Réponse: La doctrine de la Trinité est le fondement de toute notre communion avec Dieu et de notre dépendance, source de réconfort, de lui. ~ Jean 17.20-23
L’on dit souvent que toute doctrine est fondamentalement pratique. En effet, on constate que l’orthodoxie est nécessaire à l’orthopraxie, il est donc évident que la doctrine n’a pas uniquement une valeur théorique puisqu’elle affecte directement la foi et la pratique des chrétiens. Ainsi, le paragraphe sur la Trinité, après un énoncé doctrinal très rigoureux, conclut par une affirmation dévotionnelle et pratique : « La doctrine de la Trinité est le fondement de toute notre communion avec Dieu et de notre dépendance, source de réconfort, de lui. » Comment cette doctrine est-elle le fondement de toute notre communion avec Dieu?
Le salut que nous expérimentons et la communion avec Dieu qui en résulte sont fondés sur la Trinité. Le Père a décrété notre rédemption avant la fondation du monde (Ep 1.3-6) et, par un indicible amour, il a donné son Fils unique (Jn 3.16 ; Rm 5.8). Le Fils est celui qui a accepté de s’incarner et de paraître comme un simple homme (Ph 2.6-7 ; Ga 4.4). Le Fils a révélé au monde l’amour du Père (Jn 1.18 ; 1 Jn 4.9). Le Fils a accompli notre rédemption par son propre sang et il assure la médiation entre son Père et nous (Hé 9.12 ; 1 Tm 2.5). L’Esprit applique individuellement les bénéfices de la rédemption acquise par le Fils et décrétée par le Père. L’Esprit régénère les élus du Père par la prédication de l’Évangile de Jésus-Christ et suscite en eux la foi (Jn 3.5-8 ; 1 P 1.23 ; Rm 10.17). Parce qu’ils sont justifiés, les croyants deviennent les enfants de Dieu qui met en eux l’Esprit d’adoption (Ga 4.6 ; Rm 8.15). Puis, parce que nous sommes ses enfants, Dieu nous élève comme tels ; c’est ce qu’on appelle la sanctification qui est une œuvre du Saint-Esprit en nous (2 Th 2.13). La Trinité est le fondement de toute notre communion avec Dieu puisqu’elle est le fondement de notre salut.
La doctrine de la Trinité détermine également la façon dont nous prions et adorons Dieu. Nous prions et nous adorons un seul Dieu tout en distinguant entre les personnes de la Trinité. Lorsque nous adorons Dieu, nous adorons simultanément le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il n’est pas nécessaire d’appliquer les distinctions inter-trinitaires chaque fois que nous parlons de Dieu ou à Dieu. Cependant, l’Écriture nous montre comment la Trinité éclaire notre façon de prier. La prière est adressée à Dieu le Père spécifiquement, nous lui parlons comme à notre Père (Mt 6.9). Nous devons nous adresser à lui par le Fils (Jn 14.13, 16.23-26), c’est-à-dire que c’est en vertu de la médiation de Jésus-Christ que nous nous approchons de Dieu (Hé 10.19-22 ; 1 Tm 2.5). Nous sommes dirigés dans notre prière et notre adoration par le Saint-Esprit (Jd 20 ; 1 Co 2.9-12), lui-même intercède pour nous auprès du Père (Rm 8.26-28).
Nous ne pouvons concevoir notre communion avec Dieu sans la richesse apportée par chacune des personnes de la Trinité. Nous ne devons pas confondre les personnes divines en laissant un flou dans notre adoration ; mais nous devons adorer un seul Dieu en respectant les distinctions et les propriétés que l’Écriture attribue au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Nous ne devons pas être des maîtres en théologie pour pouvoir prier, mais nous devons apprendre à prier et à adorer de mieux en mieux à la lumière de la Parole de Dieu.
Les croyants qui vécurent avant l’incarnation du Fils de Dieu adorèrent le Dieu trine. Cependant leur foi était moins éclairée que la nôtre puisque Dieu ne s’est révélé pleinement qu’à partir de l’incarnation (Jn 1.18 ; Hé 1.2-3). Ils eurent néanmoins foi dans le Fils de Dieu qui était jadis révélé comme la postérité promise (Gn 3.15 ; Ga 3.16 ; Gn 49.10 ; Dt 18.15 ; 2 S 7.12-14). Par la foi dans le Fils (Ps 2.12), les croyants furent justifiés (Gn 15.6) et reçurent, par le Saint-Esprit, l’héritage éternel du salut (Hé 9.15).
En plus d’être à la base de toute notre communion avec Dieu, la doctrine de la Trinité est à la base de la communion entre les croyants. Jésus demande, dans sa prière sacerdotale (Jn 17.11) : « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous. » Quelques versets plus loin il ajoute (v. 20-23) :
20 Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, 21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. 22 Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, — 23 moi en eux, et toi en moi, — afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
La Trinité, et plus particulièrement l’unité entre le Père et le Fils, sont le modèle et la base de l’unité entre les croyants. En Dieu, nous voyons vers quoi l’Église doit tendre : faire un. La Trinité nous permet également de comprendre que l’unité n’est pas l’uniformité ni l’égalitarisme. L’unité doit être atteinte dans la multiplicité ainsi que la diversité (Rm 12.4-5) à l’intérieur d’une organisation ordonnée. L’ordre entre les personnes de la Trinité nous permet de comprendre que l’égalité ontologique (l’être) s’applique toujours dans une structure économique (la fonction). Le mot économie vient de deux mots grecs : oikos (maison) et nomos (loi) = la loi de la maison. Tout en étant égales quant à l’être, les personnes de la Trinité se présentent à nous dans un ordre : « Le Père n’est engendré par personne, et il ne procède de personne ; le Fils est éternellement engendré du Père (Jn 1.14), l’Esprit Saint procède du Père et du Fils (Jn 15.26). »
Qu’est-ce que cela signifie concrètement? Voici comment cet ordre s’est manifesté dans l’histoire du salut et comment l’Écriture nous applique ce modèle pour que nous vivions l’unité par l’amour et l’humilité (Ph 2.5-7) :
5 Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, 6 lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, 7 mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et ayant paru comme un simple homme…
Le Fils étant ontologiquement égal avec le Père (existant en forme de Dieu), s’est économiquement soumis et abaissé pour obéir jusqu’à la mort. En cela, nous avons le parfait modèle de l’amour et de l’unité au sein de la multiplicité et de la diversité. Ce modèle est essentiel pour l’amour et l’unité de l’Église dans la multiplicité et la diversité de ses membres. Ce modèle est essentiel pour les époux afin qu’ils comprennent que leur diversité ne doit pas compromettre leur égalité ni leur égalité empêcher leur complémentarité. L’égalité ontologique permet de comprendre que les parents et les enfants sont égaux de même que le sont le maître et l’esclave, l’employeur et l’employé, le roi et le citoyen, l’homme et la femme. Cependant, il existe un ordre économique, une structure d’autorité, une complémentarité de fonction, une réciprocité de service, une interdépendance des êtres. L’un et le multiple trouvent une parfaite explication et un modèle d’application en Celui qui est Un et Trois. La prochaine fois que quelqu’un vous dira que la Trinité n’est qu’une élaboration théorique sophistiquée, répondez-lui qu’il n’a probablement pas réfléchi beaucoup sur Dieu, sur son amour et comment sa personne majestueuse et glorieuse nous façonne.
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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 10 juin 2015 @ 22 h 10 min
Bonjour Pascal,
J’ai une question par rapport au Fils:
Que devons-nous comprendre par « éternellement engendré »? Est-ce d’une importance capitale? Est-ce que le mot « engendré » ne pourrait pas être traduit par « en son genre »? de sorte que le Fils serait unique en son genre -étant à la fois vrai Dieu et vrai homme- et qu’il ne serait, comme le Père, engendré par personne?
Bien Cordialement,
Vanick
Ce n’est pas exactement ce que les confessions historiques veulent dire par « engendrement éternel ». Il s’agit d’un lien filial entre la deuxième et première personne de la Trinité, mais il ne s’agit pas d’une création, ni d’une causation à l’existence. Le langage de « Fils » et de « engendré » est analogique au langage humain; l’Église n’a jamais prétendu expliquer exactement ce que cela signifie en Dieu. Il s’agit de la définition d’une relation et non d’un acte.