« Vous avez entendu qu’il a été dit… » Cette phrase et les autres qui suivent immédiatement sont reliées à ce que nous venons souligner : notre Seigneur explique plus en profondeur et par des exemples, par quelles méthodes tortueuses les pharisiens tordaient la Loi de telle sorte que leur justice n’était que souillure. C’est une erreur de croire qu’il s’agit ici d’une ἐπανόρθωσις, c’est-à-dire d’une correction de la Loi en supposant que Christ élèverait ses disciples à un degré supérieur de perfection que ce qu’il aurait pu faire avec une nation grossière et charnelle à peine capable d’apprendre des principes rudimentaires. L’idée voulant que les prémices de la justice aient été posées dans la loi ancienne, alors que sa perfection serait indiquée dans l’Évangile a été une opinion très répandue. Cependant, rien n’était plus éloigné de l’intention de Christ que d’altérer ou d’innover de quelque façon que ce soit les commandements de la Loi. En eux, Dieu a fixé une fois pour toutes la règle de vie qu’il ne rétractera jamais. Cependant, puisque le sens de la Loi avait été corrompu par de faux enseignements, et qu’elle avait été réduite à un sens profane, Christ la défend contre de telles corruptions en révélant son sens véritable qui avait été abandonné par la nation juive. (…)
Nous ne devons donc pas imaginer que Christ se présente comme un nouveau législateur qui ajouterait quoi que ce soit à la justice éternelle de son Père. Nous devons plutôt l’écouter comme un expositeur fidèle afin que nous puissions connaître quelle est la nature de la Loi, quel est son but et quelle est sa portée.