presque trois ans, mais celle-ci ma fait particulièrement plaisir. Il s’agit de Nate Downey, qui complète actuellement un Master à SBTS et qui a écrit pour le site Top Christian Books. J’ai grandement apprécié l’aspect personnel de sa recension et comment mon livre l’a « préservé » du pédobaptisme vers lequel il se dirigeait en découvrant la théologie des alliances. Je me réjouis également de voir la publicité que mon livre reçoit en étant publié sur ce site.
Première publication le 29 octobre 2013 @ 15 h 30 min
Pascal. Je suis en train d’achever la lecture de ton mémoire en version Word. Je devrai le relire pour approfondir ma compréhension de cette théologie réformée baptiste du fédéralisme théologique, ce qui était nouveau pour moi, jusqu’à tout récemment. J’avais été formé à l’école de Vos et des théologiens de Princeton et Westminster. Très beau travail. J’ai hâte de me procurer la version française. Bon succès.
Merci André.
J’ai été vraiment frappé de constater comment la théologie baptiste était tombée en désuétude alors qu’elle se présentait avec un caractère si rigoureux. Je suis heureux de constater que de plus en plus de baptistes découvrent leur héritage et même des presbytériens changent de conviction lorsqu’ils étudient le fédéralisme baptiste.
Toutes mes félicitations Pascal! Futur professeur dans une faculté de théologie américaine?
Pense pas… Mon coeur est vraiment au Québec et je ne crois pas être de cette trempe là. Je voulais justement t’écrire par courriel pour avoir de tes nouvelles. Si tu as un peu de temps, écris-moi… Tu es toujours dans mes prières.
Félicitation mek la vrai parole dans un homme dans le seigneur
Merci Matthie
Pascal
Voici un bon compte rendu de ton ouvrage.
http://www.andrewfullercenter.org/blog/2013/04/two-new-works-on-covenant-theology-in-its-baptist-expression/
André
Félicitation… tu es meilleur
Tristement … les Baptistes ne savent plus ce qu’est qu’un Baptiste ou ce qu’est le Baptisme.
Le « Rouleau compresseur » … strictement « évangélique » ( pour ce que ça veut dire ), a fait son « oeuvre ».
Tout est pratiquement devenu une Doctrine « Secondaire ». ( pour ce que ça aussi, ça veut dire )
Tiens … « Melting Pot » Évangélique serait une bonne Dfinition du « Phénomène » …… et qui inclus aussi … de plus en plus … les Religions « Désuètes » qui se caméléonnes en Évangéliques.
Moi aussi j’ai bien hâte de le lire en Français.
Bonjour Pascal.
J’ai écouté le compte rendu vidéo et les deux podcast radio sur ton livre. Si j’ai compris correctement, la différence entre la théologie alliancielle chez les puritains britanniques au XVIIe siècle s’articule principalement autour du fait que la plupart des réformés pédopabtistes croyaient qu’il n’y a qu’une seule Alliance de Dieu avec son peuple à travers l’histoire et qu’elle se subdivise en plusieurs dispensations, tandis que la plupart des réformés crédobaptistes croyaient qu’il a de multiples alliances distinctes se succédant (et qu’icelles étaient toutes des alliances de grâce).
Je dois impérativement saisir toutes les facettes de cette question car j’ai une émission radio à préparer sur les origines du baptisme réformé en relation avec l’anabaptisme.
Les pasteurs de l’É.R.B.C. soutiennent que les réformés baptistes sont redevables à la Réformation magistérielle pour la plupart de leur théologie mais qu’ils sont redevables à la Réformation radicale pour deux doctrines : le baptême des croyants et une stricte « séparation de l’Église et de l’État ». Aucun problème pour le premier point, mais j’ai naturellement des réserves quant au second.
Si j’ai bien compris, le principal argument supportant l’idée que les réformés baptistes historiques étaient héritiers des anabaptistes en matière politique est que leur doctrine alliancielle établissait une démarcation sensiblement plus profonde entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance, démarcation qui invite à penser que les crédobaptistes retiendraient moins d’éléments de l’ancien ordre politique d’Israël que les pédobaptistes.
Cette hypothèse me semble crédible, mais encore faut-il vérifier sa validité avec l’évidence historique. Mes recherches sur les réformés baptistes m’amènent à affirmer que les conceptions alliancielles évoquées plus haut ne se sont pas traduites dans la réalité politique et religieuse anglaise. En effet, la conception alliancielle des congrégationnalistes (John Owen exclut), exprimée dans la Déclaration de Savoie de 1658, était plus proche de celle des presbytériens. Cependant, cette proximité ne se matérialisa pas dans un positionnement commun des congrégationnalistes avec les presbytériens, mais plutôt avec les réformés baptistes.
En effet, alors que les presbytériens prônaient le modèle israélite / constantinien / byzantin / semi-érastianien d’un monopole ecclésial accordé à une Église d’État, les congrégationnalistes faisant cause commune avec les réformés baptistes optèrent plutôt pour le principe cromwellien (et biblique selon eux) de la religion d’État. Politiquement et sociologiquement, il appert que ces deux dernières dénominations étaient indissociables et indifférenciables.
Tel qu’également expliqué dans cette émission sur les Putney Debates, pour les puritains adhérant à une ecclésiologie presbytéro-synodale, l’appartenance première allait à l’Église nationale, tandis que pour les puritains promouvant une ecclésiologie congrégationnaliste (incluant ici crédo & pédo), l’appartenance première allait à l’Église locale, la communauté.
Cela m’amène à conclure que ce ne sont pas les doctrines alliancielles qui ont déterminé l’alignement politique des dénominations puritaines au XVIIe siècle, mais les doctrines ecclésiologiques. Qu’en dis-tu ?
P.S. Quant aux anabaptistes, je suis convaincu depuis la lecture de ce livre qu’ils croient non pas en une quelconque « séparation de l’Église et de l’État », mais en la pure ecclésiocratie. Lorsque des anabaptistes appliquent leur idéal communaliste dans toute sa plénitude, leur Églises se muent inévitablement en États.
Salut Clément
Je ne suis pas certain si je suis bien le développement de ta question. Mais voici quelques remarques tout de même et si tu as d’autres commentaires ou questions pour préciser l’enjeu, n’hésite pas à les formuler.
Je n’ai pas beaucoup étudié la relation de l’Église et de l’État dans la théologie baptiste (j’y songe pour le doctorat). Il m’apparait évident que les baptistes particuliers ne sont aucunement héritier des anabaptistes et que leurs similitudes ne provient pas d’une continuité organique entre les deux groupes. Ils partagent certaines convictions, mais sur la base de principes différents. Les anabaptistes ne croyaient pas à la réformation de l’Église, mais en sa restitution (il n’y avait plus d’Église selon eux) et ils rejetèrent la théologie réformée. Les baptistes, quant à eux, étaient tout à fait favorable à la réforme magistérielle et étaient entièrement réformés; je défends la position que le baptisme est une progression de la pensée réformée et même sa version la plus cohérente.
Concernant ta dernière question (alliance vs. ecclésiologie)… On peut distinguer les deux, mais aucunement les séparer. Je crois que le bon ordre théologique est le suivant: la doctrine des alliances détermine la doctrine de l’Église. Donc, à la base de la doctrine politique des différents groupes puritains, je crois qu’on retrouve la théologie des alliances.
Mon travail a démontré la différence entre le modèle pédobaptiste et le modèle baptiste de la théologie des alliances. Cette différence se résume essentiellement par deux paradigmes différents de l’alliance de grâce. Les pédobaptistes voyaient une alliance de grâce sous différentes administrations qui partagent toutes la même substance mais diffèrent dans des modalités externes. Les baptistes voyaient une seule alliance de grâce révélée progressivement sous plusieurs alliances typologiques et conclue formellement dans la Nouvelle Alliance. Avant la N.A. l’alliance de grâce était une promesse, après la N.A. l’alliance de grâce était une alliance.
De ces deux modèles découlent deux système herméneutiques différents et deux ecclésiologies différentes. Je n’ai pas étudié quel impact ces deux modèles ont eu sur la doctrine de l’Église et de l’état. Mais j’ai tendance à croire que les baptistes se rapprocheraient de la théologie des deux royaumes: http://www.amazon.com/Living-Gods-Two-Kingdoms-Christianity/dp/1433514044/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1368287451&sr=8-1&keywords=david+vandrunen
La théologie alliancielle/contractuelle globale des différents groupes puritains a certainement façonné leurs doctrines politiques (toute leur pensée à vrai dire), mais il ne semble que pas que les déclinaisons singulières (celles que tu mets en relief dans ton livre) ont façonnés leurs doctrines politiques, parce qu’il n’y a pas de corrélation entre les déclinaisons singulières et les doctrines politiques : les congrégationnalistes avaient sensiblement la même théologie alliancielle particulière que les presbytériens mais exactement la même doctrine politique que les réformés baptistes.
Pour ce qui est de la théologie des deux royaumes, ce que je peux dire c’est que c’est ça qui a pavée la voie au national-socialisme en Allemagne, qu’Augustin d’Hippone rejetait cette théologie, et que Jean Calvin n’y adhérait pas de la façon dont on l’entend aujourd’hui.
La théologie des deux royaumes est très en vogue aujourd’hui. La plupart des chrétiens occidentaux semblent y adhérer (consciemment ou inconsciemment). Ce que j’ai constaté dans les différentes églises que j’ai fréquenté, c’est que cette théologie est une manière malaisée de concilier l’absolue souveraineté divine sur toute les sphères d’activité humaine avec un ordre sociopolitique qui relègue le christianisme à l’ultra-privé.
À un instant, les adeptes de la théologie luthérienne des deux royaumes vont affirmer la primauté de la loi divine pour rassurer la partie de leur auditoire théocentrique, puis à l’instant suivant ils vont miner cette primauté avec toutes sortes de subterfuges afin de rassurer la partie de leur auditoire qui est incapable de gérer l’adversité. C’est un compromis artificiel qui ne cherche qu’à plaire aux hommes. Au lieu de prendre le taureau par les cornes, les adeptes de la théologie des deux royaumes vont louvoyer pour essayer d’atteindre un consensus mou qui choque le moins de gens possible. C’est juste pas intellectuellement sérieux.
Cela semble être la démarche contradictoire de VanDrunen, qui dit que voter pour des candidats politiques pro-avortement fait partie des libertés de base des chrétiens.
On peut débattre sur l’application de cette théologie en pratique: Confusion in Two Kingdoms Debates: What are we actually arguing about?
Mais en gros je crois qu’il faut reconnaître que l’Église et l’État ont reçu des mandats différents et qu’il appartient à l’Église d’appliquer les commandements de la première table de loi et non au gouvernement.
Pour ce qui est des impacts politiques des distinctions baptistes dans la théologie des alliances, je crois que tu minimises un peu trop. Le fédéralisme baptiste a redéfinit complètement l’ecclésiologie et a mené au rejet du concept d’Église multitudiniste et nationale (il s’agit d’un tournant majeur).
Le congrégationalisme était une étape charnière vers cette conception. Il ne faut pas le recevoir comme un juste équilibre définitif, mais une incohérence temporaire et exceptionnelle.
Il me semble que ce qui est en vogue c’est plutôt la notion de transformer la société par le christianisme. La version théonomiste n’est pas populaire, mais la version « émergente » est très populaire…
Pascal, mon point est que le rejet du concept d’Église multitudiniste et nationale n’implique pas le rejet du concept biblique de religion d’État (c-à-d la soumission des trois ordres de gouvernements = famille + Église + État à la première table de la Loi) selon les baptistes de l’âge d’or puritain, comme en atteste leur comportement politique additionné à toutes les confessions de foi baptistes produites à cette époque (à l’exception de celle de 1644, corédigée par William Kiffin — dont on connaît sciemment l’allégeance théonomique — et de la Charte polythéiste du Rhode Island, juridiction où des baptistes arminiens sont restés en marge du puritanisme).
Si la doctrine politique congrégationnaliste n’est qu’une charnière incohérente et temporaire, alors il en va autant de la doctrine politique réformée baptiste (historique !) et, tant qu’à faire, du confessionnalisme.
Que la plupart des réformés baptistes aujourd’hui adhèrent à la théologie des deux royaumes, je dois bien reconnaître cette évidence, mais le témoignage historique m’empêche cependant d’accepter l’idée que la majorité des réformés baptistes contemporains aient une compréhension orthodoxe de cette question.
Quant à l’Évangile social des émergents, rien de nouveau sous le soleil, et si j’approuve du principe, je sais qu’ils n’iront pas loin… comment christianiser le social si on rejette la seigneurie culturelle et politique de Jésus-Christ ?
Je serais très intéressé à étudier les doctrines politiques des puritains comme projet de doctorat et je dois dire que ton article sur l’usage de la loi dans les confessions du 17e m’a convaincu qu’il y a là plus qu’on ne le suspecte généralement.
De plus, je n’ai aucun doute que les Baptistes et les puritains étaient beaucoup plus « conservateurs » que ceux d’aujourd’hui et qu’on les considéreraient peut-être comme des théonomistes s’ils vivaient aujourd’hui… (même si je crois que le théonomisme moderne n’est pas compatible avec le baptisme du 17e; cependant, culturellement et en pratique, les puritains étaient théonomiques).
Je constate que nous n’avons pas la même définition de la théonomie — nous aurons l’occasion d’en rediscuter.
Ma compréhension vient surtout de Greg Bahnsen. Ce qui ne correspond pas avec la théologie baptiste dans l’enseignement de Bahnsen c’est son rejet de la division tripartite de la loi et conséquemment l’application des lois civiles d’Israël sous la N.A.
Je viens de lire ta réponse sur ton blogue suite à ma question du 3 avril dernier (je n’avais pas reçu de notification ???) Tu écris:
Donc selon toi la division bi-partite ou tri-partite de la loi n’a pas beaucoup d’incidence. Si je comprends bien, tu crois qu’aucun puritain (incluant les baptistes) n’adhérerait à la constitution américaine et son pluralisme religieux? La théonomie se résume essentiellement à appliquer la loi morale (incluant la 1ère table) à une nation?
Il faut une définition ample de la théonomie sinon on entre dans les chicanes de casuistique. Au critère déterminant du rejet du polythéisme politique peuvent bien sûr s’arrimer d’autres principes, mais qu’on doit eux aussi comprendre généreusement.
Par exemple, la Chalcedon Foundation, dans leur revue Faith for All of Life, soutiennent que la seule taxe légitime aujourd’hui (qui relèverait de la loi morale et non cérémonielle) est le (léger) impôt de capitation. Personnellement, je ne suis pas convaincu de ce point précis. Suis-je donc un non-théonomiste ? Je ne pense pas, car je rejoins Chalcedon sur le principe large : la taxation doit être minime pour permettre à la société civile de respirer. Dieu a institué différents ordres de gouvernement (familial, ecclésial, civil), chacun ayant son propre domaine de compétence et ne devant pas usurper celui des autres (malgré qu’il puisse y avoir des chevauchements entre les compétences : ainsi un individu coupable d’adultère devra, si le fait est dûment prouvé, être excommunié par son église locale et être exécutée par le pouvoir civil). Or la taxation abusive par l’État attente à la capacités des autres ordres de gouvernements d’exercer leurs mandats divins.
Le pluralisme religieux dans la Constitution américaine est un accident historique qui est manifestement en rupture avec la théonomie des puritains ayant fondés et peuplés les colonies américaines.
Étienne Lhermenault résume ainsi la compréhension populaire de l’histoire : « De nombreux baptistes saisirent l’occasion de la Guerre d’Indépendance pour faire pression sur les législateurs en faveur de la liberté religieuse. Ils formèrent une coalition avec Thomas Jefferson, James Madison et d’autres qui désiraient voir l’Église anglicane (en passe de devenir en Amérique l’Église protestante épiscopale) se séparer de l’État. Plus tard, des baptistes de Virginie, conduits par John Leland et d’autres, persuadèrent Madison d’inclure une solide garantie de la liberté religieuse dans les amendements de la Constitution des États-Unis » (Les églises baptistes, Bégude-de-Mazenc, Éditions Empreinte, 2009, p. 27 sur 188). Et Lhermenault avance naïvement que c’est « la plus grande contribution que la nation américaine a apporté à notre civilisation » (p. 28) !
En réalité, les choses ne sont pas si simplettes. Premièrement, la Guerre d’Indépendance n’avait rien de progressiste, c’était une révolte conservatrice des non-conformistes calvinistes (de foi et/ou de culture) contre l’absolutisme monarchique anglican, tel qu’il est démontré dans The Presbyterian Rebellion et le Journal of Christian Reconstruction.
Ensuite, une décennie plus tard, les conventions constitutionnelles peuvent adéquatement être appelées révolutions, car elles ont renversées un ordre sociopolitique que les puritains avaient réussis à maintenir pendant deux siècles.
Comment une population d’arrière-plan calviniste à 75 % a pu en venir à se laisser imposer l’idée d’une liberté de religion en 1787, alors qu’il n’y avait aucune force politique ou économique qui pouvait l’y contraindre ? Comme j’ai dit, c’est un accident historique.
Gary North l’expose magistralement (bien que trop longuement) dans Conspiracy in Philadelphia. Frustrés par les privilèges institutionnels — surtout fiscaux — dont jouissaient les dénominations épiscopalienne (Virginie, Carolines, etc.) ou congrégationaliste old light (les baptistes pouvaient êtres exemptés de la dîme congrégationaliste au Massachusetts par une procédure complexe et couteuse, le Gouverneur devait être congrégationaliste au Connecticut), les presbytériens new light (émotionalistes du Great Awakening), les congrégationalistes new light, ainsi que les baptistes se laissèrent séduire par l’idée de liberté religieuse et firent une alliance incongrue avec les soi-disant « Pères Fondateurs » païens (rationalistes théistes).
Ainsi, les fédéralistes centralisateurs non-chrétiens instrumentalisèrent la frustration de ces chrétiens revivalistes et/ou baptistes envers les privilèges indus d’autres dénominations. Gary North commente que « By using tax revenues to finance specific denominations, the state governments created ecclesiastical monnopolies. […] This error couls have been solved by the Constitution’s refusal to subsidize churches with direct economic grants of any kind. » (North, p. 218). Cette situation « provided the kind of practical issue on which rationalists and sectarian-pietists could and did unite, in spite of underlying theological differences, in opposition to ‘right-wing’ traditionalists. […] It created the political alliance between the Deist-Masons and the dissenting churches. » (North, p. 219).
Or ce n’était pas nécessaire d’aller si loin ! Les constitutions d’États adoptées dans la foulée de la Guerre d’Indépendance avaient gardées des limites à la liberté de religion. Certains États américains garantissaient uniquement les droits civils aux citoyens protestants (Vermont, Caroline du Nord), d’autres à tous les chrétiens trinitaires (Massachusetts, New Hampshire, Maryland, Delaware) ou à tous les monothéistes (Pennsylvanie). Les seuls États tolérant une pleine liberté de religion étaient le Rhode Island et, depuis 1776, la Virginie (mais sa nouvelle constitution recommandait explicitement la pratique du christianisme, cf. North, p. 216-217).
Samuel Johnston, Gouverneur de la Caroline du Nord (et partisan de la nouvelle constitution fédérale), expliqua lors des débats de la Convention de ratification de Caroline du Nord le 30 juillet 1788 que tous les États américains étaient alors composés de différentes dénominations chrétiennes et qu’il n’y avait plus à craindre qu’une seule s’accapare tout le pouvoir au détriment des autres.
Bien sur, il y avait encore des doléances légitimes, mais il n’était pas nécessaire d’instaurer une anarchie religieuse pour redresser ces tords. Ce qu’il fallait était seulement de permettre à toutes les dénominations protestantes ou trinitaires de coexister sur un pied d’égalité (c’était déjà le cas dans la moitié des États). Il n’était pas nécessaire d’accorder des droits à des systèmes de croyances qui n’avaient aucun poids numérique en Amérique à la fin du XVIIIe siècle.
Outre le Premier Amendement, il y a aussi l’article VI qui interdit d’exiger que les magistrats soient chrétiens : « aucune profession de foi religieuse ne sera exigée comme condition d’aptitude aux fonctions ou charges publiques sous l’autorité des États-Unis ». Voici ce qu’en pensait le délégué Henry Abbot à la Convention de Caroline du Nord : « S’il n’y a pas de test religieux requis, des païens, des déistes, et des mahométans pourront obtenir des offices au-dessus de nous, de façon à ce que tous les sénateurs et représentants deviennent païens. »
Et le délégué William Lancaster : « Rappelons-nous que nous formons un gouvernement pour des millions qui n’existent pas encore. Nous n’avons pas l’art de la divination. Dans l’espace de quatre ou cinq siècles, je ne suis pas sûr si cela fonctionnera. Ce qui très certain, c’est que des papistes pourront occuper l’office, et que des mahométans pourront s’en emparer. »
Des voix prophétiques, n’est-ce-pas ?
J’essaie de trouver quelle est l’origine historique de la théologie des deux royaumes. Dans The Escondido Theology : A Reformed Response to Two Kingdom Theology, John Frame dit que c’est un concept initialement luthérien, mais qu’à cause de la géopolitique européenne des XVI-XVIIe siècles, cette théologie des deux royaumes n’a pas pu s’appliquer avant les XVIII-XIXe siècles. Mais cette compilation de citations des fondateurs du luthéranisme m’interdit de conclure si rapidement. Parmi les multiples prises de positions clairement théonomiques, un manifeste signé par Marthin Luther, Philippe Melanchton, Johannes Bugenhagen et Caspar Cruciger à Wittenberg en 1536, intitulé De l’obligation des princes chrétiens d’appliquer des punitions physiques et l’épée contre la secte non-chrétienne des anabaptistes (pointant surtout vers les communistes polygames de Münster en 1534), déclare ceci :
« If someone were to contradict this, saying, “The magistracy is not able to give anyone faith, therefore it dare not punish anyone for the sake of faith,” to this there are many proper answers. But we shall limit ourselves to this one answer: The magistracy does not punish on account of opinions and views as held in the heart, but on account of outward wrongful speech and teachings, through which others are also led astray.
[…]
Just as the civil magistracy is obligated to restrain and punish public blasphemy and perjury, it is also obligated to restrain and punish individuals in its own judicial district, for public false teachings
[…]
Some people argue that the civil magistracy in no way ought to be concerned with spiritual matters. This argument is stretched too far. True, both offices — the office of preaching, and that of the civil government — are distinct from one another. At the same time they both are to serve unto God’s glory. Princes are not only to protect their subjects, along with their possessions and physical lives, but the most important task of their office is to further God’s honor, and to oppose blasphemy and idolatry. Thus also did the kings in the Old Testament — and not only the Jewish kings, but also the converted kings of the Gentiles — who executed those who established false prophets and idolatry.
[…]
The civil magistracy does not exist solely to serve people in the area of physical welfare, but most of all for God’s honor, for it is a servant of God, whom it, through its office, is to acknowledge and glorify. Ps 2 : Et nunc Reges intelligite (Now therefore, O kings, be wise).
[…]
Leviticus 24 speaks to this: “Whoever blasphemes God is to be killed.” The magistrates must give themselves to constant and correct instruction, so that they are sure of their cause and do not treat anyone unjustly. For it is not right, solely according to custom, to judge against God’s word and against the old and pure church’s [Israel] understanding and teaching. Custom is a great tyrant. Therefore one must ground himself upon God’s word and the old, pure church. For one is to accept no teaching which has not been attested to by the old, pure church, since it is easy to understand that the old church must have possessed all the articles of faith, namely, all those needed for salvation. Consequently the ruler is obligated to give himself to a thorough study of God’s word and the old church’s teachings.
[…]
The preachers, upon the authority of their office, are not to exercise temporal power. From all this it has now become clear that the civil magistracy is obligated to deter blasphemy, false teachings and heresy, punishing the adherents physically. »
Un personnage dont je n’ai pas parlé dans mon article sur les premiers réformés baptistes est Benjamin Keach. Quelques-uns de ses 43 ouvrages sont accessibles en format html (ce qui permet de recherches rapides par mot-clef). Keach semble avoir adopté des positions contradictoires sur l’application de la Première Table de la Loi par les magistrats civils.
Dans The Glory of a True Church and its Discipline display’d, Keach évoque la répression civile de l’hérésie dans des termes passablement favorables :
Dans Troplogia: A Key to Open Scripture Metaphors, Keach affirme que la peine capitale pour le blasphème n’est pas une particularité propre à la loi hébraïque :
Puis dans An exposition of the parables, Keach reproduit les arguments piétistes usuels qui s’écartent de la théonomie :
Je ne sais pas dans quel ordre ces ouvrages furent publiés (donc lequel constitue une révision d’une position précédente). Il faut aussi garder en tête que même lorsque certains auteurs issus du milieu puritain se laissaient aller à des plaidoyers sentimentaux en faveur de la liberté religieuse, cela ne signifie pas qu’ils souhaitaient une liberté au sens où on l’entend aujourd’hui. C’est le cas de John Milton qui déployait un argumentaire drôlement familier (pour le lecteur du 21e siècle) en faveur de la liberté religieuse, mais qui maintenait que cette liberté ne doit pas s’étendre aux athées et aux mahométans !
Quoi qu’il en soit, à ce stade-ci de mes recherches, je récapitulerai de la façon suivante le positionnement des dirigeants historiques du baptisme réformé :
1ère génération : William Kiffin = clairement théonomiste
2ème génération : Benjamin Keach = théonomiste ambivalent ou piétiste tempéré
3ème génération : John Gill = clairement théonomiste
4ème génération : Charles Spurgeon = plutôt théonomiste
Le cas de Samuel Richardson, un des signataires de la Confession de 1644, aumônier dans l’armée parlementaire et copasteur de la congrégation de Wapping (la première église réformée baptiste connue) avec Jonathan Spilsbury, vient renforcer la nécessité d’une interprétation historique des plaidoiries libertaires chez les puritains.
Quelques citations de l’ouvrage Tracts on liberty of conscience and persecution (1614-1661) où nous apprenons ceci sur le pasteur Richardson :
Page 238 :
Page 239 :
Pages 241-241 :
Pages 242-243 :
Donc Richardson considère que la liberté religieuse en 1656 est « tellement grande qu’elle est indescriptible ». Lorsque Richardson écrit cela, l’Instrument de Gouvernement — la constitution du Protectorat — garantit, par ses articles 15, 17, 25, 35, 37 et 39, la liberté religieuse aux seuls protestants (excluant les anglicans high-church) ! Mieux encore, Richardson vante la « grande liberté indescriptible » protégée par le Protectorat de Cromwell pendant que le Règne des Majors-Généraux (un dispositif civil et militaire ayant notamment pour fonction de réprimer le blasphème, l’ivrognerie, l’inconduite sexuelle et l’immoralité publique) battait son plein. Ce dispositif, en place d’août 1655 à janvier 1657, est considéré comme l’apogée de la domination puritaine en Angleterre et au Pays de Galles. Richardson n’y voyait aucun problème, tout comme la partie de la population ayant embrassée la Réformation.
Il est donc manifeste que pour le pasteur Samuel Richardson, qui s’exprimait avec les catégories de langage de ses contemporains, la liberté religieuse n’incluait pas les mœurs licencieuses. Il se déclarait favorable à la liberté religieuse, mais son concept de liberté ne correspond pas à notre concept moderne (ou postmoderne) de liberté religieuse. Peut-être que cela est utile pour interpréter correctement les déclarations de Benjamin Keach.
Bonjour,
Tout d’abord merci pour votre travail sur le sujet. Comme beaucoup, j’ai commencé évangélique puis j’ai découvert la foi réformée par l’intermédiaire particulièrement de James White.
J’ai donc naturellement découvert les oeuvres du vieux Princeton et de Westminster Theological Seminary. Au moment où moment de votre entretien par The Confessing Baptist. Je commençais vraiment à me poser des questions sur ma position sur le baptême. Ce n’était que des questions, j’avais certaines difficultés avec leur position parce qu’il me semblait trop que l’alliance avec Abraham avait parfois l’air d’être un type de la nouvelle alliance, parfois l’air d’être identique à a nouvelle alliance et je ne comprenais pas comment cela pouvait-être possible.
Par vos commentaires, vous m’avez donné les catégories pour mieux comprendre les postions crédo et pédo baptistes. Cela m’a beaucoup aidé.
J’aimerais poursuivre mes réflexions sur le sujet. J’ai commencé à lire les sources historiques et les livres sortis sur le sujet. Mais pour le moment, mes lectures se limitent en anglais. J’aimerais pouvoir étendre ma recherche sur les sources françaises.
Mon intérêt est doubles :
– mieux maîtriser l’histoire de l’Eglise en France que je connais très très peu alors que je commence à avoir une bonne culture générale sur l’histoire de l’Eglise de manière générale et sur celle du monde anglophone.
– Pour le moment, mon choix d’ouvrages à conseiller en Français est très limité. En caricaturant à peine, je me retrouve à devoir conseiller à tout le monde d’apprendre à lire l’anglais pour pouvoir lire de vrais livres…
Pourriez-vous m’orienter vers des ouvrages, articles écrits par des personnes qui auraient souscrits à la confession de foi de Londres dans l’europe Francophone ou vers une confession de foi du même esprit faîte en français fin XVIIème ou pendant le XVIIIème ?
Si vous n’avez pas de nom à me donner, peut-être auriez vous une idée pour orienter mes recherches ?
J’aimerais essayer de comprendre quelle était le rapport entre la France et la théologie exprimée par la seconde confession de foi de Londres.
Je vous serez très reconnaissant de l’aide que vous pourriez m’apporter. Quoiqu’il en soit merci beaucoup pour vos recherches et pour les avoir partager à l’Eglise.
Que la grâce vous accompagne,
Emmanuel
Bonjour Emmanuel
Merci de vos encouragements et de votre intérêt pour cet ouvrage. Concernant votre question, je viens de mettre en ligne un bibliographie de livres réformés en français: http://www.unherautdansle.net/2013/11/01/livres-chretiens-en-francais/
J’espère que vous y trouverez des titres utiles pour votre instruction. Que la grâce du Seigneur soit avec vous.
Merci beaucoup pour votre réponse rapide et détaillé.
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va t-il sortir bientôt en Français??? merci a vous
Bonsoir Maella,
nous serons en mesure de vous répondre avec certitude dès le retour du Pasteur Denault.
Bonne fin de soirée, en Lui.
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