Réponse: Par l’Esprit de Dieu le chrétien est une nouvelle créature qui a reçu une capacité nouvelle pour obéir à Dieu et pratiquer des œuvres qui lui sont agréables. ~ Philippiens 2.12-13
Nous tenterons de définir la capacité du chrétien pour faire des œuvres bonnes, la nature de cette capacité ainsi que sa limite. Nous n’aborderons pas maintenant la valeur propre de ces œuvres devant Dieu puisque cela sera l’objet de la prochaine question. Après avoir défini ce que sont les bonnes œuvres et ce qu’elles font, la confession poursuit avec la capacité des croyants d’accomplir de telles œuvres. Comment un être encore pécheur peut-il accomplir de bonnes œuvres?
(Par. 3) Leur capacité de faire des œuvres bonnes ne vient pas d’eux-mêmes, mais entièrement de l’Esprit de Christ. Pour en être rendus capables, il leur faut, en plus des grâces qu’ils ont déjà reçues, une influence effective du Saint-Esprit, opérant en eux le vouloir et le faire selon son bon plaisir.
Ce n’est pas à la simple volonté humaine qu’il faut attribuer la capacité de faire des œuvres bonnes. Nous avons déjà vu, au chapitre 9, que la volonté de l’homme est asservie au péché et que depuis la chute « l’homme a totalement perdu toute capacité de vouloir un quelconque bien spirituel en vue du salut » (9.3). La nature humaine déchue ne peut aucunement produire des œuvres bonnes.
Cependant, il y a un danger de se réfugier derrière la doctrine de la dépravation totale de l’homme pour prétexter l’inutilité de tout effort humain. Nos œuvres ne plaisent point à Dieu, pourquoi même s’efforcer? C’est contre un tel raisonnement que la confession nous met en garde en rappelant que si la nature humaine déchue ne peut pas pratiquer de bonnes œuvres, il en va autrement de la nature humaine régénérée. L’Écriture affirme à la fois notre incapacité propre et notre nouvelle capacité spirituelle :
4 Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne demeurez en moi. 5 Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. (Jn 15.4-5)
Dans le reste du passage, il est question de porter beaucoup de fruits afin que le Père soit glorifié, autrement dit de pratiquer des œuvres bonnes d’obéissance à Dieu. Jésus nous indique que cela est impossible sans lui, tout comme il est impossible au sarment de produire des raisins s’il est coupé de la vigne. Nous pourrions aussi dire, inversement, qu’il est impossible d’être uni au Christ sans porter du fruit.
Ainsi, les bonnes œuvres viennent de l’union et de la communion avec Christ. Elles sont produites par le Saint-Esprit dans le processus de sanctification qui a pour but de nous rendre semblables au Fils de Dieu (Rm 8.29). L’apôtre Paul affirme bien que par nous-mêmes nous ne pouvons rien, mais il n’en reste pas là puisque Dieu nous a donné une capacité nouvelle qui nous permet de le servir (2 Co 3.5). Ailleurs il déclare qu’il « travaille, en combattant avec sa force qui agit puissamment en moi » (Col 1.29).
Ce concept de « la force de Dieu en nous » est souvent mal compris par les chrétiens qui, craignant d’agir par leurs propres forces, n’entreprennent pas une bonne œuvre à moins d’être certains de l’accomplir par la force de Dieu. Le chrétien serait parfois mu par Dieu, parfois mu par lui-même et ainsi l’art de la vie chrétienne consisterait à apprendre à ne plus agir par nos propres forces, mais à dépendre entièrement de la force divine. Des chrétiens refusent parfois de pratiquer une bonne œuvre parce que Dieu ne les a pas poussés à le faire et s’y engager reviendrait à faire une œuvre par nos propres forces, c’est-à-dire une œuvre de la chair. La confession de foi réfute cette notion d’intermittence de l’œuvre de l’Esprit en nous qui sert plus à déguiser la paresse qu’à préserver les bonnes œuvres :
(Par. 3) Ils ne doivent néanmoins pas devenir négligents, comme s’ils n’étaient sous l’obligation de s’acquitter d’aucun devoir sans une impulsion spéciale de l’Esprit ; ils doivent au contraire s’appliquer à mettre en œuvre la grâce de Dieu qui est en eux.
L’impulsion de l’Esprit pour nous rendre capables de toute bonne œuvre est une capacité permanente de tous ceux qui ont été régénérés. Le vouloir et le faire selon le bon plaisir de Dieu (Ph 2.13) est la disposition fondamentale et définitive de tout enfant de Dieu. Ce n’est pas à dire qu’un chrétien n’a plus aucune difficulté pour obéir ou qu’il n’a jamais besoin d’un secours ponctuel du Seigneur pour agir en lui (Hé 13.21). Cependant, le commandement biblique d’obéir à Dieu et de pratiquer ce qui lui est agréable ne dépend pas d’une impulsion spéciale, mais de la régénération initiale.
Le chrétien n’est pas simplement quelqu’un qui s’efforce d’être une « bonne personne ». Il n’est pas non plus un homme ordinaire comme les autres sauf quand, momentanément, l’Esprit agit en lui. Le chrétien est une nouvelle créature (2 Co 5.17), il est esclave de la justice (Rm 6.18), il prend plaisir à la loi de Dieu dans son for intérieur (Rm 7.22), ayant connu l’amour de Dieu, il aime (1 Jn 4.7), il est parfaitement accompli pour toute bonne œuvre (2 Tm 3.17). Ainsi décrit, le chrétien semble atteindre les standards de perfection exigés par Dieu (Mt 5.48), à croire qu’avec un petit effort supplémentaire il pourrait même les dépasser. C’est bien ce qu’on crut de nombreux chrétiens dans l’histoire. C’est pourquoi la confession s’empresse ensuite de rappeler la limite de notre capacité.
(Par. 4) Ceux qui, par leur obéissance, s’élèvent le plus haut possible en cette vie, sont très loin d’être capables de faire des œuvres surérogatoires et d’accomplir plus que Dieu n’exige, puisqu’il s’en faut de beaucoup pour qu’ils fassent ce à quoi ils sont tenus par devoir.
L’obéissance évangélique, c’est-à-dire l’obéissance qui découle de l’Évangile, demeure imparfaite. S’il est vrai que l’on puisse atteindre la maturité chrétienne (1 Co 14.20, Col 4.12), il est absurde de croire que l’on puisse produire des œuvres surérogatoires qui iraient au-delà de notre devoir (Lc 17.10). Cette doctrine romaine de surérogation souffre à la fois d’une vision rétrécie de la justice de Dieu et d’une surévaluation des capacités de l’homme. De plus, si l’on peut faire plus ou mieux que ce que Dieu a révélé et exigé, cela implique qu’il y aurait un standard plus élevé que l’Écriture sainte. Ici se rencontrent deux impératifs chers aux chrétiens réformés : sola Scriptura et sola gratia.
L’Écriture seule nous révèle tout ce que nous devons connaitre au sujet de la volonté de Dieu et elle seule nous montre comment nous pouvons l’accomplir. Cette Écriture nous apprend que nos œuvres les meilleures sont insuffisantes et ne nous permettront jamais de nous passer de la grâce de Dieu. C’est par l’abondance de cette grâce que non seulement nous avons été pardonnés de nos mauvaises œuvres, mais aussi que nous produisons à présent de bonnes œuvres.
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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 1 novembre 2018 @ 6 h 00 min