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Par pascal Denault
L’origine de la liberté de conscience
Au premier siècle, l’apôtre Paul eut à régler des litiges entourant la conscience individuelle dans des questions concernant des observations religieuses : diète alimentaire, fêtes religieuses, jours sacrés, conduite morale, etc. Les Juifs et les gentils avaient des coutumes bien différentes et chacun avait tendance à se faire juge de la conscience de l’autre. L’homme est un très mauvais juge de la conscience et parfois un tyran envers celle d’autrui. Dans sa sagesse inspirée, Saint Paul déclara qu’aucun homme ne peut être maître de la conscience humaine, mais seulement Dieu :
Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu. Car il est écrit: Je suis vivant, dit le Seigneur, Tout genou fléchira devant moi, Et toute langue donnera gloire à Dieu. Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. (Romains 14.10-12)
La vraie liberté de conscience est une conscience affranchie des hommes, incluant soi-même, et soumise à Dieu. Au cours de l’histoire, il y a eu différentes tendances à l’égard de ce principe chrétien : tantôt l’on respectait la conscience individuelle, tandis que d’autres fois l’on tentait d’uniformiser la pensée de chacun en imposant celle de l’empire, du roi ou du clergé.
La notion de liberté de conscience devint très forte en Grande Bretagne au 17e siècle avec l’avènement des puritains. Ceux-ci étaient mécontents des oscillations de l’Église anglicane entre le catholicisme et le protestantisme. Ils voulaient une Église entièrement réformée et refusaient de pratiquer un culte contre leur conscience. Plusieurs perdirent l’espoir de voir cette réforme se réaliser un jour et ils commencèrent à quitter l’Église d’état pour former des congrégations indépendantes. Ce mouvement séparatiste prit beaucoup d’ampleur et fut contrarié à coup de contre-réforme et d’Actes d’uniformité orchestrés de concert par l’Église officielle et le pouvoir de l’État. Durant cette période, qui vit naître le mouvement baptiste, on parla beaucoup de liberté de conscience et, conséquemment, de séparation entre l’Église et l’État. Sous la persécution, qui était féroce, plusieurs non-conformistes s’exilèrent aux Pays-Bas et aussi en Amérique.
La liberté de conscience aux États-Unis
Les puritains qui s’établirent en Amérique fuyaient ce climat d’hostilité envers leur foi. Un trait distinctif des colonies de Nouvelle-Angleterre fut le pluralisme religieux. Jamais n’avait-on vu, en Occident, une telle cohabitation des différentes fois religieuses : catholiques, presbytériens, anglicans, congrégationalistes, baptistes, etc. coexistaient paisiblement. Plusieurs de ces chrétiens plaidaient également pour le respect des croyances des autochtones d’Amérique. Jamais n’avait-on imaginé par le passé que l’on puisse vivre décemment dans une société qui ne soit pas uniformisée par l’imposition d’une religion par l’État. De toute évidence, le projet américain venait contredire cette drôle d’idée voulant qu’il soit nécessaire, pour le maintien de la paix et de l’unité sociales, d’homogénéiser les consciences. Le respect de la liberté de conscience, la liberté de culte et de religion devint au cœur de l’identité américaine et de ce qu’on appelle l’exceptionnalisme américain.
Au point où cette conviction, chrétienne avant d’être américaine, fut enchâssée comme premier amendement de la Constitution des États-Unis promulguée en 1789 :
Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de ses griefs.
Cet amendement est une articulation civile du principe théologique établi par l’apôtre Paul : aucun homme, pas même l’État, n’est maître de la conscience et ne peut, par conséquent, dicter les croyances ni ordonner une pratique qui amènerait une personne à agir contre sa propre conscience.
C’est sur la base de cet amendement que la Cour Suprême des États-Unis a rendu un verdict unanime récemment, et ce malgré la division idéologique de cette cour, savoir que les organismes religieux ont une exemption ministérielle et n’ont pas à se soumettre aux lois contre la discrimination à l’emploi. Autrement dit, tous les juges de la Cour Suprême ont affirmé que le gouvernement ne peut pas dire à un organisme religieux, comme le voulait l’administration Obama, qui doit être embauché et qui ne peut être renvoyé. Un tel diktat irait à l’encontre du principe voulant que « le Congrès ne fasse aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion ».
Mais si l’administration du Président Obama a perdu cette bataille contre la liberté religieuse, il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour contre-attaquer. Le 20 janvier dernier, Kathleen Sebelius, secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis dans le cabinet de Barak Obama, annonçait que dorénavant les employeurs confessionnels devront offrir, dans le contrat d’assurance de leurs employés, la couverture gratuite des moyens de contrôle de la naissance. Ces moyens incluent toute la gamme de contraceptifs jusqu’aux moyens abortifs ainsi que la stérilisation.
Où est le problème?
On peut être pour ou contre les moyens de contrôler les naissances. On peut trouver qu’en 2012 la position catholique sur la contraception et la stérilisation est ridicule et dépassée. On peut se moquer des gens qui croient au droit à la vie dès la conception et qui considèrent que la pilule du lendemain est un avortement meurtrier… Mais de vouloir dicter, comme le fait l’administration Obama, à des milliers de citoyens et d’organismes d’agir contre leur conscience en défrayant directement les coûts pour des pratiques qui vont à l’encontre de leurs convictions morales les plus profondes qui sont notoirement et depuis longtemps exprimées dans les constitutions mêmes de ces organismes, c’est franchement immoral et antidémocratique.
Ce n’est pas comme si le Président Obama avait agi rapidement sans avoir pris pleinement connaissance de ce litige. Timothy Dolan, le président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis a personnellement rencontré le président américain pour le supplier d’offrir une exemption à tous les groupes religieux pour ne pas avoir à se conformer à cette mesure. L’évêque ne lui demandait pas d’abolir l’avortement à la grandeur de la nation, ni même de ne pas forcer les employeurs séculiers à payer pour les frais de planification des naissances, mais uniquement d’exempter les organismes dont la nature même était fondamentalement incompatible avec cette mesure. Voici la réponse du Président Obama, par la bouche de sa secrétaire, en conférence de presse : « Les organismes à caractère religieux comme les hôpitaux et les universités auront jusqu’au 1er août 2013 pour fournir à leurs employés la couverture gratuite des moyens de planification des naissances dans leur police d’assurance. » Kathleen Sebelius a bien pris soin de préciser : « Cette décision a été prise après avoir considéré soigneusement les préoccupations émises par certains concernant la liberté religieuse. »
L’évêque Timothy Dolan a réagi à cette annonce en disant que, tout compte fait, l’administration Obama nous a donné un an « pour déterminer comment violer notre conscience ». Il a précisé que les organismes de confessions catholiques ne pourraient pas vivre en se conformant à cet ordre. Plusieurs autres évêques ont appelé leurs fidèles à la désobéissance civile. Le candidat à l’investiture républicaine Rick Santorum a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre option que la désobéissance civile. Le sénateur démocrate Bob Casey s’est opposé à cette directive de l’administration Obama. L’éditorialiste, pourtant progressiste, E.J. Dionne du Washington Post a également condamné l’attitude intransigeante du Président. Les groupes de pression se multiplient et menacent de poursuivre le gouvernement (ici, ici, ici, ici, ici). Le pasteur Rick Warren, qui avait prié à l’inauguration d’Obama, a déclaré qu’il est prêt à aller en prison pour s’opposer à cette mesure. Le gardien de but de Bruins de Boston, Tim Thomas, a déclaré son appui aux groupes religieux contre l’État. Il est évident que ce n’est pas une mince affaire et que de transgresser le principe de la liberté de conscience ce n’est pas véniel. Ce genre de transgression caractérise généralement les dictateurs et non le premier officier de l’empire de la liberté.
La morale de cette histoire
Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que l’administration Obama pourrait déclarer aujourd’hui un accommodement et renverser son annonce du 20 janvier dernier. Nous verrons ce qui arrivera… Retenons une chose, lorsque l’État refuse de laisser les consciences en soumissions à Dieu, il cherchera à s’imposer à toutes les consciences. C’est pourquoi nous avons à craindre l’activisme anti-chrétien qui s’empare de plus en plus des institutions publiques et qui matraquent les consciences pour les faire entrer dans le moule du progressisme. La liberté de conscience est un don de Dieu aux hommes; ne laissons aucun homme s’en emparer.
MISE À JOUR
L’administration Obama vient d’annoncer un accommodement dans sa politique
Merci Pascal pour cette revue de presse. Dans de tels cas, la seule option pour les chrétiens est en effet la désobéissance civile. Comme le disait Samuel Rutherford dans Lex Rex (1644) — la première théorie moderne du constitutionnalisme : « Fidélité à Christ ne peut pas être trahison à César », autrement dit, quand des rois d’ici-bas veulent forcer les chrétiens à violer leur conscience, « Ô là ils ne sont plus rois […] Qu’on ne leur attribue aucune autorité » (Jean Calvin).
D’ailleurs, en 2009 cent cinquante dirigeants protestants, catholiques et orthodoxes s’étaient réunis à New York pour affirmer conjointement qu’ils sont prêts à entrer en désobéissance civile afin de ne pas transgresser la morale chrétienne. En date où j’écris ce commentaire, plus de 506 000 chrétiens américains ont signés le texte qu’ils ont produits, dont on peut lire des extraits traduits ici :
La Déclaration de Manhattan – Un appel à la conscience chrétienne
Aussi, Pascal tu nous apprenais il y a trois semaines qu’Obama prétend ne plus être en faveur du « mariage » gay, mais quelque jours plus tard on apprenait qu’en décembre 2011 son administration a officiellement fait de l’acceptation des comportement LGBT une de ses priorités, alors ne soyons pas leurrés.
Après analyse, l’accommodement annoncé plus tôt ne change pas grand chose au litige: http://email.vervemail.com/hostedemail/email.htm?CID=5717372354&ch=1326C7BEB4FA1F30B97B2FC0D16D555C&h=97f31bea13fad41bd1516068a917aa65&ei=6DvNIfQLN
L’analyse d’Al Mohler
President Obama walked into the White House Press Room today and attempted to pull a political rabbit out of a hat. Faced with an avalanche of mounting opposition to his administration’s mandate that religious employers provide birth control to all employees, the President announced what his staff characterized as a “compromise.” Was it?
la suite:
http://www.albertmohler.com/2012/02/10/what-compromise-this-policy-leaves-religious-liberty-in-peril-and-planned-parenthood-smiling/
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Et on peut vraiment se demander pourquoi des homos choisissent de travailler/étudier dans des institutions chrétiennes…
Homosexuals attack Baptist College “lifestyle statement” in Georgia
Dix représentants protestants (dont deux baptistes), catholiques et juifs ont jurés devant un comité de la Chambre des Représentants à Washington qu’il préfèrent aller en prison que de se sommetre à cette loi immorale :
Baptist ethicist on mandate: We’d rather go to jail, pay fines (Baptist Press)
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