Lorsque j’ai été examiné par l’assemblée des anciens en vue de mon ordination au ministère pastoral (1 Tm 4.14), la première chose qu’on m’a demandée était de présenter ma compréhension de la loi de Dieu. Avec le recul, j’ai compris que cette priorité ne s’expliquait pas par une plus grande importance de cette doctrine par rapport aux autres, mais parce que la doctrine de la loi a un très grand impact sur la façon de voir le salut, la sanctification et la vie chrétienne en général. De plus, le fait qu’il n’y ait pas de consensus parmi les chrétiens sur la doctrine de la loi de Dieu, aussi bien savoir d’entrée de jeu où l’on se situe sur cette question déterminante si on aspire à la charge pastorale.
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Au fil de mon cheminement personnel, je suis passé de l’état d’une personne qui ne se souciait pas tellement de la loi divine, à l’état de quelqu’un terrorisé par celle-ci, à quelqu’un qui s’écrie : « Combien j’aime ta loi! Elle est tout le jour l’objet de ma méditation. » (Ps 119.97). Est-ce que cette dernière affirmation peut vraiment caractériser l’affection d’un chrétien? N’est-ce pas plutôt la manière de s’exprimer pour un saint qui vivait sous l’Ancienne Alliance? Qu’en est-il de ceux qui vivent « non sous la loi, mais sous la grâce »? Quel rapport le chrétien entretient-il vis-à-vis de la loi divine? Voilà des questions fondamentales qu’aucun chrétien ne peut esquiver.
La confession de foi présente la doctrine de la loi à partir de sept paragraphes qui contiennent les éléments suivants :
- Par. 1 : La loi avant la chute
- Par. 2 : La loi après la chute
- Par. 3 : La loi cérémonielle
- Par. 4 : La loi judiciaire
- Par. 5 : La loi morale
- Par. 6 : La loi et le chrétien
- Par. 7 : La loi et l’Évangile
La confession utilise la division tripartite de la loi pour classer les différents types de commandements que nous retrouvons dans la Parole de Dieu. Cette catégorisation est utile, cependant la distinction plus fondamentale qui est sous-entendue par cette théologie est celle qui est faite entre la loi morale de Dieu et des lois positives. Une loi positive s’applique à un certain moment (passé ou présent) et à un certain endroit ou contexte. La loi morale, quant à elle, est transcendante, universelle et permanente ; elle s’applique en tout temps et en tout lieu. Par exemple, le commandement de la circoncision était positif, le commandement de ne pas commettre de meurtre est moral (1 Co 7.19). Nous reviendrons sur cette distinction essentielle en exposant le contenu du chapitre 19 de la confession de foi que nous aborderons par cinq questions :
- Quelle est la fonction de la loi de Dieu avant et après la chute de l’homme?
- Quelle est l’utilité des lois cérémonielles et judiciaires de l’AT pour les chrétiens?
- Qui est obligé par la loi morale de Dieu?
- Quelle est la place de la loi dans la vie du chrétien?
- La loi et la grâce sont-elles en opposition ou en harmonie?
CHAPITRE 19 – LA LOI DE DIEU
Par. 1 – Dieu a donné à Adam une loi d’obéissance universelle inscrite dans son cœur, et en particulier le commandement de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal1, par lequel il l’obligeait, lui et toute sa postérité, à une obéissance personnelle, totale, rigoureuse et perpétuelle2, lui promettant la vie s’il l’accomplissait, et le menaçant de mort s’il y contrevenait ; il lui avait donné le pouvoir et la capacité pour l’observer3.
1. Gn 2.17 ; Ec 7.29 2. Rm 10.5 3. Ga 3.10,12
Par. 2 – Cette même loi qui a d’abord été inscrite dans le cœur de l’homme, est demeurée une parfaite règle de justice après la chute4, et a été transmise par Dieu sur le Mont Sinaï, en dix commandements, écrits sur deux tables : les quatre premiers commandements décrivant nos devoirs envers Dieu, les six derniers, nos devoirs envers l’homme5.
4. Rm 2.14-15 5. Dt 10.4
Par. 3 – En plus de cette loi, dite morale, il a plu à Dieu de donner au peuple d’Israël des lois cérémonielles, qui contiennent plusieurs dispositions typiques, les unes pour le culte, préfigurant Christ, ses qualités, ses actes, ses souffrances et ses bienfaits6 ; les autres contenant des enseignements en rapport au comportement moral7. Toutes ces lois cérémonielles, imposées seulement jusqu’à un temps de réforme, ont été enlevées et abrogées par Jésus-Christ, le vrai Messie et le seul Législateur qui a reçu sa puissance du Père à cette fin8.
6. Hé 10.1 ; Col 2.17 7. 1 Co 5.7 8. Col 2.14,16-17 ; Ep 2.14,16
Par. 4 – Dieu leur a donné aussi diverses lois judiciaires, qui ont expiré en même temps que le peuple juif cessait d’être un État. Ces lois n’ont plus aucune obligation de nos jours, leur équité générale étant d’un usage moral seulement9.
9. 1 Co 9.8-10
Par. 5 – La loi morale oblige à l’obéissance pour toujours tous les hommes, qu’ils soient justifiés ou non10 ; cela, non seulement en rapport à son contenu mais aussi concernant l’autorité de Dieu le Créateur, qui l’a donnée11. Christ dans l’Évangile, loin de l’abroger, en a considérablement renforcé l’obligation12.
10. Rm 13.8-10 ; Jc 2.8,10-12 11. Jc 2.10-11 12. Mt 5.17-19 ; Rm 3.31
Par. 6 – Bien que les vrais croyants ne soient pas sous la Loi en tant qu’alliance des œuvres pour en être justifiés ou condamnés13, elle leur est cependant d’une grande utilité, comme elle l’est aux non croyants. En tant que règle de vie, elle leur enseigne la volonté de Dieu et leur devoir, elle les dirige et les oblige à s’y conformer. Elle leur fait aussi découvrir les pollutions coupables de leurs natures, de leurs cœurs et de leurs vies, de telle sorte qu’en s’examinant eux mêmes, ils puissent en arriver à être profondément convaincus de leur péché, à s’en humilier et le haïr14, et aussi à acquérir une plus claire vision de leur besoin de Christ et de la perfection de son obéissance. En ce qu’elle interdit le péché, la Loi est également utile aux régénérés, pour qu’ils réfrènent leur corruption ; ces menaces servent à leur montrer ce que leurs péchés méritent et à quelles afflictions ils peuvent s’attendre en cette vie, bien qu’ils soient délivrés de la malédiction et des rigueurs sans indulgence de la Loi. De même, ses promesses leur montrent que Dieu approuve l’obéissance, et leur font connaître les bénédictions auxquelles ils peuvent s’attendre en la pratiquant, non, toutefois, comme un dû de la Loi en tant qu’alliance des œuvres. C’est pourquoi le fait de pratiquer le bien et de s’abstenir du mal, parce que la Loi encourage l’un et interdit l’autre, n’est en rien une preuve que la personne soit sous la loi et non pas sous la grâce15.
13. Rm 6.14 ; Ga 2.16 ; Rm 8.1, 10.4 14. Rm 3.20, 7.7, etc.
15. Rm 6.12-14 ; 1 P 3.8-13
Par. 7 – Les usages de la Loi mentionnés ci-dessus ne sont pas contraires à la grâce de l’Évangile, mais s’accordent harmonieusement avec elle16. L’Esprit de Christ soumet la volonté de l’homme et la rend capable de faire librement et joyeusement ce que la volonté de Dieu, révélée dans la Loi, exige de faire17.
16. Ga 3.21 17. Ez 36.27
Première publication le 16 juin 2020 @ 3 h 00 min