– Par Marc Bergeron, hémato-oncologue –
La commission parlementaire spéciale sur la question de mourir dans la dignité a remis son rapport à l’assemblée nationale du Québec en date du 22 mars 2012. Elle s’est penchée sur les soins en fin de vie à donner aux malades atteints de maladies graves et irréversibles . Plusieurs citoyens du Québec on été consultés en ligne via l’internet et de nombreux experts dans le domaine des soins palliatifs et divers groupes sociaux ayant un intérêt particulier pour le sujet, incluant des malades eux-mêmes ont pu donner leur opinion verbalement et par écrit.
On y apprend entre autres que le réseau des soins palliatifs doit être bonifié et étendu à la grandeur du Québec pour que tous les malades en fin de vie puissent en bénéficier. C’est un aspect très positif du rapport. Cependant l’aspect le plus troublant de ce rapport, c’est qu’on y introduit la notion « d’aide médicale à mourir », autrement dit, d’euthanasie, c’est-à-dire la mort provoquée intentionnellement par une injection mortelle d’un médicament administré par un médecin ou une infirmière et ce dans le but de mettre fin à des souffrances physiques ou psychologiques chez le malade atteint d’une maladie grave et irréversible et chez qui tous les autres traitements ont été inefficaces.
Il s’agit ici d’un changement radical dans la façon de concevoir les soins aux malades en phase terminale d’une maladie au Québec. Actuellement, ces malades sont admis pour la plupart dans les hôpitaux de soins aigus, via les salles d’urgence, et tout le personnel médical et para-médical veille à ce qu’ils reçoivent les meilleurs soins palliatifs pour soulager leur souffrance et l’objectif est atteint dans la presque totalité des cas. Il n’y a aucun besoin actuellement d’avoir accès à des techniques ou à des médicaments ayant pour but de causer la mort directement. De plus, dans un système de santé surchargé comme le nôtre, il est inévitable que l’on aura tendance à avoir recours de plus en plus à des méthodes expéditives comme l’euthanasie pour tenter de résoudre nos problèmes de vieillissement de la population avec toutes les maladies afférentes telles le cancer ou les maladies dégénératives.
Autre point important, l’introduction de l’euthanasie au Québec contrevient aux articles 222 et 229 du code criminel canadien qui interdit formellement de commettre un homicide en donnant volontairement la mort à un être humain, pour quelle que raison que ce soit. Dans ce rapport de la commission, on y prône ouvertement la désobéissance civile en ordonnant au procureur général du Québec de ne pas poursuivre en justice les médecins ou les infirmières qui auront sciemment donné la mort , pourvu qu’ils respectent un cadre réglementaire prédéterminé. Ceci est à mon sens profondément immoral et me fait dire ici que « la fin justifie les moyens ».
La population entière du Québec doit rejeter massivement l’euthanasie comme solution ultime pour soulager les malades en phase terminale et exiger des soins palliatifs de qualité et accessibles à tous. Cette banalisation de la vie, c’est une boîte de pandore que l’on ouvre. Le risque est beaucoup trop grand de se voir tous un jour contraints d’accepter l’euthanasie dans une période de notre vie où nous sommes les plus vulnérables. Pour tous les malades qui pensent ne pas pouvoir être aidés dans leur maladie par notre système de santé actuel, nous leur offrons notre profonde affection et notre empathie et nous les exhortons à continuer de chercher une piste de solution autre que l’euthanasie ou le suicide assisté.
En terminant, j’invite tous les citoyens du Québec à rejeter massivement l’euthanasie et à faire connaître leur opinion à leur député (cliquer sur ce lien pour obtenir l’adresse courriel de votre député).
Merci Marc, je viens d’écrire à mon député. Prenez quelques instants, chers lecteurs du Héraut, pour en faire autant!
Un article très intéressant et qui a beaucoup de bon sens. Je travail dans le domaine de la santé mentale et nous sommes continuellement confrontés à des situations où les gens souhaitent se suicider car vivent une souffrance intérieure profonde. Souvent ils ont l’impression qu’il n’y a plus rien devant eux et que la mort est la seule solution. Nous travaillons très fort pour les aider à comprendre que leur vie ne doit pas se terminer de la sorte. Le gouvernement subventionne des programmes pour lutter contre le suicide… contradiction totale si maintenant ils veulent subventionner l’euthanasie. J’ai l’impression que les gens ne se rendent pas compte des contradictions continuelles qu’ils appuient.
Salutations!
Il n’y a pas qu’en ce domaine qu’il y a des contradictions….l’avenir me laisse craintive. Pour l’instant, nous avons l’impression que le »peuple » peut changer des choses…mais jusqu’ou est-ce vrai?
Miche