Le rapport entre l’Église et l’État n’a jamais été simple à circonscrire. Le prochain chapitre de la confession de foi nous fournit les bases pour fonder une doctrine biblique du gouvernement civil. D’où vient-il? Quel est son mandat et son pouvoir? Quel rapport le chrétien individuellement et l’Église collectivement doivent-ils entretenir avec le gouvernement? Voilà le genre de questions auxquelles nous devons répondre pour définir une doctrine du gouvernement politique.
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La Réforme de l’Église au 16e et au 17e siècle n’a pas seulement impacté le gouvernement de l’Église, mais également celui de l’État. Si initialement le pouvoir civil et le pouvoir spirituel ne faisaient qu’un dans une chrétienté qui tendait vers l’homogénéité, la multiplication des confessions chrétiennes a peut-être accéléré le processus de séparation de l’Église et de l’État. La première ne voulant pas se faire imposer des directives touchant l’administration des ordonnances divines. Le second préférant de plus en plus prendre une posture de neutralité vis-à-vis du pluralisme religieux.
La doctrine du gouvernement politique, bien que nécessaire à la théologie chrétienne, est loin de faire l’unanimité. Une simple comparaison entre la Confession de foi de Westminster, la Déclaration de Savoie et la Deuxième confession de foi baptiste de Londres, qui sont pourtant toutes alignées théologiquement, nous permet de constater cet écart. En effet, il y a d’importantes divergences de vues au niveau du fonctionnement idéal d’un gouvernement civil selon qu’on l’envisage d’un point de vue conformiste majoritaire ou non-conformiste minoritaire. La confession de Westminster elle-même est divergente à ce chapitre quand on compare sa version originale britannique et sa révision dans le contexte presbytérien américain. Disons simplement qu’il y a un océan qui sépare leur conception respective de la place que le magistrat devrait occuper dans les affaires ecclésiastiques.
Il est donc impératif de faire preuve de tolérance vis-à-vis des autres points de vue à propos du gouvernement. Le peu de consensus qui existe sur cette question est une indication de la difficulté insoluble de la gouvernance d’un monde déchu. Apprécions la sobriété de la confession de foi qui a préféré demeurer dans les principes généraux de la Parole de Dieu en élaborant sa doctrine du gouvernement politique. Nous exposerons cette doctrine à partir des trois questions suivantes :
- Quel est le rôle du gouvernement? (disponible merc. 23 nov 2022)
- Quel est le rôle du chrétien dans un gouvernement? (disponible merc. 30 nov 2022)
- Quel est le rôle du chrétien sous un gouvernement? (disponible merc. 7 déc 2022)
LE GOUVERNEMENT POLITIQUE (confession de 1689, chap. 24)
Par. 1 – Dieu, le suprême Seigneur et Roi de tout le monde, a établi sous son autorité des magistrats gouvernant les citoyens, pour sa propre gloire et pour le bien public. À cet effet, il leur a donné le pouvoir du glaive, pour la protection et l’encouragement des gens de bien et pour le châtiment des malfaiteurs1.
1. Ro 13.1-4
Par. 2 – Il est légitime pour des chrétiens d’accepter et de s’acquitter de la charge de magistrat quand ils y sont appelés. Dans l’exercice de cette fonction, comme ils doivent spécialement maintenir la justice et la paix2, selon le droit de chaque État et royaume, ils peuvent, sous le Nouveau Testament, faire légitimement la guerre lorsque les circonstances le justifient et l’imposent3.
2. 2 S 23.3 ; Ps 82.3-4 3. Lu 3.14
Par. 3 – Puisque les magistrats sont établis par Dieu aux fins susmentionnées, nous devons leur être soumis dans le Seigneur en toutes choses légitimes qu’ils ordonnent, non seulement par crainte de la colère, mais par motif de conscience4. Nous devons faire des supplications et des prières pour les rois ainsi que pour tous ceux qui occupent des positions d’autorité, afin que sous eux nous puissions mener une vie tranquille et paisible, en toute piété et honnêteté5.
4. Ro 13.5-7 ; 1 Pi 2.17 5. 1 Ti 2.1-2
Première publication le 21 novembre 2022 @ 19 h 46 min
