Réponse: Chacune des deux natures du Christ communique ce qui lui est propre sans qu’il n’y ait de confusion ou de division entre elles puisqu’elles sont unies en un seul Christ Dieu-homme. ~ Jean 3.13 ; Actes 20.28
Jésus est la seule personne qui puisse exercer parfaitement la médiation entre Dieu et les hommes, non seulement parce qu’il n’y a aucun autre médiateur, mais parce qu’il ne pourrait y en avoir aucun autre (Ac 4.12 ; 1 Tm 2.5). C’est en vertu de ses deux natures qu’il est le parfait Médiateur. Sans l’union hypostatique du Christ, il n’y aurait pas de médiation possible entre Dieu et les hommes. Le paragraphe 3 commence en déclarant que par ses deux natures la personne du Fils est l’unique Médiateur, puis il poursuit en décrivant ce parfait Médiateur.
(Par. 3) Le Seigneur Jésus, en sa nature humaine ainsi unie à sa nature divine en la personne du Fils, a été sanctifié et oint du Saint-Esprit au-delà de toute mesure. Il possède en lui-même tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. Il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude, afin qu’étant saint, innocent, immaculé et plein de grâce et de vérité il puisse être parfaitement équipé pour accomplir l’office de Médiateur et en être le garant. Cet office, Jésus ne se l’est pas arrogé, mais c’est son Père qui l’y a appelé et qui a aussi mis entre ses mains tout pouvoir et tout jugement et lui a donné l’ordre de le mener à bien.
Il est crucial de toujours distinguer les deux natures du Christ sans jamais les séparer. Il s’agit de la seule façon d’expliquer plusieurs passages bibliques. Par exemple, comment Jésus a-t-il pu souffrir et être tenté (Hé 2.18) ou avoir faim et soif (Mt 21.18 ; Jn 19.28) ou encore ignorer et apprendre quelque chose (Mt 24.36)? Dieu ne peut ni souffrir ni être tenté (Jb 35.6-8), il n’a aucun besoin (Ac 17.25) et il sait tout (Hé 4.13)? Le Christ feignait-il d’être tenté ou d’ignorer ou Dieu a-t-il réellement souffert et appris quelque chose qu’il ignorait?
Certains ont utilisé ces exemples pour prouver que le Fils n’est pas pleinement Dieu ou qu’il est d’une divinité inférieure au Père… D’autres ont expliqué ces difficultés en disant que pendant l’incarnation le Fils ne jouissait pas pleinement de ses attributs divins ou qu’ils furent en quelque sorte modifiés par la nature humaine. Cette deuxième erreur est beaucoup plus commune parmi les chrétiens, mais elle ne correspond pas à l’orthodoxie chrétienne historique. En effet, affirmer que le Fils a eu pour un temps une divinité sans tous ses attributs c’est faire de la divinité quelque chose dont on peut enlever des parties alors qu’il n’y a rien en Dieu qui ne soit pas Dieu. Il est impossible que Dieu cesse momentanément d’être omniscient ou omniprésent puisqu’il ne possède pas ses attributs comme des additions à sa personne, mais il est ses attributs. Tout ce que Dieu est est l’essence de Dieu (Ex 3.14), rien ne peut lui être enlevé qui ne soit lui-même et il ne peut cesser d’être lui-même (1 Tm 1.17).
Alors, comment peut-on affirmer que le Fils, sans jamais rien perdre de sa divinité, a néanmoins appris, a souffert et est mort? La réponse à cette question est la comunicatio idiomatum des deux natures du Christ. Le paragraphe 7 décrit magnifiquement ce profond mystère :
(Par. 7) Dans son œuvre de médiation, Christ a agi selon ses deux natures, faisant par chacune d’elles ce qui lui est propre. Cependant, en raison de l’unité de la personne, ce qui revient en propre à une nature, est parfois attribué par l’Écriture à la personne dénommée par l’autre nature.
Nous ne pouvons absolument pas saisir à quoi ressemble la réalité d’une personne qui possède simultanément deux natures sans confusion. Tout ce qui est vrai de la nature humaine doit être affirmée et maintenu à propos de Christ en même temps que tout ce qui est vrai de la nature divine. Ceci implique que dans la même personne il y a deux connaissances : l’omniscience et la connaissance apprise. Sa connaissance humaine ne savait pas tout ce que sa connaissance divine savait. D’un côté le Fils ignorait (Mt 24.36), tout en sachant tout (Jn 21.17). Il n’y a pas de contradiction, mais une union hypostatique entre la nature humaine et divine. Le Fils était présent dans un corps soumis à la finitude et aux lois naturelles (Ga 4.4) tout en étant omniprésent avec une conscience infinie et soumettant la nature à son pouvoir (Mt 8.25-27 ; Jn 1.48-50). De plus, sa nature divine, avec l’onction du Saint-Esprit sur sa nature humaine, soutenait, instruisait et agissait dans sa nature humaine (Lc 4.1 ; 10.21 ; Jn 15.15).
En Jésus il y a donc deux natures qui ont chacune leurs propres connaissance, conscience, capacité et volonté ; mais il n’y a qu’une seule personne. Il n’y a pas un mélange entre la nature humaine et divine pour former une troisième nature divine et humaine (monophysisme). Il n’y a pas une séparation entre la nature humaine de sorte qu’il y aurait une personne humaine et une personne divine dans le Christ (sabellianisme). Il y a deux natures distinctes et unies en une seule personne (unio personalis). Chacune de ces natures communique ses « idiomes » (ce qui lui est propre) à l’unique personne qu’est le Christ ; c’est ce que nous appelons la communicatio idiomatum. La confession exprime ceci en disant : « Christ a agi selon ses deux natures, faisant par chacune d’elles ce qui lui est propre. »
La confession apporte immédiatement une précision concernant la façon d’envisager la communicatio idiomatum. « Cependant, en raison de l’unité de la personne, ce qui revient en propre à une nature, est parfois attribué par l’Écriture à la personne dénommée par l’autre nature. » Par exemple, l’Écriture attribue du sang à Dieu (Ac 20.28). Le sang en question appartenait en propre à la nature humaine du Christ puisque la nature divine est incorporelle. Mais comme la personne du Christ est Dieu, nous pouvons parler du « sang de Dieu ». Inversement, l’Écriture parle de la nature humaine du Christ comme si elle était descendue du ciel (Jn 3.13), mais puisque la personne divine qui est descendue du ciel est un homme, nous pouvons parler de Celui qui est venu comme étant le « Fils de l’homme qui est dans le ciel ».
Ces distinctions sont de la plus haute importance, surtout lorsqu’on considère l’événement central de la médiation du Christ : la croix. La personne du Christ est morte en croix, mais il est impossible que la nature divine ait souffert et soit morte. L’Écriture déclare que c’est spécifiquement la nature humaine du Christ qui est morte sous la colère de Dieu : « ayant été mis à mort dans à la chair » (1 P 3.18 ; 4.1). C’est l’homme qui devait être puni et non Dieu, mais c’est Dieu qui a pris le châtiment en devenant homme (Hé 2.10-18).
La distinction entre les deux natures de Jésus fut appliquée spécifiquement dans le Symbole de Chalcédoine de 451 afin d’affirmer l’impassibilité et l’immortalité divines tout en maintenant la souffrance et la mort de la personne du Christ :
[Le concile] s’oppose en effet à ceux qui tentent de diviser le mystère de l’économie en une dualité de fils ; il repousse loin de l’assemblée des prêtres ceux qui osent dire passible la divinité du Fils unique ; il s’élève contre ceux qui imaginent, à propos des deux natures du Christ, un mélange ou une confusion ; il chasse ceux qui disent dans leur délire que la forme d’esclave que le Christ a reçue pour lui de nous est céleste ou de quelque autre substance ; et il anathémise ceux qui inventent la fable de deux natures du Seigneur avant l’union, mais n’en imaginent plus qu’une seule après l’union.
Le Christ a souffert et est mort à la croix sans que Dieu ne soit maudit, sans qu’il ne devienne passible et mortel et sans que la périchorèse de la Trinité ne soit brisée. C’est le Christ homme qui a souffert et qui est mort à notre place (1 Tm 2.5), car « Dieu a condamné le péché dans la chair » (Rm 8.3). Le péché est entré dans le monde par un homme et c’est aussi par un homme qu’il fut expié (Rm 5.12 ; 1 Co 15.21). Il est vrai que Dieu est allé à la croix pour réconcilier le monde avec lui-même, mais cela fut dans la personne du Christ (2 Co 5.19). Ce ne fut pas la nature divine qui fut maudite et il est erroné d’imaginer que Dieu ait pu mourir (1 Tm 1.17).
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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 5 octobre 2016 @ 20 h 55 min
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Pourquoi présentez -vous l’impossibilité de Dieu de cesser d’être omniscient/omniprésent comme un fait alors que cela ne m’apparaît être qu’une interprétation, probable certes, mais tout de même une interprétation. Il n’y a rien de mauvais je crois à interpréter, pour autant qu’on l’explique comme telle, une interprétation, plutôt que de passer cela sous silence, ce qui suggère des faits.
En effet, étant donné que Dieu est capable de tout, pourquoi ne pourrait-il pas cesser d’être omniscient ou omniprésent s’il le souhaitait? Je perçois mal comment cela pourrait être autre chose qu’une interprétation, même si cette interprétation est partagée par différents théologiens.
il appert que la seule certitude est qu’il soit écrit que Dieu est omniscient/omniprésent.
Bonjour Manon,
Merci pour votre commentaire/question. En fait mon affirmation repose sur ce que j’ai déjà présenté concernant Dieu et ses attributs (il s’agit d’une série d’articles). Dans des articles précédents nous avons vu que l’immuabilité divine implique l’impossibilité de changement dans la nature de Dieu et sa connaissance.
Concernant l’omnipotence de Dieu, elle n’implique pas qu’il puisse faire des choses contraires à sa nature, comme pécher ou mourir, ou cesser d’être ce qu’il est. Consultez cet article: http://leboncombat.fr/dieu-peut-il-vraiment-tout/
Concernant mes autres articles, vous pouvez consulter:
1. Qu’est-ce que l’impassibilité de Dieu?
2. Qu’est-ce que la simplicité de Dieu?
3. Qu’est-ce que l’infinitude et l’éternité de Dieu?
N’hésitez pas si vous avec d’autres questions! Que Dieu vous bénisse 🙂