Réponse: Adam avait la capacité de ne pas pécher et la capacité de pécher ; par son obéissance il devait obtenir l’incapacité de pécher, mais par sa désobéissance il devint incapable de ne pas pécher. ~ Ecclésiaste 7.29
Lors d’un de ses plaidoyers, Job pose une excellente question (Jb 14.4) : « Comment d’un être souillé sortira-t-il un homme pur? Il n’en peut sortir aucun. » Inversons maintenant cette question pour le bien de notre présente réflexion : Comment d’un être pur sortira-t-il un homme souillé? Il en est pourtant sorti un! La constitution d’Adam était-elle déficiente pour qu’il puisse être séduit par le péché? La possibilité de pécher serait-elle demeurée ad vitam aeternam avec les hommes si le premier homme n’avait pas lui-même péché? Le deuxième paragraphe sur la doctrine du libre arbitre a pour but de répondre à ces questions :
(Par. 2) Dans son état d’innocence, l’homme avait la liberté et le pouvoir de vouloir et de faire ce qui est bon et agréable à Dieu ; il était cependant muable et pouvait donc en déchoir.
La doctrine qui est présentée ici repose sur ce qui a déjà été vu aux chapitres 4 et 6 concernant l’homme dans son état d’innocence et la chute qui s’ensuivit. Avant de pouvoir répondre à la première question ― comment Adam a-t-il pu pécher ― et aux questions sous-jacentes, il nous faut premièrement définir ce qu’est la liberté. La conception populaire de la liberté est généralement réduite à un simple choix entre des options. Être libre c’est pouvoir faire le bien ou faire le mal. Cette définition est incomplète puisque la liberté inclut, mais ne se réduit pas uniquement à choisir ce que l’on veut. Deuxièmement, cette définition est erronée, puisque Dieu est libre et fait ce qu’il veut (Ps 115.3 ; Dn 4.35), pourtant il ne peut pas faire le mal ni être tenté par le mal (Ha 1.13 ; 2 Tm 2.13 ; Jc 1.13 ; 1 Jn 1.5).
La liberté parfaite consiste à ne pouvoir faire volontairement que le bien ; être complètement affranchi du mal, du mensonge, du péché et de la mort. C’est cette liberté qui est promise par Jésus à ceux qui croient en lui :
31 Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; 32 vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. 33 Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ; comment dis-tu : Vous deviendrez libres? 34 En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché. 35 Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; le fils y demeure toujours. 36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. (Jn 8.31-36)
La liberté que Jésus promet n’est pas la simple capacité de choisir entre le bien et le mal, mais l’affranchissement du mal. La liberté promise est celle que possèdent Dieu, les anges élus et que le Fils seul peut donner : une capacité à ne choisir que le bien et un cœur qui aime Dieu parfaitement et sans partage. Voilà ce que signifie être réellement libre!
Adam avait-il une telle liberté? S’il l’avait eue, il n’aurait pas pu déchoir. Cependant, cela ne signifie pas que le premier homme fut créé avec une déficience ou une insuffisance volitive ou morale. Les théologiens réformés ont entériné dans cette confession de foi le point de vue classique concernant les capacités d’Adam. Celui-ci possédait la capacité de ne pas désobéir (posse non peccare) et la capacité de désobéir (posse peccare), mais il ne possédait pas encore l’incapacité de pécher (non posse peccare). Autrement dit, Adam était peccable, il avait la possibilité de pécher ou de ne pas pécher, mais il n’était pas impeccable, c’est-à-dire incapable de pécher, mais il n’était pas encore pécheur, c’est-à-dire incapable de ne pas pécher.
La chute était possible pour Adam en raison de la mutabilité de son état pendant la période de probation. Nous avons vu à la question 31 que l’homme fut créé avec un objectif eschatologique : atteindre la vie éternelle par son obéissance. Cette vie éternelle aurait consisté, entre autres choses, en un état d’incorruptibilité ― non posse peccare ― (1 Co 15.54 ; 1 Jn 3.9). Alors qu’il était dans un état d’innocence, l’homme devait accomplir l’alliance des œuvres et, grâce à son obéissance, sa mutabilité aurait fait place à l’impeccabilité.
La condition initiale d’Adam n’était pas prévue par Dieu pour demeurer de manière permanente. Adam, avant de goûter au fruit de la connaissance du bien et du mal, était dans un état d’innocence et d’enfance spirituelle. Il devait grandir par la voie de l’obéissance, mais il a choisi de grandir par la voie de la désobéissance. Adam aurait pu devenir impeccable et toute sa postérité après lui aurait été non posse peccare. Adam s’est corrompu et toute sa postérité avec lui devinrent non posse non peccare, c’est-à-dire incapable de ne pas pécher. La mutabilité du premier homme était une condition temporaire qui devait déterminer son futur pour le meilleur ou pour le pire.
Résumons donc l’explication de la chute à la lumière des données que nous possédons. Dieu a décrété la chute afin de manifester par elle sa gloire (Rm 9.22-23). Cependant, ce décret n’a pas annulé la liberté d’Adam ni la réalité des alternatives qui se présentaient à lui à l’issue de l’alliance des œuvres en Éden, car Dieu fit de l’homme le maître temporel de sa volonté (Ec 7.29). La parfaite harmonie entre ce décret et cette liberté échappe à la raison humaine (Rm 11.33). Au niveau concret cependant, Adam a pu pécher malgré sa perfection, car son état d’innocence était muable : il pouvait déchoir ou être définitivement confirmé dans la justice (Gn 2.8-17 ; Dt 30.19). Entraîné par sa femme, elle-même séduite par le serpent, Adam choisit la mort (Rm 5.12, 17-19). L’homme a non seulement perdu sa justice originelle, mais également sa capacité de ne pas pécher (posse non peccare), il devint dès ce moment asservi à la puissance du péché (non posse non peccare) et depuis il demeure incapable d’obéir à Dieu (Ec 7.20 ; Rm 8.7).
Le prochain paragraphe présente l’état du libre arbitre dans un être incapable de ne pas pécher. C’est ici que nous retrouvons la doctrine de la dépravation totale ou encore de l’incapacité radicale de l’homme non seulement pour obéir à la Loi de Dieu, mais même pour revenir à lui dans la repentance et la foi.
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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 14 décembre 2016 @ 20 h 26 min
« Dieu ne peut pas faire le Mal » Qu’est ce que le Mal ?
Le contraire de Dieu 🙂 L’Écriture définit ainsi le péché: « Quiconque pèche transgresse la loi, et le péché est la transgression de la loi. » (1 Jn 3.4)
Dieu ne peut pas se renier lui-même (2 Tm 2.13)
Merci beaucoup pour ces études. Que Dieu vous bénisse abondamment.
Merci! Qu’Il vous bénisse également!
Question : J’ai vu sur youtube une video sur Einstein qui disait que Le froid n’existe pas. Seule la chaleur existe car c’est une source d’énergie. Donc en analogie avec le Bien et le Mal. Seul le Bien existe. Et le Mal est l’absence du Bien.
Qu’en pensez-vous ? si c’est vrai, comment la Bible en parle si elle en parle…?
Merci
Ce n’est pas complètement faux, cependant le mal ne s’explique pas par une simple absence de bien (il est trop présent pour qqch. d’absent)…
Cependant le mal n’a pas une essence propre, il n’est pas créé, mais il n’a d’essence que pour détruire et pervertir le bien créé par Dieu.
Mais alors d’où vient le Mal? Dieu est Parfait. Tout ce qu’il fait est bon. Comment le diable a t’il pu choisir le Mal? Cest une question que je me suis posée et qu’on m’a posé. Ma réponse était le Mal n’existait pas mais l éloignement au Bien provoque le Mal. S’éloigner du Bien qui existe s’appelle Mal. Comme le froid est défini par l absence de la chaleur. Le froid « existe » car la source de chaleur est absente ou éloignée.
Le mal, pour être injustifiable, doit aussi être inexplicable; comme le dit Henri Blocher: un mystère opaque. Ce n’est pas simplement que nous ne comprenons pas, c’est qu’il n’a pas le droit d’être et par conséquent, même si nous comprenons que Dieu l’utilise pour sa gloire, nous ne comprenons pas comment il a pu commencer à exister. Cependant, si des créatures bonnes ont pu aller vers le mal, cela s’explique par leur muabilité…
Discussions Facebook sur cet article:
1) https://www.facebook.com/groups/transmettre/permalink/1294930443899613/
2) https://www.facebook.com/pascal.denault/posts/10154936576378013
Je n’ai pas de compte Facebook. Mamy fait de la résistance ?
Il est bien de cité 1 Jean 3:4, que le péché est la transgression de la loi, mais il nous faut aussi saisir pour le comprendre que Jésus se référa ainsi que les disciples au décalogue d’Exode 20 …
De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. Matthieu 22:40
En aucun temps jésus mentionna que les deux commandements remplaceraient les autres, mais nous conduirais à mieux comprendre et dépendre des autres commandements écrits de la main divine.
Comme nous avons encore beaucoup à comprendre de la simplicité des écritures malgré nos connaissances en la matière.
En Christ
Bonjour Pascal,
je vous remercie pour tous ces enseignements édifiants !
Concernant le péché, ne peut-on pas dire, comme nous l’apprend Genèse 3, qu’il s’agit d’une affaire de relations ? Et qu’il s’agit d’une « dynamique » où l’éloignement avec Dieu casse ce qui nous relie aux autres, et d’une « rupture » ?
Vu que pécher, étymologiquement(en hébreu comme en grec), signifie « manquer le but », soit « être à côté de la plaque » et « passer à côté » du cadre de l’alliance de Dieu avec l’homme, en violant celle-ci. Sans ce cadre, la liberté devient une liberté de tous les désirs et le résultat est la dispersion. Le péché est donc « une cassure », une « trahison » (analogue à celle d’un des deux conjoints, dans un couple). Et le péché est toujours « contre Dieu »(d’abord) et « contre les hommes »(cf la confession du fils prodigue en Luc).
D’autre part, en Gen.4, v7, le péché est décrit comme un fauve « tapis à notre porte », qui n’attend que le bon moment pour nous sauter dessus, nous dominer et nous détruire, si nous lui ouvrons la porte. On relèvera, dans ce passage, que Dieu ne dit pas que Caïn est « bestial » ou que son comportement est « animal », mais qu’Il distingue bien Caïn du péché(extérieur à lui) cf Rom.7v17. S’Il invite Caïn à « dominer » sur le péché, c’est que cela lui est possible ?
Notons encore que c’est Dieu qui prend l’initiative du dialogue avec Caïn, au moment où il n’a pas encore commis l’irréparable, et même après avoir commis son meurtre : Dieu « ouvre la porte » à la possibilité d’une relation restaurée, condition nécessaire pour vaincre le péché.
Bien à vous et bien fraternellement,
Pep’s
PS : autre question : il semble que Dieu souhaite au départ créer l’humain « à son image » et « selon sa ressemblance ». Cependant, il s’avère que l’homme n’est créé « qu’à l’image de Dieu », et non « à sa ressemblance ». (Gen.1v27). Les deux termes ne sont pas synonymes ? Et il manque donc quelque chose pour qu’à l’image s’ajoute la ressemblance ? (cf 1 Cor.15v45-49)
Il faut effectivement distinguer le péché de la nature humaine, cependant lorsque l’homme pèche ce n’est jamais sans sa volonté (même si celle-ci peut être impliquée à des degrés différents). Cf. l’étude #48 sur cette question.
C’est une des question les plus difficile à traiter. Dieu a créer l’homme, sachant qu’il allait péché et donc mourrir; c’est pour cela qu’il a crée Eve. Dans ces conditions la liberté est une notion fallacieuse . Il l’a créé en sachant que Lucifer s’était déjà revolté. L’homme n’avait aucune chance contre Lucifer !