- Pour le Maître -Chantre. Ne détruis pas. Pour David. Cantique d’or. Lorsqu’il s’enfuit de devant Saül dans la caverne.
- Aie pitié de moi, ô Dieu! aie pitié de moi. Car c’est en toi que mon âme se réfugie, et c’est à l’ombre de tes ailes que je me réfugie, jusqu’à ce que les calamités soient passées.
- Je crie à Dieu, au Très-Haut, à Dieu qui achève tout pour moi.
- Il enverra des cieux et me sauvera… — prêt à m’engloutir, il profère des outrages (Sélah) — Dieu enverra sa grâce et sa fidélité.
- Ma personne est au milieu des lions ; je dois me coucher parmi ceux qui lancent des flammes, parmi des fils d’hommes dont les dents sont des lances et des flèches, et la langue une épée tranchante.
- Élève-toi, ô Dieu, sur les cieux! Sur toute la terre est ta gloire!
- Ils avaient tendu un filet sous mes pas, mon âme succombait ; ils avaient creusé devant moi une fosse, ils y sont tombés eux-mêmes (Sélah).
- Mon cœur est ferme, ô Dieu! Mon cœur est ferme! Je chanterai des hymnes et des cantiques.
- Éveille-toi, ma gloire ; éveillez-vous, harpe et guitare! Je veux réveiller l’aurore.
- Je te célébrerai parmi les peuples, ô Seigneur, je te chanterai parmi les nations!
- Car ton amour s’élève jusqu’aux deux et ta fidélité jusqu’aux nues.
- Élève-toi, ô Dieu, sur les cieux! Sur toute la terre est ta gloire!
Les livres historiques nous rapportent que David entra deux fois dans une caverne pour se cacher de devant Saül, la première fois dans la caverne d’Adullam (1 S 22.1), la seconde dans la caverne d’Enguedi qui était située dans une contrée sauvage et montagneuse sur les bords de la mer Morte. 1 S 24.1-4. Nous pensons, comme la plupart des commentateurs, que c’est à cette dernière circonstance qu’il faut rapporter la composition de ce Psaume, parce que c’est alors que le psalmiste se trouva dans le danger le plus pressant. Hengstenberg le rapporte à sa retraite dans la caverne d’Adullam, parce que cet événement eut lieu immédiatement après sa captivité à Gath, qui fait le sujet du Psaume précédent ; mais cette raison ne nous paraît pas assez forte pour nous porter à abandonner l’opinion ordinaire. Quoi qu’il en soit, ce cantique est aussi remarquable par ses beautés poétiques que par les sentiments qu’il exprime ; nous y voyons la foi du psalmiste s’élever graduellement de la plainte jusqu’au chant de triomphe. « Quel contraste entre Saül s’avançant orgueilleusement en rase campagne et David priant dans la caverne! Le cœur de Saül est rempli de sombres pensées, celui de David joyeux et serein ; Saül court à l’aventure partout où ses passions l’entraînent, David s’appuie sur le roc, assuré qu’il est de la bonté de sa cause ; Saül fait retentir le désert de malédictions et de cris sauvages, David prie et chante des cantiques. Qui n’aimerait mieux avoir sa part avec David et avec tous les serviteurs de Dieu que de l’avoir avec le monde? » (Roos). Dans ce Psaume pas plus que dans les précédents, notre pensée ne doit s’arrêter à la personne de David. Déjà dans l’Église des premiers siècles, on considérait ce trait de son histoire comme préfigurant les persécutions que notre Seigneur eut à endurer de la part des Juifs, et dans la caverne, on voyait son tombeau. St-Augustin s’écrie : « Voilà ce qu’ils t’ont fait, Seigneur! Car en la personne du prophète c’est le Seigneur qui parle et qui lui dicte la vérité qu’il doit publier. Le prophète voit en esprit le Seigneur humilié, frappé de verges, couronné d’épines, suspendu au bois. » Aussi l’Église anglicane a mis ce Psaume au nombre de ceux qui doivent se lire le jour de Pâques.
Les rabbins Kimchi et Jarchi et la plupart des commentateurs modernes croient que ces mots « ne détruis pas » ont été placés dans le titre dans l’intention de donner un sommaire du Psaume. Cette explication nous paraît plus naturelle que celle d’Abenesra qui pense qu’ils indiquent la mélodie sur laquelle le Psaume aurait dû se chanter. — Sur Cantique d’or voyez Ps 16.
Les versets 6 et 12 qui sont identiques, forment un refrain par lequel le Psaume se trouve coupé en deux strophes, dans chacune desquelles le poète sacré, après avoir dépeint le danger dans lequel il se trouve, exprime la ferme assurance qu’il en sera délivré par la puissance de son Dieu.
Verset 2. Aie pitié de moi, ô Dieu! aie pitié de moi. Car c’est en toi que mon âme se réfugie, et c’est à l’ombre de tes ailes que je me réfugie, jusqu’à ce que les calamités soient passées.
Calvin fait remarquer que la répétition des mots « aie pitié de moi » fait connaître à quel point David était angoissé. — Nous avons déjà vu dans d’autres Psaumes (Ps 17.8 et 36.8) cette belle et touchante image des ailes de l’Éternel.
Verset 3. Je crie à Dieu, au Très-Haut, à Dieu qui achève tout pour moi.
Le psalmiste se plaît à appeler Dieu le Très-Haut (en hébreu Elion), parce que c’est le nom qui, de tous, lui rappelait le mieux cette puissance suprême qui devait le délivrer de la main de ses ennemis. — En l’appelant ensuite le Dieu qui achève tout pour moi, il tient le même langage que St-Paul dans l’Épître aux Philippiens. Ph 1.6. — « L’espérance donne naissance à la prière. Il n’est pas possible que ceux qui espèrent en Dieu ne lui adressent pas des prières » (Calvin).
Verset 4. Il enverra des cieux et me sauvera… — prêt à m’engloutir, il profère des outrages (Sélah) — Dieu enverra sa grâce et sa fidélité.
La pensée du psalmiste n’est pas exprimée complètement dans le premier hémistiche ; il était sur le point de dire que Dieu enverrait à son secours sa grâce et sa fidélité (comme il le dit en effet dans le troisième hémistiche), lorsque ses redoutables ennemis se présentent de nouveau à sa pensée ; il s’interrompt, saisi d’effroi, pour prononcer les paroles du second hémistiche qui forment ainsi une parenthèse. Cette construction nous paraît la plus simple. Quelques commentateurs pensent qu’après il enverra des cieux, il faut suppléer : sa main (comp. Ps 144.7), ou bien : ses anges (Ps 91.11). — Pour le sens du troisième hémistiche voir l’explication de Ps 25.10, 42.9.[1]
Verset 5. Ma personne est au milieu des lions ; je dois me coucher parmi ceux qui lancent des flammes, parmi des fils d’hommes dont les dents sont des lances et des flèches, et la langue une épée tranchante.
Le psalmiste, pour dépeindre la violence de ses ennemis, les compare aux animaux les plus redoutables, à l’élément le plus dévorant et à l’arme la plus tranchante. Voyez des images semblables dans Ps 10.9, 22.14, 55.22 ; Jl 2.3.
Verset 6. Élève-toi, ô Dieu, sur les cieux! Sur toute la terre est ta gloire!
David demande à Dieu de manifester sa gloire d’une manière éclatante en le délivrant de ses ennemis. Comp. Ps 7.7-8, 21.14, 29.1. — « C’est pour nous une très grande consolation de savoir que la gloire de Dieu est intéressée à ce qu’il vienne à notre secours et que les injures des impies s’adressent à lui aussi bien qu’à nous » (Calvin).
Verset 7. Ils avaient tendu un filet sous mes pas, mon âme succombait ; ils avaient creusé devant moi une fosse, ils y sont tombés eux-mêmes (Sélah).
La pensée des deux derniers hémistiches se retrouve Ps 7.16.
Verset 8. Mon cœur est ferme, ô Dieu! Mon cœur est ferme! Je chanterai des hymnes et des cantiques.
La répétition des paroles « mon cœur est ferme » indique que la joie et l’espérance se trouvaient à un haut degré dans le cœur du psalmiste. — Sur le cœur ferme voyez Ps 51.12.
Verset 9. Éveille-toi, ma gloire ; éveillez-vous, harpe et guitare! Je veux réveiller l’aurore.
Ici, comme dans quelques autres passages, la gloire signifie probablement l’âme. Comp. Ps 30.13. — Dans la plupart des versions anciennes et modernes, le troisième hémistiche est traduit : je m’éveillerai à l’aurore, mais en traduisant avec Jarchi et Hengstenberg : j’éveillerai (c’est à dire je préviendrai) l’aurore, on obtient à la fois une pensée plus poétique et une traduction plus littérale. Le psalmiste veut dire qu’il n’attendra pas l’aurore pour chanter les louanges de Dieu. — Sur les instruments de musique, voyez l’explication de Ps 4.1.
Verset 10. Je te célébrerai parmi les peuples, ô Seigneur, je te chanterai parmi les nations!
« La résurrection de Jésus-Christ préfigurée par la délivrance de David devait être célébrée par toutes les nations qui en recueillent les fruits ; c’est ce que font les membres de l’Église anglicane, quand ils chantent ce Psaume le jour de Pâques » (Home). Comp. Ps 18.50.
Verset 11. Car ton amour s’élève jusqu’aux deux et ta fidélité jusqu’aux nues.
La même pensée se trouve Ps 36.6, 103.11.
Verset 12. Élève-toi, ô Dieu, sur les cieux! Sur toute la terre est ta gloire!
Comp. verset 6.
[1] Nous avons adopté pour le second hémistiche la traduction préférée par les commentateurs modernes. Dans celle des anciennes versions : il couvre de honte celui qui veut m’engloutir, le premier verbe se rapporte à Dieu et on obtient également un sens très naturel ; mais dans aucun autre passage de l’Ancien Testament ce verbe (karaf) n’est employé en parlant de Dieu. Il est à remarquer aussi qu’il n’est pas au futur comme les trois autres verbes du verset.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 372-376