Réponse: Dieu est éternellement Père et Fils, l’engendrement du Fils n’est pas un acte temporel, mais un état éternel faisant du Fils l’égal du Père. ~ Jean 1.1, 14, 18
Après avoir introduit la médiation du Christ dans le contexte de l’alliance éternelle de rédemption au paragraphe 1, la confession poursuit en présentant la personne éternelle du Médiateur. Qui est Jésus-Christ? Il est une personne absolument unique ; le seul qui pouvait être Médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tm 2.5). La formulation employée par la confession de foi pour présenter le Christ provient directement des conciles œcuméniques des 4e et 5e siècles. Ces conciles, nous le verrons, furent en réponse à d’importantes erreurs théologiques concernant la personne du Christ. Commençons par examiner le fondement de la christologie : la divinité du Seigneur Jésus.
(Par. 2) Le Fils de Dieu, deuxième personne de la Sainte Trinité, étant vrai Dieu éternel, le rayonnement de la gloire du Père, de même substance et égal à celui qui a fait le monde, qui soutient et gouverne tout ce qu’il a fait, a, quand les temps furent accomplis, assumé la nature humaine avec toutes ses caractéristiques essentielles et les faiblesses communes, mais, cependant, sans le péché.
La première affirmation de notre christologie est la filiation divine : le Fils de Dieu. Il existe une conception erronée de la filiation divine qui l’identifie avec la filiation humaine plutôt que d’y voir un langage analogique. Cette fausse conception comporte une idée d’infériorité (le Fils serait inférieur au Père), elle comporte aussi une idée de création (le Fils serait une essence distincte de Dieu, créée par lui). La filiation divine que l’on retrouve dans la Bible et dans l’histoire de l’Église est bien différente ; elle n’admet aucune infériorité du Fils par rapport au Père ni de séparation entre le Fils et Dieu.
Par exemple, lorsque Jésus déclara être le Fils de Dieu et ne faire qu’un seul Dieu avec le Père (Jn 10.30), les juifs comprirent qu’il se déclarait Dieu et ils cherchèrent à le lapider pour ce qui leur apparaissait un blasphème (Jn 10.33). Leur compréhension était juste cependant : en se déclarant Fils de Dieu, Jésus se faisait « lui-même égal à Dieu » (Jn 5.18).
Le nom « Fils de Dieu » ne désigne donc pas un être créé par Dieu ou distinct de Dieu, mais une personne divine qui est Dieu lui-même. Cette conception de la filiation divine est le mot d’ouverture de l’Évangile de Jean : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. » (Jn 1.1). Il y a distinction de personne, mais identité de nature (la nature divine n’étant qu’une (Dt 6.4), le Logos doit nécessairement être le Dieu unique). Un peu plus loin l’Écriture déclare : « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique Dieu, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. » (Jn 1.18). « Fils de Dieu » signifie « le Fils Dieu ». « De Dieu » signifie « de même substance » ; cette substance n’étant qu’une, Celui qui est « de Dieu » est nécessairement Dieu. Ailleurs Jésus déclare qu’il a « la vie en lui-même » (Jn 5.26) ; le Fils possède donc la même aséité que le Père, c’est-à-dire qu’il existe de lui-même étant incréé. Jésus déclare à ceux qui rejettent sa divinité : « si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés » (Jn 8.24).
Cette compréhension de la divinité du Fils est bien celle que l’on retrouve dans la confession : le Fils de Dieu est (1) la deuxième personne de la Sainte Trinité, donc (2) vrai Dieu éternel. Le Fils est (3) le rayonnement de la gloire du Père, de telle manière que celui qui a vu le Fils a vu le Père (Jn 14.9) puisqu’il est (4) de même substance et égal à celui qui a fait le monde. Ces déclarations sur le Fils nous renvoient à la doctrine de la Trinité affirmée au chapitre 2 paragraphe 3 et qui présente ainsi la filiation divine : « le Fils est éternellement engendré du Père ».
Pour bien comprendre ce que signifie l’engendrement éternel du Fils, il est utile de rappeler la controverse arienne qui a mené au Concile de Nicée en 325. Arius affirmait que Dieu est unique et non-engendré, conséquemment tout ce qui est engendré de Dieu est distinct de Dieu. Concernant le Fils de Dieu, Arius enseignait qu’il n’était pas éternel, qu’il fut un temps où il n’existait pas et que son engendrement était une création de Dieu. Il reconnaissait au Logos une divinité semblable (homoiousios), mais non identique (homoousios) au Père. Pour Arius, engendré voulait dire créé ; Fils de Dieu signifiait créature de Dieu ; la plus grande et la plus parfaite de toutes ses créatures, mais une créature muable et temporelle. La christologie des témoins de Jéhovah ressemble beaucoup à celle d’Arius.
L’arianisme emporta une partie de l’Église, mais celle-ci résista en affirmant l’engendrement éternel du Fils. Les chrétiens reconnurent que le Fils est bel et bien distinct du Père (Jn 1.1, 14), mais non de Dieu. Son engendrement ne consiste pas en une création ou en un commencement d’une nouvelle réalité qui n’existait pas avant de commencer. Les théologiens chrétiens parlèrent donc d’un engendrement éternel, c’est-à-dire d’un engendrement qui n’a pas commencé, qui est de toute éternité. Dieu n’est pas devenu Père, il éternellement Père ; Dieu n’est pas devenu Fils, il est éternellement Fils autrement Dieu serait muable alors qu’il est immuable (Hé 1.8-12 : notez que ces versets non seulement parlent du Fils, mais parlent au Fils : Dieu parle à Dieu). Tout comme Dieu est incréé et sans commencement, l’engendrement du Fils n’est pas un acte, mais un état éternel. L’engendrement éternel du Fils est à la fois l’affirmation de la pleine divinité du Fils et de sa distinction d’avec le Père. Il s’agit du fondement de la doctrine de la Trinité. Voici comment cette doctrine fut formulée positivement et négativement dans le Symbole de Nicée :
Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, Créateur de toutes choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, engendré du Père, c’est-à-dire, de la substance du Père. Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré et non fait, consubstantiel au Père ; par qui toutes choses ont été faites au ciel et en la terre. (…)
Pour ceux qui disent : « Il fut un temps où il n’était pas » et « Avant de naître, il n’était pas », et « Il a été créé à partir du néant », ou qui déclarent que le Fils de Dieu est d’une autre substance ou d’une autre essence, ou qu’il est créé ou soumis au changement ou à l’altération, l’Église catholique et apostolique les anathématise.
La Deuxième Confession de foi baptiste de Londres de 1689 affirme entièrement la christologie nicéenne comme étant la christologie biblique. Tout ce qui a été dit concernant Dieu au chapitre 2 (son aséité, son impassibilité, son éternité, etc.) s’applique entièrement au Fils. Il est intéressant de noter comment les pères nicéeens ont attribué l’impassibilité au Fils comme caractéristique essentielle de sa divinité en déclarant qu’il ne peut être « soumis au changement ou à l’altération », reconnaissant ainsi que « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement » (Hé 13.8).
Il est important de rappeler que l’engendrement éternel du Fils ne signifie pas une soumission éternelle du Fils. Certains enseignent que le Fils est ontologiquement égal au Père et qu’il lui est éternellement soumis. L’engendrement et la filiation ne sont pas synonymes d’abaissement, mais d’égalité ontologique. L’abaissement du Fils ne nous est présenté que dans son incarnation et son humiliation jusqu’à la croix (Ph 2.6-8). Cette soumission est entièrement réservée à l’économie du salut et n’est pas propre à la Trinité. De plus, rappelons que le Fils n’a jamais cessé d’être Dieu et de posséder tous les attributs de la divinité même pendant son incarnation. Dieu ne peut pas arrêter d’être Dieu et puisqu’il n’y a rien en Dieu qui ne soit pas Dieu il ne pouvait d’aucune façon se dépouiller de sa divinité. Ainsi, le dépouillement de Philippiens 2.7 ne consiste pas dans le retrait de quoi que ce soit, mais dans l’ajout de quelque chose : la nature humaine. Le Fils éternel « s’est dépouillé lui-même… » Comment a-t-il fait cela? « en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ».
Ainsi, après avoir affirmé la pleine divinité du Fils, la confession ajoute qu’il « a, quand les temps furent accomplis, assumé la nature humaine avec toutes ses caractéristiques essentielles et les faiblesses communes, mais, cependant, sans le péché » (Rm 8.3 ; Hé 2.14, 16-17, 4.15).
1421 mots
ÉCOUTER OU VISIONNER CET ENSEIGNEMENT
Audio MP3 télécharger ou jouer | Texte PDF | YouTube épisode #39
Suivez cette série:
Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
Abonnement: YouTube – iTunes – RSS – Google Play
Première publication le 21 septembre 2016 @ 20 h 26 min