Réponse: Tous les élus ne passent pas nécessairement par une expérience de conversion, mais tous les élus se repentent. ~ Actes 3.19
Dans l’Écriture sainte, la repentance et la conversion sont des concepts synonymes (Ac 3.19). Cependant, dans l’usage théologique populaire nous envisageons la conversion comme quelque chose de spécifique. La conversion est vue comme une expérience intense par laquelle un pécheur vient à Christ. Bien que l’on puisse, d’une certaine façon, envisager la conversion comme une expérience continuelle, elle est généralement vue comme une expérience ponctuelle qui marque le début de la vie chrétienne et qui se produit chez ceux qui ont vécu loin de Christ pendant un certain temps avant de venir à Lui. Le premier paragraphe décrit cette conversion.
(Par. 1) Quant aux élus convertis à un âge plus mûr, après avoir vécu un certain temps dans un état de corruption dans lequel ils étaient assujettis à divers passions et plaisirs : par Son appel efficace, Dieu leur donne une repentance qui mène à la vie.
L’ouverture abrupte du chapitre 15 s’explique par le contexte social duquel la confession de foi est issue. Dans l’Angleterre du 17e siècle, la population dans son ensemble était considérée comme chrétienne. L’Église d’Angleterre était composée de la multitude et les masses étaient baptisées dès la naissance. L’ecclésiologie congrégationaliste des baptistes rejetait ce modèle non biblique et affirmait une appropriation volontaire et consciente du salut en vue d’une membriété d’Église entièrement régénérée. L’ecclésiologie congrégationaliste était cependant accusée par certains de conversionnalisme (l’idée qu’il faudrait passer par une expérience particulière de conversion pour pouvoir être sauvé). La confession répond à cette accusation en indiquant que ce type de conversion n’est pas le fait de tous les élus, mais des élus convertis à un âge plus mûr et qui ont vécu un certain temps dans un état de corruption.
L’Écriture présente effectivement la conversion comme un passage du royaume de Satan à celui de Dieu (Ac 26.18 ; Ep 5.8 ; Col 1.13). Chez certains élus, cette conversion se produit ponctuellement et même de manière dramatique dans des circonstances bien marquées. Par exemple, Saul de Tarse, l’un des premiers grands adversaires de l’Église du Seigneur Jésus, fut radicalement converti sur le chemin de Damas lorsque Christ lui apparut et l’appela efficacement à la repentance (Ac 9.1-22). Saul, devenu Paul, envisageait que beaucoup d’autres hommes allaient vivre une conversion semblable à la sienne. Il écrit :
3 Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis à toute espèce de convoitises et de voluptés, vivant dans la méchanceté et dans l’envie, dignes d’être haïs, et nous haïssant les uns les autres. 4 Mais, lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes ont été manifestés, 5 il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit. (Tt 3.3-5)
Maintenant, est-ce que tous les élus doivent nécessairement passer par une telle conversion? Qu’en est-il des enfants qui grandissent dans un foyer chrétien dès leur naissance et qui sont instruits dans le Seigneur pendant leur enfance? Doivent-ils d’abord s’éloigner de Dieu afin de pouvoir vivre une conversion authentique? Est-il possible de vivre toute sa vie près du Seigneur sans s’en éloigner et sans passer par une expérience conversion du type avant/après? La réponse est, bien entendu, oui! Cependant cela ne signifie pas que l’on puisse venir au monde naturellement régénéré (Jn 3.6) ni que l’on puisse entrer dans le royaume des cieux sans repentance (Mt 4.17). Le prochain paragraphe de la confession vient éclairer cette question.
(Par. 2) Il n’y a personne qui fasse le bien et ne pèche point, et le meilleur des hommes peut, sous le pouvoir et la tromperie de la corruption qui les habitent, par l’impulsion de la tentation, tomber dans des péchés graves et scandaleux. Dans l’alliance de grâce, Dieu a miséricordieusement fait que des croyants qui pèchent ainsi et tombent soient renouvelés par la repentance en vue du salut.
L’idée est donc la suivante. Certains élus vivent une vie dans le péché avant leur conversion à Christ tandis que d’autres ne s’écarteront jamais des voies du Seigneur ; comme Timothée qui connaissait et gardait la Parole de Dieu depuis son enfance (2 Ti 3.14-15). Cependant, sans être passé par une expérience de conversion de type avant/après, Timothée arriva à la repentance puisqu’il fut régénéré par la Parole de Dieu. Ainsi, nous ne devons pas confondre repentance et conversion. Toute expérience authentique de conversion mène nécessairement à la repentance, mais tous ceux qui se repentent ne passent pas nécessairement par une expérience de conversion.
Ainsi, un enfant qui grandit dans un foyer chrétien et qui garde la Parole de Dieu ne devrait pas conclure qu’il est meilleur que les autres hommes, car s’il est vraiment chrétien il reconnaîtra sa condition pécheresse et s’en repentira. Le meilleur des hommes, même régénéré, transgresse les commandements divins (Ec 7.20). Mais ce qui caractérise les élus convertis est le renouvellement de la repentance (Lc 22.31-33).
Nous savons donc que nous sommes réellement convertis non pas sur la base d’une expérience que nous avons vécue, si intense soit-elle, mais si nous avons été conduits et si nous sommes reconduits à la repentance. Ce n’est pas premièrement notre degré de sainteté qui démontre que nous sommes chrétiens, mais l’authenticité de notre repentance puisque dans l’alliance de grâce nous ne sommes pas maintenus par nos œuvres, mais par la grâce de Dieu. Celle-ci est gratuitement donnée et sans cesse renouvelée envers les croyants qui se repentent en vue du salut.
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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 12 juillet 2018 @ 0 h 00 min
Excellent merci, cet article tombe à point pour étayer ma réflexion sur ce sujet. En tant que chrétiens, n’ayons pas peur de nous « reconvertir » régulièrement en prenant le temps de la repentance sincère. Ainsi nous ferons l’expérience d’une vraie croissance dépendante de la grâce de Dieu et non de nos œuvres.
Merci d’avoir pris le temps de m’écrire ce commentaire qui m’encourage!
Merci pour cet article qui a suscité (et suscite) chez moi une bonne réflexion. Le point de vue de Calvin est aussi très intéressant je pense: « La repentance, en résumé, se produit lorsque nous rentrons en nous-mêmes et que nous sommes convertis à Dieu, ou lorsque nous délaissons nos idées et notre volonté première, et que nous en avons une nouvelle. Selon mon jugement, nous pourrons définir correctement la repentance de la façon suivante : elle est une vraie conversion de notre vie pour suivre Dieu et la voie qu’il nous montre… »
(Jean Calvin ; Institution de la Religion Chrétienne, p. 534)
Merci pour la citation!