Un chapitre entier dédié à la question des serments et des vœux est-il vraiment pertinent dans une confession de foi? Si l’on considère le contexte historique des vœux ecclésiastiques et de l’impact de la Réforme sur la légitimité des serments et des vœux, cette question est difficilement contournable. L’Église du 16e et 17e siècle devait statuer sur la valeur des vœux religieux qui étaient fort répandus au sein de la chrétienté. Ces pratiques, comme bien d’autres, devaient être réformées par la Parole de Dieu.
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De plus, certains groupes dissidents refusaient de prêter serment et de se soumettre d’une quelconque façon à cette exigence de la part des autorités légitimes. Ces groupes dissidents s’appuyaient en particulier sur l’enseignement de Jésus (Mt 5.33-37) pour refuser tout serment. Puisque les serments étaient courants dans l’organisation de la vie civile de l’époque, la confession a cru bon d’apporter des précisions bibliques pour encadrer cette pratique tout en considérant les objections de conscience.
Finalement, l’usage abusif de serments dans les conversations ordinaires de tous les jours semble être un problème prévalent à toutes les époques incluant la nôtre. En affirmant qu’il peut être légitime de jurer dans certains contextes, la confession ne cautionne pas tous les serments et cherche à distinguer la pratique légitime de celle qui est fautive et abusive.
Voici une dernière question pour introduire cette doctrine avant de l’examiner de plus près : y a-t-il une différence entre un serment et un vœu? Le vocabulaire biblique utilise quelques mots distincts qui, tout en ayant des particularités propres, sont synonymes (Nb 30.2). Dans les deux cas, il s’agit d’une parole sacrée qui nous lie vis-à-vis de Dieu. On pourrait cependant distinguer un serment comme étant fait envers l’homme et le vœu envers Dieu ; le premier consiste surtout en une confirmation et le second en un engagement.
Ce chapitre compte 5 paragraphes qui résument plus succinctement les 7 paragraphes de la Confession de foi de Westminster avec quelques omissions plus significatives. Voici les questions qui seront posées pour exposer ce chapitre :
- Quand et comment est-il légitime de jurer?
- Peut-on rompre un serment?
- Quels genres de vœux sont-ils légitimes?
LES SERMENTS ET LES VOEUX LÉGITIMES
Par. 1 – Un serment légitime fait partie du culte religieux lorsque la personne qui le prête dans la vérité, la justice et le jugement, prend Dieu à témoin de ce qu’elle affirme1 et s’en remet à son verdict quant à la vérité ou à la fausseté de ce qu’elle déclare2.
- Jé 10.7 ; Ex 20.7 ; Dt 10.20 ; Jé 4.2 2. 2 Chr 6.22,23
Par. 2 – Les hommes ne peuvent prêter serment que par le nom de Dieu, qui doit être prononcé avec sainte crainte et respect. C’est pourquoi prêter un serment en vain ou de façon précipitée, sur ce nom glorieux et redoutable ou sur quoi que ce soit d’autre, est un péché et doit être exécré3. Cependant, relativement à certaines questions ou en des occasions importantes, pour la confirmation de la vérité ou dans le but de mettre fin à des querelles, prêter un serment est autorisé par la Parole de Dieu4, si bien qu’en de telles matières, il faut prêter le serment légal imposé par l’autorité légitime5.
- Mt 5.34,37 ; Ja 5.12 4. Hé 6.16 ; 2 Co 1.23 5. Né 13.25
Par. 3 – Quiconque prête un serment autorisé par la Parole de Dieu doit dûment considérer le poids d’un acte aussi solennel, et n’y rien déclarer d’autre que ce qu’il sait être la vérité ; car la colère du Seigneur est provoquée par des serments précipités, faux ou vains, à cause desquels ce pays est en deuil6.
- Lé 19.12 ; Jé 23.10
Par. 4 – Un serment doit être prêté en des termes clairs et simples, sans user d’équivoque ou de restriction mentale7.
- Ps 24.4
Par. 5 – Un vœu, que l’on ne doit adresser à aucune créature mais à Dieu seul, doit être fait et observé avec un grand sérieux religieux et une fidélité stricte8. Les vœux monastiques papistes de célibat perpétuel9, de pauvreté déclarée10 et d’obéissance à une règle sont si éloignés des plus hauts degrés de perfection qu’ils s’apparentent davantage à des pièges superstitieux et coupables auxquels nul chrétien ne doit se laisser prendre11.
- Ps 76.12 ; Ge 28.20-22 9. 1 Co 7.2,9 10. Ép 4.28 11. Mt 19.11
Première publication le 8 juin 2022 @ 6 h 30 min