Question: Qu’est-ce qu’une Église locale et qui peut en être membre?
Réponse: Une Église locale est composée de ceux que Christ a appelés par sa Parole et son Esprit et qui volontairement marchent ensemble dans la soumission mutuelle, l’édification commune et la célébration du culte qui doit être continuellement rendu à Dieu. ~ Actes 2.41-47
Lisez l’introduction à cette doctrine ici (et retrouvez les autres questions étudiées sur l’ecclésiologie)
Après l’Église universelle, la confession enchaîne nécessairement avec la doctrine de l’Église locale puisqu’elle en est la manifestation visible et concrète dans le monde. Le pouvoir de Christ pour sauver son Église et la bâtir sur la terre est présenté en quelques étapes dans les prochains paragraphes. Nous verrons premièrement comment Christ appelle une Église à l’existence et en quoi celle-ci consiste.
(Par. 5) Dans l’exécution de cette charge qui lui a été confiée, le Seigneur Jésus appelle en dehors du monde et à lui-même, par le ministère de sa Parole et par son Esprit, ceux que son Père lui a donnés, afin qu’ils marchent devant lui selon toutes les voies de l’obéissance qu’il leur a prescrites dans sa Parole. Il commande à ceux qu’il a ainsi appelés de marcher ensemble dans des groupements particuliers ou églises, pour leur édification mutuelle et la célébration requise du culte public qu’il exige d’eux en ce monde.
La Parole de Dieu désigne régulièrement les saints comme ceux qui ont été appelés (Rm 1.6, 8.28, 30 ; 1 Co 1.9, 24, 26 ; Jd 1 ; Ap 17.14). La doctrine de l’Église locale repose donc sur l’appel efficace que nous avons étudié au chapitre 10. Bien qu’il utilise des messagers et des prédicateurs, c’est Jésus lui-même qui appelle personnellement chacune de ses brebis (Jean 10.16) : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. »
La façon dont les brebis de Christ entendent sa voix est par le ministère conjoint de la Parole et de l’Esprit. Parole et Esprit sont inséparables dans la doctrine et la vie spirituelle : l’Esprit qui régénère (Tt 3.5) accomplit cette opération vivifiante par la Parole divine (1 P 1.23). Après la régénération vient la sanctification des disciples par la Parole de vérité et l’Esprit saint (Jn 17.17 ; 2 Th 2.13. Puis Christ, par la Parole et l’Esprit, produit l’institution d’une Église en réunissant les appelés en un corps (1 Co 12.12-13 ; 1 Th 1.4-6, 2.13).
Après l’appel de l’Église locale, la confession de foi met de l’avant ses buts : l’édification et l’adoration. Ces deux buts sont conjoints puisque l’adoration édifie les saints et que les saints édifiés se transforment en adorateurs. Le premier de ces buts concerne l’homme et le second concerne Dieu dont le culte doit être célébré publiquement. L’Église existe donc pour que chaque membre du corps puisse croître (Ép 4.16) et afin que les vertus de Dieu et ses hauts faits soient célébrés et proclamés (1 P 2.9).
Résumons en quatre mots ce que nous avons vu au paragraphe 5. Christ opère la vocation des disciples par sa Parole et son Esprit. Cette vocation a en vue l’institution d’une assemblée qui existe pour l’édification de ses membres et l’adoration publique de Dieu. Le prochain paragraphe revient avec plus de précisions sur l’institution d’une Église locale et ce qui est nécessaire pour en être membre.
(Par. 6) Les membres de ces églises sont saints en vertu de leur appel ; ils manifestent de façon visible et démontrent leur obéissance à cet appel du Christ (dans et par leur profession de foi et leur conduite). Ils consentent librement à marcher ensemble, selon l’ordre de Jésus, s’abandonnant au Seigneur et l’un à l’autre, par la volonté de Dieu, en professant leur soumission aux ordonnances de l’Évangile.
La membriété au sein du corps de Christ est envisagée de façon spirituelle et de façon formelle. Tous ceux qui sont appelés par Christ sont de facto « les membres de ces églises ». Cette appartenance spirituelle à l’Église devrait idéalement se manifester de manière formelle par une profession de foi crédible et un consentement libre à marcher ensemble avec les autres membres. L’appel spirituel d’une personne se démontre de façon visible par une profession de foi qui est crédibilisée par l’obéissance à Christ. L’Église ne doit accueillir en son sein que de telles personnes qu’elle a reconnues ou qui lui ont été recommandées (Rm 16.1-2 ; 2 Co 3.1 ; Jd 4 ; 1 Jn 4.1).
On ne peut contraindre une personne à devenir membre d’une Église ni contraindre une Église à recevoir un nouveau membre. Les concepts de consentement libre et de profession de foi crédible nécessitent un certain processus avant de pouvoir se réaliser. C’est un peu comme dans le mariage, les époux doivent prendre un minimum de temps pour se connaître avant de pouvoir faire alliance. La confession de foi parle de cette alliance ecclésiale lorsqu’il est question de s’abandonner « au Seigneur et l’un à l’autre » (cf. 2 Co 8.5). L’Église locale n’est-elle pas le lieu par excellence pour apprendre à pratiquer les deux Tables de la loi en aimant le Seigneur de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes ?
Il est intéressant de constater que si la profession de foi est explicitement exigée pour pouvoir devenir membre de l’Église, le baptême, quant à lui, n’est pas même mentionné. En effet, la confession, qui ne reconnaît pourtant pas la validité du baptême de nourrisson, ne mentionne pas non plus le baptême de croyant comme une condition sine qua non de la membriété. La « soumission aux ordonnances de l’Évangile » mentionnée à la fin du paragraphe 6 ne se réfère pas aux sacrements spécifiquement, mais à l’enseignement général de Christ (Mt 28.20).
Bien sûr, cette absence ne signifie pas qu’une Église particulière ne puisse pas exiger le credobaptême pour devenir membre, mais la confession reflète le fait qu’il y avait une diversité d’opinions et de pratiques sur cette question parmi les premières Églises baptistes. Certaines d’entre elles accueillaient des pédobaptistes en leur sein comme membres de la congrégation. À tout le moins, une Église baptiste qui exige le credobaptême comme un élément constituant de sa membriété formelle devrait pouvoir accueillir des pédobaptistes au sein de sa membriété spirituelle et en les reconnaissant comme frères et sœurs en Christ et en ayant avec eux de la communion. Le congrégationalisme et le baptisme doivent être pratiqués dans un esprit d’irénisme et non de sectarisme.
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