Réponse: Oui, Dieu a donné à l’homme une volonté qui s’exerce librement sans être déterminée par quoi que ce soit d’autre parmi les choses créées. ~ Deutéronome 30.19
Il existe une idée reçue voulant que le calvinisme exclue le libre arbitre de l’homme. Cette fausse conception est même défendue par certains chrétiens calvinistes qui pensent peut-être que la souveraineté de Dieu, la dépravation totale de l’homme et la grâce irrésistible excluent nécessairement le libre arbitre de l’homme. Ce n’est pas la conception que nous retrouvons dans la confession de foi.
(Par. 1) Dieu a doté la volonté de l’homme d’une liberté naturelle et d’une capacité d’agir par choix, qui n’est ni contrainte, ni déterminée par une quelconque nécessité de la nature, au bien ou au mal.
Le chapitre 9 fonctionne un peu comme la table des matières des doctrines concernant l’homme et de ses différents états suivant le triple motif : création, chute, rédemption. Le paragraphe 1 définit la liberté naturelle de l’homme. Les quatre paragraphes suivants présentent cette liberté à différents stades de l’existence de l’homme : l’état d’innocence (par. 2), l’état de péché (par. 3), l’état de grâce (par. 4) et l’état de gloire (par. 5). Ces quatre états par lesquels l’homme passe sont présentés en détail aux chapitres 4, 6, 9-20.
Dès que l’on parle de libre arbitre ou, dans le langage de la confession, de « liberté naturelle », il faut répondre à la question : libre de quoi? Le mot arbitre vient du latin arbitrium qui signifie choix, décision, jugement. De quoi la volonté est-elle libre ou par quoi n’est-elle pas déterminée? Réponse : elle « n’est ni contrainte, ni déterminée par une quelconque nécessité de la nature, au bien ou au mal ». L’Écriture, tout en enseignant le déterminisme divin, rejette le fatalisme. Examinons cette assertion d’un peu plus près.
Beaucoup de philosophes modernes croient au déterminisme naturel, rejettent le libre arbitre et affirment que la volonté humaine est déterminée par des causes matérielles, environnementales et même chimiques. Ce béhaviorisme évacue complètement la responsabilité humaine réduisant le caractère de l’homme à l’état de son cerveau et faisant du libre arbitre, une simple impression subjective. Plusieurs croyances religieuses et philosophies païennes partagent une conception similaire de la réalité où la liberté est emprisonnée dans le destin et où la volonté est captive du fatalisme. Ce sont précisément ces notions qui sont niées par le premier paragraphe. L’Écriture enseigne que « Dieu a doté la volonté de l’homme d’une liberté naturelle et d’une capacité d’agir par choix ».
Nous ne nions pas qu’il existe des facteurs extérieurs à la volonté humaine qui influencent celle-ci dans ses choix, cependant ces influences n’annulent pas la liberté et ne déterminent pas la volonté, car en soi elle est libre. L’homme exerce réellement sa volonté, car Dieu lui a donné le pouvoir de vouloir et de choisir librement. L’homme peut faire ce qu’il veut, plus encore : l’homme fait ce qu’il veut ; même lorsqu’il ne veut pas faire ce qu’il fait (Rm 7.15-16). Une influence quelconque sur la volonté n’annule aucunement la responsabilité de celle-ci (Hé 12.4) et la captivité de l’homme à la corruption n’exclut pas la volonté dans le processus du péché (Jc 1.13-15).
Le libre arbitre est la base morale de la responsabilité humaine. Sans une volonté libre, l’homme ne peut pas être moralement imputable. C’est ainsi que Dieu envisage l’être humain vis-à-vis de sa Loi : un être doté de la capacité spirituelle de choisir le bien ou le mal :
J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité. (Dt 30.19)
Nous verrons de quelle façon le paragraphe 3 concilie le libre arbitre avec la dépravation totale de l’homme, mais notons pour l’instant qu’aucun facteur atténuant ne peut anéantir la responsabilité de l’homme. Celle-ci peut varier d’une personne à l’autre (Lc 12.47-48), cependant aucun ne possède l’impunité devant Dieu (Rm 1.20, 3.19). C’est sur cette base que l’Éternel déclare (Ez 18.20) : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. » Tout le système judiciaire en Occident fut fondé sur cette notion de la responsabilité morale de l’homme qui nécessite « une liberté naturelle et une capacité d’agir par choix ».
Mais l’Écriture n’enseigne-t-elle pas le déterminisme divin? N’avons-nous pas vu, au chapitre 3, que « de toute éternité, selon le conseil très sage et très saint de sa volonté, Dieu a décrété en lui même, librement et immuablement, tout ce qui arrive », incluant les décisions de l’homme? Comment donc celles-ci peuvent-elles être libres? Et pourquoi Dieu tient-il qui que ce soit responsable, « car qui est-ce qui résiste à sa volonté » (Rm 9.19)?
Le déterminisme divin que nous confessons est radicalement différent du déterminisme de la nature cru par les philosophes. Car le décret de Dieu se produit « sans faire violence à la volonté de sa créature, et sans que la liberté, la contingence ou les causes secondes soient exclues mais qu’elles soient plutôt établies » (1689, 3.1). Toutes choses se produisent suivant la cause première qui est la volonté de Dieu, cependant « Dieu leur ordonne de se produire selon la nature des causes secondes, que ce soit nécessairement, librement ou de façon contingente » (1689, 5.2). Ainsi, seul le déterminisme divin est compatible avec la liberté de la nature et la responsabilité de l’homme. Ce compatibilisme appartient à l’incompréhensibilité divine (Rm 11.33) et fournit le fondement existentiel nécessaire pour l’exercice d’un vrai libre arbitre : l’homme exerce librement sa volonté parce que Dieu l’a décrété ainsi! Le libre arbitre n’est pas une illusion subjective, mais une réalité objective faisant de l’homme une créature morale, libre et responsable. Chacun rendra donc compte à Dieu pour lui-même (Rm 14.12).
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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 7 décembre 2016 @ 21 h 15 min
Le déterminisme divin que nous confessons est radicalement différent du déterminisme de la nature cru par les philosophes. Car le décret de Dieu se produit « sans faire violence à la volonté de sa créature, et sans que la liberté, la contingence ou les causes secondes soient exclues mais qu’elles soient plutôt établies » (1689, 3.1). Toutes choses se produisent suivant la cause première qui est la volonté de Dieu, cependant « Dieu leur ordonne de se produire selon la nature des causes secondes, que ce soit nécessairement, librement ou de façon contingente » (1689,
Bonjour
Pouvez-vous expliquer avec des exemples ce déterminisme divin » Car le décret de Dieu se produit « sans faire violence à la volonté de sa créature, et sans que la liberté… »
Merci
Christian
Par exemple Ac 2.23 ou encore l’exemple de Pharaon cité en Romains 9.17-21
Pascal, c’est compliqué ton explication. C’est de la haute philosophie. Pour ma part je crois que la Bible est plus simple. Elle enseigne la souveraineté de Dieu ainsi que la responsabilité de l’homme. Inutile de chercher à réconcilier ces deux antinomies par la philo. L’approche biblique consiste à croire autant à la souveraineté de Dieu dans l’élection qu’à la responsabilité de l’homme. Ainsi seulement peut on , à mon humble avis, conserver l’équilibre biblique entre ces doctrines. Oui les voies de Dieu sont impénétrables . Alors pourquoi vouloir les pénètrer? Il nous suffit de croire. Cependant il est certain que le libre arbitre de l’homme lui sert surtout à rejeter Dieu. C’est donc Dieu qui, dans sa Grâce, vient changer notre volonté. L’exemple de Paul en est un témoignage vivant. Le matin son libre arbitre lui disait de persécuter le Christ et à midi Il tombait de son cheval terrassé par la volonté de Dieu qui l’avait mis à part dès le sein de sa mère pour porter l’Evangile aux paiens. Dis moi si c’est un peu comme cela que nous devons approcher ce grand mystère? Merci et bonnes fêtes de fin d’année aux frères et soeurs de Saint Jérome.
Cher frère, je ne crois pas qu’il soit nécessaire pour chaque croyant individuellement d’aller en profondeur dans l’étude de ces questions difficiles, mais cela ne signifie pas qu’aucun croyant ne doit s’y pencher ni que la terminologie philosophique soit inappropriée pour en parler. Il faut être prudent pour ne pas aller au-delà de ce que l’Écriture enseigne et il faut maintenir ces deux éléments que vous rappelez: souveraineté divine et responsabilité humaine. Maintenant, il est légitime d’établir quelques balises pour démontrer la relation entre ces deux éléments.
Merci pour les voeux; nous nous souvenons de vous dans nos prières pour les saints de Saint-Pierre-et-Miquelon!
Ce compatibilisme appartient à l’incompréhensibilité divine (Rm 11.33) et fournit le fondement existentiel nécessaire pour l’exercice d’un vrai libre arbitre : l’homme exerce librement sa volonté parce que Dieu l’a décrété ainsi!
En parlant d’incompréhensivité divine, êtes-vous en train de déclarer que c’est un mystère?
Une confusion totale pour la logique humaine?
Le libre arbitre est un concept qui n’est pas toujours clair autant pour les chrétiens et les païens.
Est-ce que le déterminisme divin est biblique?
Y’a t-til seulement dans l’épître aux Romains qu’on retrouve le déterminisme divin?
Merci
Soyez béni, pasteur.
Par « mystère » j’entends une harmonie suprarationnelle entre deux propositions inconciliables pour la raison humaine (décret vs. liberté), mais toutes les deux vraies. On retrouve le déterminisme divin partout dans l’Écriture sainte, mais de manière plus claire dans l’Épître aux Romains. Je vous suggère cette discussion avec Guillaume Bignon: Excuser le pécheur pour blâmer Dieu – Une conversation sur le déterminisme divin avec Guillaume Bignon – PE #41
Confronté au MAL, Dieu a fait une pirouette et déclaré le Mal fait nécessaire pour prouver la liberté de l’homme. Une deuxieme pirouette a été de faire retomber l’iniquité d’Adam sur ses descendants.Pourquoi serais je responsable de la stupidité d’Adam ? Pourquoi Adam a t il été crée stupide en premier lieu ?
Il est vrai qu’à première vue la représentation fédérale paraît injuste, mais n’ayez crainte: les hommes seront condamnés sur la base de leurs propres péchés en plus d’avoir la faute d’Adam imputée (Rm 5.12). Du reste, réjouissons-nous de la représentation fédérale et de l’imputation de l’obéissance/désobéissance du représentant aux fédérés, car c’est par la justice de Christ que nous sommes trouvés justes devant Dieu si nous croyons en son Fils (Rm 5.18-19)
« l’homme exerce librement sa volonté parce que Dieu l’a décrété ainsi ! » Je crois que cette phrase résume assez bien le principe de la tension intellectuelle qui existe entre le libre-arbitre et la prédestination. Depuis le jardin d’Éden, le Créateur fait la démonstration que l’homme qu’Il a créé est placé devant des choix qui font de lui autre chose qu’un robot programmé. Ce principe sera rappelé à la fin du désert dans Deutéronome 30, ou l’homme est encore placé clairement devant un choix qui en fait un être responsable.
N’oublions pas cependant que cette responsabilisation, voulue par Dieu, place l’homme incrédule devant sa culpabilité, puisqu’il demeure incapable par lui-même d’entrer dans sa destinée qui consiste à aimer. L’apôtre Paul dans Romains 7 développe très bien cette prise de conscience devant la loi de notre désir de faire le bien, mais également de notre incapacité à y arriver par nos propres moyens. Il faut une mise à mort de notre « corps de mort » et une résurrection avec Christ pour parvenir à entrer enfin dans le projet d’amour que Dieu a préparé pour nous.
C’est toute la démarche de « l’obéissance de la foi » qui n’est pas l’obéissance à un ordre « formel et militaire », mais qui consiste à entrer par la foi dans le projet que Dieu a annoncé.
Car dans ses commandements, Dieu ne parle pas à l’impératif, mais au futur. En effet, il n’est pas dit : « tu dois aimer » (impératif), mais : « tu aimeras » (futur). Celui qui a pris conscience de son incapacité à obéir à des ordres impératifs qui viendraient de Dieu, découvrira en Christ qu’il lui est alors possible de progresser par la foi dans des « œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance pour que nous marchions en elles » (Éphésiens 2 ; 10.) Il ne s’agit plus alors d’un ordre extérieur qui viendrait nous contraindre et nous culpabiliser, mais d’une loi gravée dans notre coeur qui anime nos pensées et nos actes et les oriente dans la bonne direction.
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Bonsoir, est-ce que ça pourrait être un peu simple svp. Car je m’y pers malheureusement. Je n’ai pas l’habitude de ne pas comprendre, mais j’aimerais que ça soit plus simple votre explication. Pourtant j’y suis habitué d’avoir écouté très souvent les sermons doctrinale du Pasteur Raymond Perron. Merci.