Par Pascal Denault
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Aujourd’hui c’est jour de vote en Floride; c’est la 4e primaire après l’Iowa, remporté par Rick Santorum, le New Hampshire, remporté par Mitt Romney et la Caroline du Sud remportée par Newt Gingrich.
Pour remporter la nomination républicaine en vue de l’élection présidentielle, un candidat doit obtenir 1144 délégués sur les 2286 disponibles, 50% +1 donc. Aujourd’hui, le vainqueur remportera 50 délégués. Le compte actuel est le suivant : Gingrich 27, Romney 17, Paul 9 et Santorum 6.
Jusqu’à présent, cette élection a révélé quelque chose de la nature humaine : l’homme change facilement et souvent d’opinion. Certains diront qu’il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée… mais changer constamment est-il un signe de sagesse?
Les changements d’opinions
Depuis le début de la course à l’investiture républicaine, les sondages ont d’abord indiqué que l’opinion populaire allait en faveur de Mitt Romey. Ce candidat n’a jamais suscité l’enthousiasme des républicains, mais il a continuellement gardé une bonne posture dans la course. Ensuite, lorsque Michele Bachmann est entrée en scène, elle a rallié les plus conservateurs et, pour un peu de temps, a talonné Romney et l’a même dépassé dans les sondages. Lorsque Rick Perry, le gouverneur du Texas, a fait son entrée, il fut immédiatement la nouvelle sensation. Plusieurs affirmaient déjà avec confiance qu’il remporterait sans difficulté l’investiture. Quelques faibles performances lors de débats avec les autres candidats ont précipité sa cote.
Après Perry, la nouvelle saveur fut Herman Cain. Il devint subitement populaire sans avoir changé quoi que ce soit à son discours. Probablement que le sentiment « ABR » (Anyone But Romney) y était pour quelque chose. N’eût été quelques allégations de scandales sexuels, Cain aurait pu triompher, mais comme il ne put se disculper de manière convaincante, il perdit l’appui des électeurs républicains et se retira.
Heureusement, Newt Gingrich arriva en renfort et fut annoncé comme le seul rhétoricien capable de battre Obama. L’électorat fut divisé, plusieurs gardant un mauvais souvenir de lui lors de son passage comme président de la chambre des représentants. Puis les élections débutèrent officiellement. La performance de Rick Santorum en Iowa le propulsa pendant cinq ou six minutes en tête des sondages, les plus conservateurs croyaient avoir trouvé leur homme. Mais il est vite devenu évident que l’Iowa ne serait pas garant du reste des États-Unis.
Les partisans du GOP commencèrent à se faire à l’idée d’élire le candidat mormon qui remporta facilement le New Hampshire. Puis, surprise, Gingrich sortit triomphant de la primaire en Caroline du Sud. À nouveau, le tribun réussit à convaincre qu’il était le seul véritable conservateur assez coriace intellectuellement pour vaincre Obama dans les débats cet automne.
La popularité de Gingrich aura finalement été éphémère puisque maintenant Romney a solidement repris la tête dans les sondages. Alors, si on résume, l’opinion populaire a été comme suit : Romney, Bachmann, Perry, Cain, Gingrich, Santorum, Romney, Gingrich, Romney. L’homme change facilement et souvent d’opinion.
À mon humble avis, lorsqu’on voit l’instabilité de l’opinion populaire, il ne faut pas s’étonner de l’attitude électoraliste des politiciens… ils essaient simplement de suivre le vent. Je crois que c’est en partie pour cette raison que Ron Paul n’a jamais pris la tête dans cette campagne, il est trop consistant pour suivre le vent.
Guy Millière, un intellectuel français de droite, explique pourquoi Mitt Romney sera probablement le candidat républicain pour la présidentielle de 2012 :
« Mitt Romney sera candidat par défaut : parce que ses adversaires potentiels seront tombés les uns après les autres et parce que les tea parties et le mouvement conservateur ne sont pas parvenus à s’accorder sur le choix d’un candidat. Il sera le candidat qui reste, celui vers lequel ceux qui ne veulent pas d’une réélection d’Obama se tourneront, faute de mieux. »
La vanité de ce qui est populaire
On a parfois l’impression que si une chose est populaire, elle est forcément bonne. La majorité n’est ni nécessairement dans l’erreur, ni nécessairement dans la vérité. Cependant, il est rare que l’opinion de la majorité soit fondée sur une conviction réfléchie. L’opinion populaire est à peu près ce qu’il y a de moins fiable. Elle peut changer instantanément, elle est fondée sur les émotions et très peu sur la raison, elle est facilement manipulée et influencée par ceux qui parlent fort, elle procède généralement d’un effet d’entrainement et non de principes articulés.
Je pense à deux exemples bibliques où l’on voit cette impulsivité irréfléchie qui caractérise la foule. Entre le dimanche des Rameaux et le Vendredi saint, il y a 5 jours. Jésus, accueilli en triomphe à Jérusalem par une foule qui l’acclame en criant hosanna, meurt renié par la foule, peut-être la même, qui vocifère à Pilate « Crucifie-le! » Comme exemple d’instabilité de l’opinion populaire, ont peut difficilement trouver mieux.
L’autre exemple, un peu moins connu, concerne l’apôtre Paul. Dans sa grande tournée missionnaire dans l’Empire romain, il passa par la ville de Lystre où il opéra un miracle. Voici la suite du récit tel que les Écritures nous le rapportent : « 11 À la vue de ce que Paul avait fait, la foule éleva la voix, et dit en langue lycaonienne: Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous. 12 Ils appelaient Barnabas Jupiter, et Paul Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole. 13 Le prêtre de Jupiter, dont le temple était à l’entrée de la ville, amena des taureaux avec des bandelettes vers les portes, et voulait, de même que la foule, offrir un sacrifice. (Actes 14.11-13) »
Paul et son compagnon Barnabas sont vénérés comme des dieux. Bien sûr, ils s’opposent à cette grossière idolâtrie, expliquent aux païens qui est le vrai Dieu et leur annoncent l’Évangile. Puis le texte dit : « 18 À peine purent-ils, par ces paroles, empêcher la foule de leur offrir un sacrifice. 19 Alors survinrent d’Antioche et d’Icone des Juifs qui gagnèrent la foule, et qui, après avoir lapidé Paul, le traînèrent hors de la ville, pensant qu’il était mort. (Actes 14.18-19) »
L’homme change facilement et souvent d’opinion. Pourquoi la foule agit-elle ainsi? Parce que chaque homme agit ainsi! « Oui, vanité, les fils de l’homme ! Mensonge, les fils de l’homme ! Dans une balance ils monteraient Tous ensemble, plus légers qu’un souffle. » (Psaume 62.9) Le prophète Ésaïe déclare : « Cessez de vous confier en l’homme, Dans les narines duquel il n’y a qu’un souffle: Car de quelle valeur est-il? » (Ésaïe 2.22)
L’Écriture nous dit que « Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous, et parce qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rendît témoignage d’aucun homme; car il savait lui-même ce qui était dans l’homme. » (Jean 2.23-25)
Vous pouvez choisir de vous confier en l’homme en vous confiant en vous-mêmes, en vos pensées ou en vos capacités. Ou encore en suivant la foule en prenant la direction de la majorité. Ou encore en espérant dans les politiciens ou dans le secours d’une autorité humaine quelconque. Ou vous pouvez réaliser le caractère vain de l’être humain, vous en détourner et vous confier en Dieu et en sa Parole qui est certaine. Personnellement, j’ai tendance à avoir confiance en ceux qui se méfient de la nature humaine et qui agissent avec beaucoup de prudence, même envers eux-mêmes.
Les élections pseudo-démocratiques téléguidées par les médias de masse sont devenus des immenses carnavals dans les pays occidentaux, et particulièrement aux États-Unis. Jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité les grands enjeux civilisationnels ont été réglés par des joutes électoralistes aussi naïves et complaisantes. Il y a dans les politiques d’Obama (et des républicains centristes comme Romney) des casus belli assez flagrants.
Je trouve fascinant que des chrétiens conservateurs investissent toute leur vie dans ce jeu où ils n’ont aucune chance de gagner à long terme. Quand le gouvernement menace de prendre le contrôle de ton emploi, ton chèque de paye, ta propriété, tes droits fiscaux, tes soins de santé, tes enfants, il me semble que tu devrais faire plus que songer à mettre un bout de papier dans une petite boîte. Depuis plus de deux siècles, Washington formate les citoyens américains à croire qu’ils peuvent seulement régler les problèmes relatifs au gouvernement civil en glissant un morceau de papier dans une urne. Je comprend qu’il y a des raisons historiques pour cela : dès 1785 et 1792, les fédéralistes jacobins supprimèrent deux révoltes anti-taxes au Massachusettset en Pennsylvanie, et plus tard le tyran Lincoln écrasa le Sud qui ne voulait pas être subjugué par le protectionnisme du Nord. Mais avec la montée des antagonismes et la militarisation des county, peut-être que nous verrons la vapeur s’inverser dans les prochaines décennies.