Skip links

Commentaire sur le Psaume 69

  1. Pour le Maître-Chantre. Sur les lys. Pour David.
  1. Sauve-moi, ô Dieu! Car les eaux me viennent jusqu’à l’âme :
  2. j’enfonce dans un bourbier épais, où l’on ne peut se tenir ; je suis entré dans des eaux profondes, et le courant m’entraîne.
  3. Je m’épuise à crier, mon gosier est desséché, mes yeux se consument à force d’attendre mon Dieu.
  4. Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête ceux qui me haïssent sans cause ; ils sont puissants ceux qui veulent me détruire, et qui sont mes ennemis sans sujet ; ce que je n’ai pas ravi, je dois maintenant le rendre.
  5. Toi, ô Dieu, tu sais ce qui en est de ma folie, et mes offenses ne te sont point cachées.
  6. Qu’ils ne soient point confus en ma personne, ceux qui s’attendent à toi, Seigneur, Éternel des armées! qu’ils ne soient pas couverts de honte en ma personne, ceux qui te cherchent, Dieu d’Israël!
  7. Car c’est à cause de toi que je porte l’opprobre, et que la honte couvre mon visage.
  8. Je suis devenu un étranger pour mes frères, un inconnu pour les enfants de ma mère ;
  9. parce que le zèle pour ta maison me dévore : et les outrages de ceux qui t’outragent tombent sur moi.
  10. Je pleure, mon âme est dans le jeûne, et cela même m’est en opprobre ;
  11. je prends le sac pour mon vêtement, et je deviens pour eux un proverbe.
  12. C’est de moi que s’entretiennent ceux qui sont assis à la porte, et je sers de chanson aux buveurs de cervoise.
  13. Pour moi, c’est toi que j’invoque, ô Éternel! au temps de la bienveillance : Exauce-moi, ô Dieu, en ta grande bonté, en la fidélité de ta délivrance!
  14. Tire-moi de la fange et que je n’y enfonce point, que je sois délivré de ceux qui me haïssent et des eaux profondes!
  15. Que le courant des eaux ne m’entraîne pas, que le gouffre ne m’engloutisse pas, et que le puits ne ferme pas sa gueule sur moi!
  16. Exauce-moi, ô Éternel! car ta bonté est extrême, tourne-toi vers moi, selon tes grandes compassions!
  17. Ne cache pas ta face à ton serviteur ; car je suis en détresse ; hâte-toi de me répondre!
  18. Approche-toi de mon âme, délivre-la ; à cause de mes ennemis, rachète-moi!
  19. Toi, tu connais mon opprobre, ma confusion, ma honte tous mes persécuteurs sont devant toi.
  20. L’opprobre me brise le cœur, je suis en défaillance ; j’attends de la pitié et il n’y en a point, des consolateurs et je n’en trouve point.
  21. Ils me donnent pour nourriture du fiel, et pour ma soif, ils me font boire du vinaigre.
  1. Que leur table devienne devant eux un piège, et, pour rétribution, un filet!
  2. Que leurs yeux s’obscurcissent, pour ne plus voir, et fais continuellement trembler leurs reins!
  3. Répands sur eux ton courroux, et que l’ardeur de ta colère les atteigne!
  4. Que leur demeure devienne déserte, et que dans leurs tentes il n’y ait pas d’habitants!
  5. Car ils ont poursuivi celui que tu avais frappé, et ils ont ajouté à la douleur de ceux que tu avais blessés.
  6. Fais qu’ils commettent iniquité sur iniquité, et qu’ils ne parviennent point à ta justice ;
  7. qu’ils soient effacés du livre de vie et qu’ils ne soient point inscrits avec les justes!
  1. Moi, je suis misérable et souffrant : ta délivrance, ô Dieu, me placera en un lieu élevé.
  2. Je veux célébrer le nom de Dieu par des cantiques, le magnifier par des actions de grâces.
  3. Et cela plaira à l’Éternel mieux que le bœuf, mieux que le taureau qui a cornes et sabots.
  4. Les débonnaires l’ont vu et ils se réjouiront : vous qui cherchez Dieu, votre cœur vivra.
  5. Car l’Éternel écoute les misérables, et ne méprise point ses captifs.
  6. Les cieux et la terre le loueront, la mer et tout ce qui s’y meut.
  7. Car Dieu délivrera Sion, et il rebâtira les villes de Juda ; on y habitera et on les possédera.
  8. La postérité de ses serviteurs la possédera, et ceux qui aiment son nom y habiteront.

On ne peut s’empêcher de remarquer un grand air de famille entre ce Psaume et quelques-uns de ceux qui sont le plus généralement reconnus pour messianiques. Il nous rappelle surtout les Ps 35 et 40 et le tableau de la passion dans le Ps 22. Il est aussi cité à diverses reprises dans le Nouveau Testament comme ayant eu son accomplissement dans les jours du Messie[1], en sorte que nous ne pouvons douter qu’il ne doive être mis au nombre de ceux dans lesquels « l’Esprit de Christ, qui rendait témoignage à l’avance, faisait connaître les souffrances du Christ et la gloire dont elles seraient suivies. » 1 Pi 1.11. C’était aussi de cette manière qu’on le comprenait dans l’Église des premiers siècles, qui n’avait pas encore appris à mettre la sagesse de l’homme au-dessus de celle du Seigneur et de ses Apôtres. Dans la version syriaque, qui est fort ancienne, ce Psaume est intitulé : « Prophétie de la passion de Jésus-Christ et de la rejection des Juifs. » — « Il ne nous est en aucune manière permis de douter que ce ne soit le Christ qui parle ici. Les Apôtres, en parlant de Jésus-Christ, ont produit des témoignages tirés de ce Psaume. Qui oserait s’écarter de leur opinion! Quel est l’agneau qui ne voudrait pas suivre les béliers? » (St-Augustin) Les rabbins Kimchi, Jarchi, Abenesra ne savent voir dans ce Psaume qu’une prophétie des malheurs du peuple d’Israël. Nous ne pouvons pas en être surpris puisque les Juifs ont « un voile » sur les yeux quand ils lisent l’Ancien Testament. 2 Co 3.14-15. Mais ce voile n’est pas moins épais chez plusieurs docteurs chrétiens de l’école rationaliste qui ne veulent pas non plus y voir une prophétie messianique. De Wette, par exemple, trouve que ce Psaume renferme des lamentations exagérées et de mauvais goût! Ces docteurs font remarquer que les sentiments que le psalmiste exprime à l’égard de ses ennemis ne s’accordent pas avec le caractère de Jésus-Christ et avec l’esprit de la nouvelle alliance. Nous avons déjà réfuté cette objection dans l’Introduction (chap. VI) et à l’occasion de passages semblables. Nous ajouterons seulement que l’on pourrait relever dans plusieurs passages du Nouveau Testament des paroles non moins sévères (on pourrait presque dire non moins dures) que celles de ce Psaume contre les ennemis de Dieu et de son peuple ; on en trouve de pareilles dans la bouche des Apôtres (Ac 8.20 ; 1 Co 16.22 ; Ga 5.12) et dans celle de notre Seigneur lui-même (Mt 23.33, 25.41). L’Évangile de St-Luc nous apprend que Jésus annonça encore les terribles jugements qui devaient frapper la ville de Jérusalem dans le moment même où il montait au Calvaire. Lc 23.28-32.

Parmi les théologiens évangéliques, il en est quelques-uns (Hengstenberg, Tholûck, de Gerlach) qui ne veulent pas non plus reconnaître ce Psaume comme une prophétie messianique proprement dite ; ils y voient un tableau émouvant des souffrances personnelles de David ou bien des souffrances des justes en général. Ils accordent toutefois que les écrivains du Nouveau Testament ont pu avec raison relever quelques-uns des traits de ce tableau comme ayant trouvé leur plus parfait accomplissement dans la passion de notre Seigneur. C’est à peu près le point de vue de Calvin. Selon ce réformateur, David parle dans ce Psaume non pas seulement en son propre nom, mais au nom de l’Église (l’assemblée des fidèles, tant israélites que chrétiens) qui, de tout temps, a été persécutée. Mais, comme l’Église et son divin Chef ne forment qu’un seul corps en sorte que ce qu’on peut dire des membres est également vrai du Chef, il reconnaît aussi que les Apôtres ont pu à bon droit appliquer à Jésus-Christ plusieurs des paroles de ce Psaume. Nous ne pouvons nous empêcher de penser que les explications des théologiens savants et pieux que nous venons de nommer se rapprochent un peu de celles de l’école rationaliste, en tant qu’ils ne prennent pas dans leur sens le plus simple et le plus naturel les passages du Nouveau Testament dans lesquels ce Psaume est cité comme renfermant des prophéties qui venaient de s’accomplir[2]. Les objections qu’ils avancent ne nous paraissent pas fortes. Hengstenberg, par exemple, ne veut pas considérer ce Psaume comme une prophétie messianique dans le sens proprement dit, parce que, au verset 6, le psalmiste fait une confession de ses péchés qui n’aurait pas pu sortir de la bouche du Messie. Mais nous avons déjà rencontré dans les Psaumes plusieurs passages semblables, et nous avons fait remarquer que le Fils de Dieu, s’étant constitué le représentant des pécheurs, a dû sentir le poids des péchés des hommes comme si ces péchés eussent été les siens. Comp. Ps 6.2, 38.5, 40.13.

Parmi les théologiens modernes, il en est cependant quelques-uns qui expliquent ce Psaume comme on l’expliquait dans l’Église des premiers siècles et comme nous croyons qu’il doit l’être, si l’on veut tenir suffisamment compte de la divine autorité du Nouveau Testament ; ce sont : Horne, Klauss, Stier. C’est aussi en considération du caractère prophétique de ce Psaume que l’Église anglicane l’a mis au nombre de ceux qui doivent se lire le jour du Vendredi-Saint.

Le Nouveau Testament mentionne expressément ce Psaume comme étant de David. Rm 11.9. Les rationalistes pour lesquels ce témoignage n’a guère de valeur, prétendent qu’il ne peut pas avoir été composé par le roi-prophète et ils l’attribuent à Jérémie ou à tel autre auteur ; ils allèguent surtout que David n’aurait pas pu, à l’époque où il vivait, écrire le verset 36 qui parle des villes de Juda comme devant être « rebâties. » Mais ces paroles s’expliquent facilement si on les considère comme une prophétie relative au rétablissement des Juifs dans les derniers temps.

Dans une première strophe, le Messie (par la bouche du psalmiste) fait le tableau de ses souffrances (2-22) ; dans la seconde, il appelle les jugements de Dieu sur ses cruels ennemis (23-29) ; dans la troisième, il annonce qu’il pourra rendre grâces à Dieu pour sa propre délivrance et que tous les fidèles auront lieu de s’en réjouir (30-37).

L’expression sur les lys a été expliquée à l’occasion du titre du Ps 45.

Versets 2-3. Sauve-moi, ô Dieu! Car les eaux me viennent jusqu’à l’âme : j’enfonce dans un bourbier épais, où l’on ne peut se tenir ; je suis entré dans des eaux profondes, et le courant m’entraîne.

Ces images d’eaux profondes dans lesquelles on est submergé, d’un bourbier fangeux, où le pied ne peut se poser sans enfoncer, se retrouvent dans d’autres passages pour représenter des afflictions extraordinaires, des difficultés inextricables, une position désespérée. Ps 40.3, 66.12 ; Es 43.2. Aucune image n’aurait pu être mieux choisie pour exprimer les angoisses mystérieuses de notre Sauveur en Gethsémané et sur la croix, alors qu’ayant à soutenir les assauts du Prince des ténèbres et sentant sa faiblesse quant à la chair, se voyant même abandonné par le Père, il pouvait appréhender de succomber dans cette terrible lutte. « Ô mon âme, prosterne-toi dans la poussière devant ton Rédempteur, lorsque l’Esprit te fait entendre dans ce Psaume les supplications et les plaintes du Seigneur de gloire, qui, pour te sauver, est descendu jusqu’à toi! » (Stier). « Pensons fréquemment, dit un commentateur anglais, à celui qui a souffert de la sorte : demandons-nous ce qu’il souffrit et pourquoi il souffrit? La méditation de ces scènes produira en nous une plus grande humiliation au sujet de nos péchés, une conviction plus profonde de la malédiction qu’ils méritent et de la vanité de toute confiance qui ne serait pas fondée sur la grande expiation. Cela nous mettra aussi mieux à même d’apprécier les obligations infinies que nous avons à notre Rédempteur, et nous donnera pour lui plus d’amour et de reconnaissance. » — Selon quelques commentateurs, le psalmiste en disant que les eaux lui viennent jusqu’à l’âme, veut seulement dire qu’elles menacent sa vie. Mais Calvin fait remarquer que cette idée serait bien froide et qu’il faut réellement voir ici des souffrances qui atteignent l’homme dans les profondeurs de son âme.

Verset 4. Je m’épuise à crier, mon gosier est desséché, mes yeux se consument à force d’attendre mon Dieu.

Ces expressions nous rappellent celles de Ps 22.3,16 et les cris dont parle l’Épître aux Hébreux. Hé 5.7[3].

Verset 5. Ils sont plus nombreux que les cheveux de ma tête ceux qui me haïssent sans cause ; ils sont puissants ceux qui veulent me détruire, et qui sont mes ennemis sans sujet ; ce que je n’ai pas ravi, je dois maintenant le rendre.

David savait par expérience ce que c’est que d’être en butte à d’injustes accusations (Comp. 2 S 16.8 ; Ps 35.7,19). « Pour un homme qui a l’âme élevée il est plus dur de perdre son honneur que de subir cent fois la mort » (Calvin). Les Évangiles nous montrent comment notre Seigneur fut haï « sans sujet » par ceux auxquels il n’avait fait aucun mal, qu’il avait au contraire comblés de bienfaits, et condamné sur de faux témoignages ; Jésus lui-même s’applique ces paroles. Jn 15.25. — Les paroles : ce que je n’ai pas ravi, je dois maintenant le rendre, ont peut-être dans leur application à Jésus-Christ, un sens plus profond que celui qu’elles présentent au premier abord. Elles ne signifient pas seulement qu’il était accusé par les hommes de crimes qu’il n’avait point commis, mais aussi qu’il était dans l’obligation de restituer à Dieu la gloire que les hommes lui avaient ravie, en transgressant sa loi et en se révoltant contre lui. Stier et d’autres commentateurs voient ici une allusion à cette satisfaction que le Messie devait offrir à Dieu en lieu et place des pécheurs. « Il a payé pour ceux qui ont enlevé à Dieu sa gloire » (Bossuet). Comp. Mt 20.28 ; 2 Co 5.21.

Verset 6. Toi, ô Dieu, tu sais ce qui en est de ma folie, et mes offenses ne te sont point cachées.

Ce verset peut être expliqué de deux manières : 1° Le psalmiste continue à protester de son innocence, faisant appel au Dieu qui sonde les cœurs et les reins et bien assuré qu’il ne sera pas trouvé coupable (Comp. Ps 7.9-12). Dans ce cas on pourrait paraphraser ainsi ces paroles : « Tu sais s’il y a en moi de la folie, et mes offenses, s’il y en avait, ne te seraient point cachées. » Ainsi entendu, ce verset se rattache d’une manière très naturelle à ceux qui le précèdent et qui le suivent et il s’applique facilement à notre Seigneur dont il est dit qu’il « se remettait à Celui qui juge justement. » 1 Pi 2.23. « Quand les hommes nous accusent injustement, sachons nous contenter du jugement de Dieu et mépriser le monde et tous les diables. C’est ce que faisait St-Paul, 1 Co 4.13 » (Calvin). Nous croyons cependant que si le psalmiste avait voulu exprimer l’idée de son innocence, il l’aurait énoncée plus clairement et nous préférons la seconde explication. 2° Le psalmiste, dans le même moment où il proteste contre les fausses accusations des hommes, reconnaît sa culpabilité devant Dieu. Dans la bouche de David une pareille confession de ses péchés s’explique par la nature des choses. Dans celle de notre Seigneur, ce passage a le même sens que plusieurs autres passages des Psaumes dans lesquels nous le voyons porter le poids des péchés des hommes comme leur représentant ; par exemple : « Mes iniquités m’ont atteint, elles passent en nombre les cheveux de ma tête. » Ps 40.13. Ce verset ainsi entendu se rattache également d’une manière fort naturelle à la fin du verset précédent, où il est question de la satisfaction que le Messie a offerte à la justice divine. « Tu connais la folie et les offenses (des hommes), que j’ai prises sur moi » (Bossuet). — Le mot folie a ici le même sens que dans Ps 38.6.

Verset 7. Qu’ils ne soient point confus en ma personne, ceux qui s’attendent à toi, Seigneur, Éternel des armées! qu’ils ne soient pas couverts de honte en ma personne, ceux qui te cherchent, Dieu d’Israël!

Le psalmiste demande à Dieu de le délivrer, de peur que les autres fidèles ne fussent couverts de confusion en sa personne, c’est-à-dire découragés et ébranlés par le spectacle de sa ruine. « David rappelle que sa personne était en vue de telle sorte que les autres hommes pieux devaient trouver dans sa destinée un motif d’espérer ou de désespérer » (Calvin). « Quand un serviteur de Dieu est affligé, il n’est jamais seul en cause. Quand un membre du corps de Christ souffre, les autres souffrent avec lui. 1 Co 12.26. » (Tholûck).

Verset 8. Car c’est à cause de toi que je porte l’opprobre, et que la honte couvre mon visage.

Le Messie (par la bouche du psalmiste) déclare qu’il était persécuté par les hommes, non pas seulement injustement, mais pour la cause de Dieu. L’expression : à cause de toi est très bien expliquée par Abenesra : parce que je suis ton serviteur. « Notre confiance est doublée lorsque c’est à cause de la confession de notre foi que le monde nous est hostile » (Calvin). — Le second hémistiche rappelle les outrages dont notre Sauveur fut l’objet. Mt 26.67 (Comp. Es 50.6).

Verset 9. Je suis devenu un étranger pour mes frères, un inconnu pour les enfants de ma mère ;

Cette plainte prophétique du Messie sur l’abandon de ses plus proches, fut justifiée par l’incrédulité de ses frères selon la chair (Jn 7.5), par la lâcheté de ses Apôtres et par la conduite de la nation juive en général. Jn 1.11 (Comp. Ps 27.10, 38.12).

Verset 10. parce que le zèle pour ta maison me dévore : et les outrages de ceux qui t’outragent tombent sur moi.

Ce verset contient le développement des mots : à cause de toi. — Par la maison de Dieu il faut entendre, non seulement le temple proprement dit, mais en général le culte qui s’y célébrait, le service de Dieu, la gloire de Dieu ; mais ces paroles s’accomplirent à la lettre lorsque Jésus expulsa les vendeurs qui s’étaient établis dans le temple de Jérusalem. Jn 2.17. « Les méchants sont particulièrement acharnés contre la parole de Dieu, parce qu’ils ne veulent pas la prendre pour règle de leur vie, et contre l’Église, qui est la gardienne de cette parole » (Calvin). — Quelques commentateurs croient que le mot dévorer doit s’entendre des persécutions que le fidèle serviteur de Dieu avait à souffrir à cause de son zèle, mais il est plus simple d’y voir l’expression de l’état de son âme. C’est dans le même sens que le psalmiste dit : « Mon zèle me consume, parce que mes adversaires oublient tes paroles. » Ps 119.139. « David, s’oubliant lui-même, était principalement affligé des outrages qui tombaient sur Dieu. Nous n’aurons jamais un zèle fervent jusqu’à ce que nous ayons appris à faire abstraction de notre propre réputation » (Calvin). — St-Paul cite le second hémistiche de ce verset en exhortant les chrétiens de Rome à suivre l’exemple de Jésus-Christ. Rm 15.3. « Lorsqu’il s’agissait de défendre le nom de son Père, Jésus-Christ, en la personne duquel la majesté divine brillait tout entière, n’a pas refusé de s’exposer à toutes sortes d’outrages ; combien donc ne serait-il pas honteux de notre part de vouloir nous soustraire à un sort pareil » (Calvin).

Verset 11. Je pleure, mon âme est dans le jeûne, et cela même m’est en opprobre ;

Ces paroles mon âme est dans le jeûne doivent représenter principalement un sentiment, l’humiliation du cœur, mais elles peuvent aussi s’être accomplies littéralement, car il est bien probable que notre Seigneur a lui-même pratiqué le jeûne qu’il recommandait à ses disciples. Mt 6.16, 17.21[4]. (Comp. Ps 35.13).

Verset 12. je prends le sac pour mon vêtement, et je deviens pour eux un proverbe.

Calvin fait remarquer que le serviteur de Dieu ne se défend pas contre ses ennemis en leur rendant mal pour mal, injure pour injure ; il n’emploie d’autres armes que le jeûne, la prière et l’humiliation (Comp. Ps 35.13). — Sur l’expression sac, voyez l’explication de Ps 30.12. — Pour le second hémistiche, comp. Ps 44.15.

Verset 13. C’est de moi que s’entretiennent ceux qui sont assis à la porte, et je sers de chanson aux buveurs de cervoise.

Chez les Hébreux c’était aux portes des villes que se prononçaient les jugements et que se traitaient en général les affaires importantes (voyez Jos 20.4) ; il s’agit donc dans le premier hémistiche des outrages dont le fidèle était l’objet de la part des principaux de la nation, tandis que le second fait probablement allusion à la conduite des classes inférieures. Les Évangiles nous montrent notre Seigneur en butte aux injures de toutes sortes de personnes.

Verset 14. Pour moi, c’est toi que j’invoque, ô Éternel! au temps de la bienveillance : Exauce-moi, ô Dieu, en ta grande bonté, en la fidélité de ta délivrance !

Calvin explique très bien comment cette prière du serviteur de Dieu se lie au verset précédent : « Se trouvant exclu du monde, il se tourne vers Dieu. » — Le second hémistiche se compose en hébreu seulement de ces mots : « temps de la bienveillance » et l’on ne voit pas clairement comment il se rattache au premier. Rosenmüller supplée une préposition (dans, au) et cette explication nous paraît la plus simple. Le psalmiste adresse à Dieu une prière et il espère fermement qu’elle sera exaucée, parce qu’il sait que Dieu est disposé favorablement à son égard. Stier et Hengstenberg pensent que le second hémistiche indique plutôt le sujet de la prière : le sens serait alors celui-ci : « Je t’invoque pour que tu m’accordes un temps de bienveillance. » — Dans le quatrième hémistiche, le fidèle dit qu’il se sent encouragé à prier par la considération de la nature de Dieu et de ses perfections.

Versets 15-16. Tire-moi de la fange et que je n’y enfonce point, que je sois délivré de ceux qui me haïssent et des eaux profondes! Que le courant des eaux ne m’entraîne pas, que le gouffre ne m’engloutisse pas, et que le puits ne ferme pas sa gueule sur moi!

Ce verset et le suivant reproduisent plusieurs des expressions employées par le psalmiste dans les premiers versets : mais là il n’avait fait que décrire ses grandes souffrances ; ici, il demande à Dieu de l’en délivrer.

Verset 17. Exauce-moi, ô Éternel! car ta bonté est extrême, tourne-toi vers moi, selon tes grandes compassions!

« Il faut lutter pour être en état de croire que Dieu nous est propice lors même que nous reconnaissons qu’il est irrité contre nous » (Calvin).

Verset 18. Ne cache pas ta face à ton serviteur ; car je suis en détresse ; hâte-toi de me répondre!

L’expression : cacher la face, se retrouve dans Ps 10.11, 13.2, 22.25. — Le nom de serviteur de Dieu est l’un ceux qui sont donnés au Messie dans l’Ancien Testament. Es 42.1, 53.11. (Comp. Ph 2.7-8).

Verset 19. Approche-toi de mon âme, délivre-la ; à cause de mes ennemis, rachète-moi!

L’expression : approche-toi, nous rappelle celle de Ps 22.2, « Tu te tiens loin de ma délivrance. » — Le Messie parle de son âme, parce que c’était surtout dans cette partie de lui-même qu’il portait le fardeau de nos péchés ; c’est pourquoi il s’écriait en Gethsémané : « Mon âme est saisie d’une tristesse mortelle. » Mt 26.38.

Verset 20. Toi, tu connais mon opprobre, ma confusion, ma honte tous mes persécuteurs sont devant toi.

« On tomberait facilement dans le désespoir si l’on oubliait que Dieu voit » (Calvin).

Verset 21. L’opprobre me brise le cœur, je suis en défaillance ; j’attends de la pitié et il n’y en a point, des consolateurs et je n’en trouve point.

Ces expressions sont d’une grande force et rappellent le tableau de la passion dans Ps 22.15. « Elles nous montrent que si le fidèle a remporté la victoire, ce n’est pas sans lutte » (Calvin). — Le second et le troisième hémistiche reproduisent l’idée d’abandon, d’isolement, exprimée au v. 9.

Verset 22. Ils me donnent pour nourriture du fiel, et pour ma soif, ils me font boire du vinaigre.

C’est là encore un trait qui a eu son accomplissement littéral dans la passion de notre Sauveur. « Ils lui donnèrent à boire du vinaigre mêlé avec du fiel. » Mt 27.34. — Le mot hébreu (rosch) que nous rendons par fiel n’a pas une signification parfaitement connue ; cependant comme on le trouve employé pour désigner une substance amère, on peut lui laisser ce sens qui lui a été donné par les Septante et d’autres anciennes versions.

Verset 23. Que leur table devienne devant eux un piège, et, pour rétribution, un filet!

Nous avons expliqué dans l’introduction à ce Psaume comment les vœux que nous trouvons exprimés dans ce verset et les suivants peuvent se concilier avec la charité de notre Sauveur et avec ses préceptes sur l’amour des ennemis. Rien n’empêche donc de considérer ces paroles à la fois comme une prophétie et comme un vœu, mais comme un vœu auquel il ne se mêlait aucune irritation, aucun ressentiment. Nous ajouterons seulement une remarque fort juste que fait Luther pour prévenir l’abus que des hommes vindicatifs pourraient faire de passages semblables : « Commence par devenir un St-Pierre, un St-Paul, un David, un Élisée ; alors il te sera aussi permis de proférer des malédictions au nom de Dieu. » — L’expression : table comprend probablement l’ensemble des biens temporels dont les impénitents peuvent être en possession. — Le mot qui commence le second hémistiche dans le texte hébreu a été traduit de deux manières. Les Septante et d’autres anciennes versions lui donnent le sens de récompense, rétribution, et St-Paul s’est conformé à cette traduction dans la citation qu’il fait de ce passage. Rm 11.9. C’est aussi la traduction que nous avons préférée, quoique le mot hébreu en question (chelomim) diffère légèrement du mot (chiloumim) qui est ordinairement employé pour exprimer l’idée de rétribution. À cause de cette différence, Hengstenberg et d’autres commentateurs modernes traduisent : « Que leur table devienne devant eux un piège et, pour les insouciants, un filet. » Cette traduction se justifie très bien, parce que le terme hébreu dont il s’agit s’emploie en parlant de gens qui sont dans un état de paix et de sécurité. On ne peut pas alléguer contre elle la citation de St-Paul, car nous savons que les Apôtres avaient l’habitude de suivre la version des Septante, même dans des cas où cette version s’écartait du sens littéral (Voyez l’explication de Ps 2.9). Cependant il nous paraît probable que dans ce passage-ci les Septante ont bien réellement rendu le sens de l’original. Il pouvait exister en hébreu deux mots différents, mais très semblables l’un à l’autre, pour exprimer la notion de rétribution. Il nous paraît probable que si l’auteur avait voulu signaler chez les ennemis de Dieu et de son peuple un nouveau caractère (l’insouciance, la fausse sécurité), il ne se serait pas contenté pour cela d’un seul mot, jeté en quelque sorte en passant, mais que cette idée aurait été exprimée d’une manière positive, soit dans ce verset, soit dans ceux qui le suivent.

Verset 24. Que leurs yeux s’obscurcissent, pour ne plus voir, et fais continuellement trembler leurs reins!

Des jugements semblables se trouvent déjà annoncés au peuple juif par la bouche de Moïse. Dt 28.65. (Comp. Mt 13.13). L’aveuglement prolongé de ce peuple, sa persistance jusqu’à aujourd’hui à ne pas reconnaître Jésus de Nazareth pour le Messie, sont un bien frappant accomplissement de cette prophétie. — Les reins sont mentionnés comme siège de la force corporelle.

Verset 25. Répands sur eux ton courroux, et que l’ardeur de ta colère les atteigne!

Sur la colère de Dieu. Comp. Ps 2.12.

Verset 26. Que leur demeure devienne déserte, et que dans leurs tentes il n’y ait pas d’habitants!

Cette prédiction est citée par St-Pierre (Ac 1.20), comme s’appliquant au traître Judas. Mais elle concernait aussi sans doute la nation juive tout entière, dont ce malheureux apôtre était l’un des principaux représentants. Ces paroles ont trouvé leur accomplissement dans la destruction de Jérusalem par les Romains et dans la dispersion du peuple d’Israël. Il est probable que Jésus faisait allusion à ce même passage quand il disait aux Juifs : « Votre maison va devenir déserte. » Mt 23.38. « Tout cela est arrivé dans cette même ville de Jérusalem où les Juifs se croyaient si puissants, lors qu’ils criaient contre le Fils de Dieu : Crucifie-le. La ville fut prise d’assaut, les Juifs furent entièrement battus, et je ne sais combien de milliers d’entre eux furent tués. Maintenant il n’est permis à aucun Juif d’aller à Jérusalem : dans ce même lieu où ils ont crié contre le Seigneur, le Seigneur ne leur permet pas de demeurer » (St-Augustin).

Verset 27. Car ils ont poursuivi celui que tu avais frappé, et ils ont ajouté à la douleur de ceux que tu avais blessés.

Les mots : celui que tu avais frappé, nous rappellent d’autres passages où le Messie nous est représenté comme ayant été « battu de Dieu. » Es 53.4-5,10 ; Za 13.7. — Dans le second hémistiche, le mot qui désigne les victimes est au pluriel, probablement parce que cette prédiction concernait aussi les premiers fidèles qui furent persécutés et mis à mort comme leur divin Maître, et dont les souffrances avaient également été arrêtées dans les conseils de Dieu. — Le verbe (sapar) qui exprime l’action des ennemis des fidèles dans le second hémistiche signifie ordinairement parler, raconter, mais de cette notion peut découler facilement celle d’énumérer, compter, ajouter, et c’est ainsi que l’on peut justifier la version des Septante que nous avons cru devoir conserver. Plusieurs commentateurs modernes laissent à ce verbe son sens ordinaire et traduisent : « ils s’entretiennent de la douleur de ceux que tu avais blessés » (c’est-à-dire : les souffrances des fidèles sont pour eux un agréable sujet d’entretien, ils en parlent avec une joie maligne). Ce qui nous fait préférer la première traduction, c’est que la préposition qui se trouve en hébreu (el) après le verbe dont il s’agit ne s’emploie guère pour indiquer le sujet d’un entretien.

Verset 28. Fais qu’ils commettent iniquité sur iniquité, et qu’ils ne parviennent point à ta justice ;

La traduction littérale du premier hémistiche serait : « Donne l’iniquité par-dessus leur iniquité. » Luther l’a très bien rendu en disant : « Fais qu’ils tombent d’un péché dans l’autre. » Nous voyons plus d’une fois dans la Bible l’endurcissement du pécheur présenté comme un châtiment de Dieu. Ex 9.12 ; Mt 13.11-15. Comp. aussi l’explication de Ps 51.6. C’est une vérité assurément bien effrayante et que nous avons même quelque peine à concilier avec l’idée de la bonté de Dieu ; néanmoins nous devons la recevoir avec soumission telle que l’Écriture nous l’enseigne, sans nous permettre de l’affaiblir et de la mitiger en aucune manière. « Il y aurait légèreté à vouloir modifier cette expression pour lui ôter son apparence d’absurdité. Il n’y a pas besoin de ces sottises pour justifier Dieu ; il nous doit suffire de savoir que, lorsqu’il frappe d’aveuglement les réprouvés, il a de justes raisons pour le faire » (Calvin). — La justice à laquelle les ennemis du Messie et de ses rachetés ne parviendront pas, c’est celle dont l’homme a besoin devant Dieu. C’est dans le même sens que St-Paul dit : « Israël n’est point parvenu à la loi de la justice. » Rm 9.31.

Verset 29. qu’ils soient effacés du livre de vie et qu’ils ne soient point inscrits avec les justes!

Cette image d’un livre dans lequel sont inscrits les noms des élus se retrouve dans Ex 32.32 ; Dn 12.1 ; Ph 4.3 ; Ap 20.15. — Les explications de St-Augustin et de Calvin nous montrent comment doit être comprise l’expression être effacé du livre de vie, qui a quelque chose d’un peu étrange : « Ces paroles ne doivent pas s’entendre comme si Dieu effaçait quelqu’un du livre de vie après l’y avoir inscrit. Comment donc est-il dit de ces hommes qu’ils seront effacés du livre de vie, puisqu’ils n’y ont jamais été inscrits? Cela est dit relativement à leur propre espérance, parce qu’ils s’imaginaient y être inscrits, et cela signifie que, pour eux-mêmes, il deviendra évident qu’ils ne l’étaient pas » (St-Augustin). « Le livre de vie n’est pas autre chose que le décret éternel de Dieu par lequel il a prédestiné les siens au salut. Il est certain que rien ne peut y être changé. Mais comme l’élection éternelle de Dieu est incompréhensible, c’est au point de vue humain que l’on dit de ceux que Dieu enregistre dans son peuple par des signes bien positifs, qu’ils sont inscrits dans le livre de vie. Et c’est par la même raison que l’on dit de ceux que Dieu a ouvertement exclus et retranchés de son Église, qu’ils sont effacés de ce livre » (Calvin).

Verset 30. Moi, je suis misérable et souffrant : ta délivrance, ô Dieu, me placera en un lieu élevé.

Le serviteur de Dieu voit par les yeux de la foi sa délivrance comme déjà accomplie ; dans la seconde strophe, il a exposé les conséquences de cette délivrance pour les rebelles ; dans celle-ci, il annonce qu’elle sera un grand sujet de joie pour la portion fidèle du peuple d’Israël et pour la terre entière. Cette troisième strophe a beaucoup de rapports avec la seconde partie du Ps 22. — Ce verset commence par des accents plaintifs, mais il se termine par un chant de triomphe. Des transitions semblables sont fréquentes dans les Psaumes. — L’expression en un lieu élevé rappelle cette autre prophétie relative à la glorification du Messie : « L’Éternel a dit à mon Seigneur : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis ton marchepied. » Ps 110.1. « Dieu l’a souverainement ÉLEVÉ et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou se ploie. » Ph 2.9-10.

Verset 31. Je veux célébrer le nom de Dieu par des cantiques, le magnifier par des actions de grâces.

Ce verset rappelle Ps 22.23-26, 40.4,17.

Verset 32. Et cela plaira à l’Éternel mieux que le bœuf, mieux que le taureau qui a cornes et sabots.

Un taureau ayant cornes et sabots signifie probablement une victime conforme aux prescriptions de la loi cérémonielle. Le psalmiste rappelle ici, comme il le fait souvent, que ce n’était pas assez de se conformer à ces prescriptions et que ce que Dieu exigeait avant tout, c’était le sacrifice du cœur. Comp. Ps 50.8-15, 51.17-19. « C’est un grand encouragement à louer Dieu que de savoir que nos louanges lui sont agréables » (Calvin).

Verset 33. Les débonnaires l’ont vu et ils se réjouiront : vous qui cherchez Dieu, votre cœur vivra.

Les débonnaires, expression expliquée à l’occasion de Ps 9.19. — Ce verset rappelle d’une manière frappante le verset 27 du Ps 22. Ces ressemblances et toutes celles que nous avons déjà pu remarquer prouvent évidemment que ces deux Psaumes sont du même auteur (David) et qu’ils se rapportent au même sujet (le Messie souffrant). — Le premier verbe est au passé, mais Kimchi fait remarquer avec raison que c’est le passé prophétique qui a la valeur du futur.

Verset 34. Car l’Éternel écoute les misérables, et ne méprise point ses captifs.

Ces expressions rappellent encore le verset 25 du Ps.22. — L’affliction étant quelquefois comparée à une prison (voyez l’explication de Ps 14.7), l’expression ses captifs ne doit pas être nécessairement prise à la lettre ; le psalmiste veut parler simplement de ceux que Dieu visite par des épreuves sévères et prolongées.

Verset 35. Les cieux et la terre le loueront, la mer et tout ce qui s’y meut.

On pourrait supposer, avec la paraphrase chaldéenne, que l’invitation du psalmiste à louer l’Éternel est adressée aux habitants des cieux (les anges) et aux habitants de la terre et de la mer (les hommes, les navigateurs). Nous croyons plutôt que les expressions cieux, terre, mer doivent être prises à la lettre et que ce passage est de ceux dans lesquels la création tout entière est représentée comme devant s’intéresser aux destinées de l’homme, puisqu’elle doit participer à son glorieux relèvement aussi bien qu’elle a été entraînée dans sa chute. Rm 8.19-21 ; Dt 32.1 ; Es 1.2.

Verset 36. Car Dieu délivrera Sion, et il rebâtira les villes de Juda ; on y habitera et on les possédera.

Ce verset et le suivant auront leur accomplissement littéral par rapport à Jérusalem et aux autres villes de la Judée à l’époque de la restauration d’Israël. Mais ces promesses, prises au sens spirituel, concernent aussi l’Église de la nouvelle alliance, qui est fréquemment représentée sous l’image d’un édifice. Comp. 1 Co 3.10. « Souvenons-nous que le pays de Canaan était une figure de la patrie céleste ; c’est pourquoi les choses qui sont ici écrites, touchant la conservation de l’Église (israélite), s’accomplissent aujourd’hui d’une manière encore plus vraie et plus durable ; il n’est pas à craindre que la construction de ce temple spirituel (l’Église de la nouvelle alliance), dans lequel la vertu céleste de Dieu s’est manifestée, soit jamais arrêtée » (Calvin).

Verset 37. La postérité de ses serviteurs la possédera, et ceux qui aiment son nom y habiteront.

Ces paroles rappellent encore la fin du Ps 22. — C’est de Jérusalem que le psalmiste veut parler quand il dit : on la possédera et on y habitera.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 447-463


[1] Comp. le verset 5 avec Jn 15 25 ; le verset 10 avec Jn 2 17 ; Rm 15.13 ; le verset 22 avec Mt 27.34 ; les versets 23 et 24 avec Rm 11.9-10 ; le verset 26 avec Ac 1.20.

[2] Cette observation s’applique d’ailleurs à l’esprit général d’Hengstenberg et de son école dans l’interprétation des prophéties. Cette école a rendu d’immenses services à l’Église en réhabilitant l’Ancien Testament et en établissant que toutes les parties des Saintes Écritures sont étroitement liées entre elles. Nous croyons qu’elle ferait plus de bien encore si elle acceptait plus habituellement les déclarations du volume sacré dans leur sens simple et littéral. Il nous semble quelquefois qu’elle fait au rationalisme des concessions qui ne sont pas sans danger et qu’elle se donne trop de peine pour faire accepter au monde des choses qui seront toujours folie à ses yeux.

[3] Le second hémistiche devrait se traduire littéralement : mes yeux se consument, moi attendant mon Dieu, car le verbe (attendre) est au participe. Les Septante et d’autres anciennes versions ont traduit comme si ce verbe était à l’infinitif précédé d’une préposition : mes yeux se consument à force d’attendre mon Dieu. Cette traduction n’est pas tout à fait littérale, mais elle exprime probablement la pensée de l’auteur et c’est celle que nous avons préférée. L’affaiblissement de la vue est quelquefois représenté comme l’effet d’un état prolongé de tristesse et d’inquiétude. Ps 6.8, 13.4.

[4] Quelques versions portent : je pleure dans le jeûne de mon âme ; mais cette traduction est moins littérale.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

×