Récemment, en célébrant le Repas du Seigneur dans notre assemblée, j’ai dit : « Mangeons le corps et buvons le sang de notre Seigneur. » Cette phrase, qui sonne un peu « cannibale » aux oreilles non chrétiennes, sonne surtout « catholique romaine » aux oreilles évangéliques. Une sœur bien-aimée m’a respectueusement demandé des explications par la suite… Étais-je devenu transsubstantiationiste ou encore consubstantiationiste le temps d’un sacrement? (Oups! un autre mot qui agace le tympan antipapiste qui caractérise certaines oreilles protestantes).
Dans les milieux évangéliques, les sacrements, c’est-à-dire le baptême et le Repas du Seigneur, sont souvent envisagés uniquement comme des symboles et des mémoriaux dénués d’efficacité propre. Personnellement, je me distancie de cette conception qui ne m’apparaît pas biblique, ou du moins, qui ne rend pas compte de toutes les données de la Bible à l’égard des sacrements que le Seigneur a donnés à son Église.
Je comprends qu’en raison d’abus et de traditions d’hommes contraires à la Bible, beaucoup de chrétiens évangéliques sont incommodés par le langage sacramentel et sont scandalisés en entendant « Mangeons le corps de Christ. Buvons le sang de notre Seigneur. » Néanmoins, je crois que nous devons utiliser et définir le langage biblique concernant les sacrements et ne pas laisser à la tradition catholique romaine l’avantage de définir ce langage en l’évitant nous-mêmes. En agissant ainsi, nous ne rendons pas service aux saints, car lorsqu’ils lisent les passages des Écritures saintes qui utilisent un langage sacramentel fort, si nous ne pouvons expliquer ce langage ni l’utiliser nous-mêmes, plusieurs seront confus et certains accepteront les fausses doctrines de la régénération baptismale, de la messe et de la transsubstantiation. Il y a plus d’évangéliques que l’on croit qui sont tentés de revenir à l’Église catholique romaine et qui finissent par embrasser le sacramentalisme.
L’Écriture parle bien de manger le corps de Christ et de boire son sang (1 Co 10:16 ; Mt 26:26-28 ; Jn 6:55-56), comment comprendre ces affirmations? La Bible parle aussi du baptême qui sauve (Tt 3:5 ; 1 P 3:21). Pourtant, l’Écriture n’enseigne pas le sacramentalisme (le salut par les sacrements). Elle n’hésite pas cependant à identifier le salut par les deux sacrements qui le représentent (le baptême et la Cène). Les sacrements sont si intimement liés à la réalité du salut qu’ils sont parfois désignés comme étant le salut lui-même (cf. 1689, 30.4). Par contre, ces affirmations bibliques doivent être interprétées en harmonie avec le fait que les sacrements sont aussi des symboles en mémoire du Seigneur (1 Co 11:24) et que le salut ne s’obtient que par la foi sans les œuvres ou les sacrements (Ep 2:8 ; Rm 3:28). Donc, nous ne pouvons interpréter les passages sacramentels forts comme enseignant le sacramentalisme puisque d’autres passages des Écritures interdisent une telle compréhension.
Cependant, si nous rejetons le sacramentalisme catholique romain, rejetons aussi le mémorialisme évangélique sans efficacité réelle. Les sacrements ne sont pas uniquement des mémoriaux, mais des moyens de grâce efficaces qui mettent les croyants en communion avec le Seigneur. Manger le pain et boire la coupe c’est communier avec le Seigneur… pour le meilleur (1 Co 10:16) et pour le pire (1 Co 11:27-30). En désignant les sacrements directement par les réalités qu’ils représentent (le corps, le sang, le salut, la régénération, etc.), nous ne nions pas leur élément représentatif et symbolique, mais nous affirmons avec force la réalité céleste qui ne peut être détachée de ceux-ci. En appelant le pain « corps de Christ » et en appelant la coupe « sang de Christ », nous n’affirmons pas la transsubstantiation ni même la consubstantiation ; mais nous affirmons, comme l’Écriture le fait, la réalité spirituelle représentée par les éléments ; réalité avec laquelle nous sommes en communion par la foi.
Cet article a été publié afin de nous mettre en appétit pour une conversation imposante sur les sacrements qui vous sera présentée à l’émission Parole d’Évangile dès lundi prochain à midi. Cette conversation d’une durée de plus de deux heures sera diffusée en deux parties pendant deux semaines consécutives sur ce site. Restez à l’écoute!
Les sacrements partie 1 (disponible le 9 février) : http://www.unherautdansle.net/pe32
Les sacrements partie 2 (disponible le 16 février) : http://www.unherautdansle.net/pe33
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Première publication le 3 février 2015 @ 14 h 27 min
A titre personnel Pascal, je ne crois pas que Jean 6 fasse la moindre référence à la Cène. Je suis tout à fait d’accord avec les points que tu développes ici, bien entendu, mais j’aurais neutralisé Jean 6 dans cette discussion.
Cf. le point 4 de mon article sur la présence réelle : http://leboncombat.fr/5-raisons-pour-lesquelles-je-ne-crois-pas-a-la-presence-reelle/
Merci frère! Mon point était surtout de souligner des textes qui parlent de manger le corps et boire le sang ou encore du baptême de la régénération (qui ne réfère pas au baptême d’eau, mais à celui de l’Esprit). Je voulais surtout montrer que l’Écriture utilise ce langage et que nous devons le définir et l’utiliser également.
Merci frère. Je partage ce point de vue à 98%. En effet je ne pense pas que le passage de Jean 6 concerne directement la Cène. Autrement le verset 53 dirait à tous ceux qui ne peuvent pas prendre le repas du Seigneur pour absence d’église locale, qu’ils ne peuvent pas avoir la vie éternelle. Dans ce passage je pense que manger la chair et boire le sang équivalent à croire à l’oeuvre du Seigneur pour le salut. mais je ne suis pas théologien.
Pour le reste j’aimerais citer Spurgeon qui exhortait dans un sermon sur la sainte cène son assemblée à » se régaler de Christ » et il disait « Nourrissez vous de lui dans vos cœurs par la foi.Et encore « Je crois à la présence réelle du Christ pour le croyant:et cette réalité, bien plus spirituelle, n’en est pas le moins du monde particulièrement réelle ».
Je crois donc que la cène est plus qu’un mémorial car les éléments du pain et du vin qui représentent le corps et le sang versé à la croix , amplifient la présence réelle qui nous est promise en Matt 18: 20. D’ailleurs les mots employés ne font aucun doute quant à la signification: « ceci est mon corps ;ceci est mon sang.La foi du croyant quand il prend les éléments, revêt une immense signification.Il se nourrit du Seigneur Jésus Christ lui même. Le repas dépasse donc l’aspect symbolique.
Une petite anecdote pour finir. Quand mon ancien évêque catholique me demandait si je croyais à la présence réelle après ma conversion j’avais pour réponse: « Je ne crois plus à la présence réelle comme vous la définissez mais je ne crois pas non plus dans « l’absence réelle ». Ca le déstabilisait un peu.
Bon article Pascal qui nous invite à la réflexion ! Je crois au contraire, de Guillaume, que Jean 6 fait référence à la Cène mais ce sera une discussion pour une autre fois. 🙂 J’ai bien hâte de lire ton SOLA.
Allez-y! Débattez les frères 😉 Merci pour ton commentaire frère
Que Dieu te fasse miséricorde… :p
Mon cher Pascal, débattre par écrit prendra trop de temps que je n’ai pas… mais si jamais tu le désires ça sent un échange/débat avec Guillaume sur Parole d’évangile… 😉
Amen mon frère! J’ai bien hâte d’écouter ces deux émissions. Il y a quelque temps déjà que je suis convaincu que le repas du Seigneur et le baptême sont des sacrements. J’ai commencé à catéchiser mes enfants sur le sujet en utilisant ce language. Je suis bien content de voir d’autres frères baptistes comme moi qui osent affirmer cette position. 🙂
Amen! Je suis encore une fois enseignée, ramenée dans les vérités de la foi et je le prendrai d’une manière toute nouvelle. Pourquoi donc ne pas le prendre toutes les semaines comme les frères chrétiens (chez qui j’ai marché pendant plus de 20 ans)?
Lorsqu’on comprend bien la Table du Seigneur, on peut effectivement se demander pourquoi s’en passer ne serait-ce qu’une semaine… Je crois que tel serait l’idéal tout en reconnaissant que la Parole de Dieu ne nous le commande pas. A mon humble avis, il s’agit d’une question laissée à la liberté religieuse: « De plus, certains aspects du culte de Dieu, et du gouvernement de l’église, communs aux activités et aux sociétés humaines, doivent être établis selon la lumière naturelle et la sagesse chrétienne, dans le respect des principes généraux de la Parole, qui doivent toujours être observés. » (1689, 1.6)
La confession déclare :
Les éléments extérieurs de cette ordonnance, dûment réservés à l’usage établi par Christ, ont une telle relation à lui crucifié, qu’en toute vérité, bien que ce soit en termes figuratifs, ils sont parfois désignés par le nom des réalités qu’ils représentent, à savoir : le corps et le sang de Christ ; en substance et en nature cependant, ils demeurent vraiment et seulement du pain et du vin tels qu’ils étaient auparavant.
1 Co 11.26-28
Merci Pascal pour ces précisions. Ça m »amène aussi un éclairage nouveau sur 1 Corinthiens 11.30 et ça me pousse à craindre l’Éternel dans le bon sens du terme.
Pascal pourrais tu donner ton avis pour les chrétiens isolés . Peuvent-ils, rompre le pain en ayant une attitude de respect et d’adoration? Merci .
Je crois que dans une telle situation exceptionnelle, le Repas peut-être célébré là où deux ou trois sont réunis en son Nom le premier jour de la semaine.
1 Corinthiens 11:26
Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.
Je pense que de dire que le premier jour de la semaine, c’est le jour accepté par le conseil des apôtres, c’est d’avancé à la parole ce qu’elle ne dit pas, il est vrai la mention premier jour de la semaine figure à quelque endroit, la première célébration fut un Jeudi soir selon les évangiles.
Il nous faut être conscients selon la tradition l’expression rompe le pain , n’est pas nécessairement la sainte cène en elle même, comme plusieurs qui veulent soutenir l’idée que Paul aurait institué le dimanche comme jour de réunion.
Tout changement doit passer par le conseil des apôtres comme mentionné dans le livre des actes, comme lorsque le Consolateur enseigne l’église de sa marche. Les siècles on laissé place à plusieurs interprétations qu’on a bien voulu croire sans se poser de questions.
Fraternellement
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