- Cantique. Pour le jour du sabbat.
- Il est bon de célébrer l’Éternel, et de chanter ton nom, ô Très-Haut!
- d’annoncer ton amour le matin, et ta fidélité durant les nuits,
- sur l’instrument à dix cordes et sur la harpe, avec méditation et la guitare.
- Car tu me réjouis par ton œuvre, ô Éternel! Les ouvrages de tes mains me font crier de joie.
- Que tes ouvrages sont grands, ô Éternel! Très profondes sont tes pensées!
- L’homme stupide n’y connaît rien, l’insensé ne comprend pas ceci :
- c’est que quand les méchants poussent comme l’herbe et que tous les ouvriers d’iniquité fleurissent, c’est pour être détruits à jamais.
- Mais toi, ô Éternel! tu es haut élevé éternellement ;
- car voici, tes ennemis, ô Éternel! voici, tes ennemis périssent, tous les ouvriers d’iniquité sont dispersés.
- Mais tu élèves ma corne comme celles des buffles, et je suis arrosé d’huile fraîche ;
- mon œil contemplera ceux qui m’épient, mes oreilles entendront parler des méchants qui se lèvent contre moi.
- Le juste pousse comme un palmier, il croît comme un cèdre au Liban.
- Plantés dans la maison de l’Éternel, ils verdissent dans les parvis de notre Dieu :
- ils produisent encore dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verts,
- afin d’annoncer que l’Éternel est droit, mon Rocher, et qu’il n’y a point d’injustice en lui.
Le titre de ce Psaume : pour le jour du sabbat s’accorde très bien avec son contenu, puisque c’est à la contemplation des grandes œuvres de Dieu que le jour du repos doit être (selon l’esprit de son institution, Ex 20.9-11) particulièrement employé et cela sous la nouvelle alliance aussi bien que sous l’ancienne. C’est des œuvres de Dieu dans le gouvernement du monde que l’auteur sacré s’occupe essentiellement et cela afin de montrer (ainsi qu’il le fait dans les Ps 37, 49, 73) comment la prospérité apparente des méchants et les malheurs des justes peuvent se concilier avec la justice de Dieu. C’est avec raison que les rabbins pensent que ce Psaume est composé non pas seulement pour le sabbat hebdomadaire, mais plus encore en vue de ce grand repos dont chaque septième jour n’est que l’ombre et le prélude, de ce temps où le Messie régnera sur la terre et où le triomphe du bien sur le mal sera visible à tous les yeux. Comparez Ac 3.21 ; Hé 4.9-11. Quelques-uns de ces anciens docteurs vont plus loin encore ; ils soutiennent que ce beau cantique a été composé par Adam lui-même, supposition qui n’est pas soutenable quand on examine avec soin les idées qui y sont développées, surtout depuis le v. 8 ; ce ne sont guère celles qui devaient occuper la pensée de notre premier père.
On peut partager le psaume en 4 strophes : Célébrer les louanges de Dieu est une occupation excellente (2-4). Les œuvres de Dieu fournissent abondamment matière à nos louanges (5-6), sans en excepter celles de sa providence, car la prospérité des méchants n’est que passagère (7-12), tandis que la félicité des justes est assurée et n’aura point de fin (13-16).
Verset 2. Il est bon de célébrer l’Éternel, et de chanter ton nom, ô Très-Haut!
« Louer Dieu est à la fois un devoir et un plaisir. Les sabbats ainsi employés sont un avant-goût de l’éternité bien heureuse » (Stier). C’est aussi à quoi St. Paul nous exhorte Ep 5.19.
Verset 3. d’annoncer ton amour le matin, et ta fidélité durant les nuits,
« Pour louer Dieu la matière ne manque jamais ; nous devrions donc aussi le faire continuellement, c’est notre paresse seule qui nous en empêche » (Calvin).
Verset 4. sur l’instrument à dix cordes et sur la harpe, avec méditation et la guitare.
Sur les instruments de musique et leur usage, voyez l’introduction au Ps 4, et l’explication de Ps 33.2. — L’instrument à 10 cordes est une manière de désigner la harpe, comme le montre Ps 33.2.
Verset 5. Car tu me réjouis par ton œuvre, ô Éternel! Les ouvrages de tes mains me font crier de joie.
« L’œuvre » que le psalmiste a essentiellement en vue, c’est celle que Dieu accomplit en faveur des fidèles et dont il est parlé dans Ps 90.15.
Verset 6. Que tes ouvrages sont grands, ô Éternel! Très profondes sont tes pensées!
Pour le premier hémistiche comp. Ps 60.3, 104.24 ; pour le second Rm 11.33. — En parlant des pensées « profondes » de Dieu, le psalmiste pense surtout à sa patience envers les méchants et aux épreuves des fidèles ; ce sont là autant de mystères de son gouvernement. « S’il avait dépendu de nous, nous aurions établi un ordre de choses très différent » (Calvin).
Verset 7. L’homme stupide n’y connaît rien, l’insensé ne comprend pas ceci :
Le premier hémistiche est la reproduction presque littérale de Ps 13.2. — « Si nous ne comprenons pas, c’est notre propre faute » (Calvin). — On ne peut pas déterminer avec une entière certitude si l’ignorance, dont il est question dans ce verset se rapporte à ce qui précède, aux œuvres de Dieu en général, ou bien à ce qui suit (la prospérité apparente des méchants). Il nous a paru plus naturel de la rapporter à ce qui suit (avec Jarchi, la version hollandaise et d’autres) ; si le psalmiste avait voulu parler encore des œuvres de Dieu, il les aurait probablement désignées positivement par un simple pronom ajouté aux verbes connaître et comprendre, au lieu d’employer l’expression ceci, qui, par la place qu’elle occupe, paraît indiquer une idée développée dans le verset suivant.
Verset 8. c’est que quand les méchants poussent comme l’herbe et que tous les ouvriers d’iniquité fleurissent, c’est pour être détruits à jamais.
« Les méchants n’ont pas lieu de s’enorgueillir et on ne doit pas leur porter envie, car leur gloire est de courte durée » (Calvin).
Verset 9. Mais toi, ô Éternel! tu es haut élevé éternellement ;
Hengstenberg fait observer que ce verset résume en quelque sorte la pensée du psaume. Il y a littéralement : tu es hauteur éternellement. « Dieu siège dans les cieux au-dessus de tous les désordres qui ont lieu sur la terre ; c’est à cette hauteur que nous devons nous élever par la foi pour attendre ses jugements » (Calvin).
Verset 10. car voici, tes ennemis, ô Éternel! voici, tes ennemis périssent, tous les ouvriers d’iniquité sont dispersés.
« Le psalmiste insiste et se répète, parce que nous avons de la peine à n’être pas ébranlés par la prospérité des méchants » (Calvin). — La version chaldéenne rend ainsi le sens du 3ème hémistiche : « Les méchants seront séparés des bons dans le siècle à venir. » Comp. Ps 1.5. — Le mot voici a la valeur d’une forte affirmation ; c’est comme si le psalmiste montrait une chose qui se passe déjà devant ses yeux.
Verset 11. Mais tu élèves ma corne comme celles des buffles, et je suis arrosé d’huile fraîche ;
Sur les buffles voyez Ps 22.23. — L’image de l’huile se trouve déjà dans Ps 23.5. Comp. aussi 1 Jn 2.20. — « Le psalmiste parle ici au nom de tous les fidèles » (Kimchi).
Verset 12. mon œil contemplera ceux qui m’épient, mes oreilles entendront parler des méchants qui se lèvent contre moi.
Le contexte indique que ce que le psalmiste s’attend à voir, c’est le châtiment des impies. Comp. Ps 54.9.
Verset 13. Le juste pousse comme un palmier, il croît comme un cèdre au Liban.
Le rabbin Jarchi dit que les justes sont comparés au palmier pour sa fertilité, au cèdre pour la force de son bois. Sur les cèdres du Liban, comp. Ps 29.5.
Verset 14. Plantés dans la maison de l’Éternel, ils verdissent dans les parvis de notre Dieu :
Calvin fait remarquer avec raison que la force des fidèles vient du dedans, savoir de leur communion avec Dieu, entretenue par le culte. Même pensée que dans Ps 23.6, 27.4, 84.3.
Verset 15. ils produisent encore dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verts,
Kimchi dit que verts doit s’entendre de la prolongation de vie promise dans Es 65.20-22, mais le contexte indique qu’il s’agit plutôt du développement progressif de la vie spirituelle qui doit caractériser chaque fidèle, aussi bien que l’Église dans son ensemble. « L’Église, quoique vieille, est encore féconde » (Stier).
Verset 16. afin d’annoncer que l’Éternel est droit, mon Rocher, et qu’il n’y a point d’injustice en lui.
« Ce verset montre que le but du psaume était de fortifier la foi des fidèles » (Calvin). Comp. Dt 32.4.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 133-137