Psaume. Pour Asaph.
- Dieu, le grand Dieu, l’Éternel parle, il appelle la terre, du soleil levant jusqu’à son coucher.
- De Sion, parfaite en beauté, Dieu fait paraître sa splendeur.
- Notre Dieu viendra et ne saurait se taire. Devant lui un feu dévore, et autour de lui il y a grosse tempête.
- Il appelle les cieux en haut et la terre pour juger son peuple.
- Rassemblez-moi mes adorateurs, qui font alliance avec moi par le sacrifice.
- Et les cieux annonceront sa justice, car c’est Dieu lui-même qui juge (Sélah).
- Écoute, mon peuple, je vais parler : Israël, je vais témoigner contre toi : je suis Dieu, ton Dieu.
- Ce n’est pas pour tes sacrifices que je te reprends ; tes holocaustes sont constamment devant moi ;
- je ne prends pas de ta maison de jeunes taureaux ni de tes parcs des boucs ;
- car à moi sont toutes les bêtes des forêts, les animaux des montagnes par milliers ;
- je connais tous les oiseaux des montagnes, et je dispose de ce qui se meut dans les champs.
- Si j’avais faim, je ne t’en dirais rien, car le monde est à moi avec ce qu’il renferme.
- Mangerais-je la chair des taureaux? boirais-je le sang des boucs?
- Offre à Dieu pour sacrifice la louange et accomplis tes vœux envers le Très-Haut ;
- invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai et tu me glorifieras.
- Et Dieu dit au méchant : Est-ce à toi de réciter mes statuts et d’avoir à la bouche mon alliance,
- tandis que tu hais la correction et que tu jettes mes paroles derrière toi?
- Si tu vois un voleur, tu te plais avec lui et c’est ta portion d’être avec les adultères.
- Tu laisses aller ta bouche au mal et ta langue ourdit la fraude.
- Tu t’assieds, tu parles contre ton frère, tu calomnies le fils de ta mère.
- Voilà ce que tu as fait et je me suis tu. Tu t’es imaginé que j’étais tel que toi ; je te châtierai et j’exposerai devant tes yeux.
- Considérez bien ces choses, vous qui oubliez Dieu, de peur que je ne dévore, sans que personne délivre.
- Celui qui offre pour sacrifice la louange me glorifie, et à celui qui règle sa voie je ferai voir la délivrance de Dieu.
Ce Psaume, très remarquable par l’élévation des pensées et la majesté du style, annonce les jugements de Dieu à ceux des Israélites qui, se reposant sur l’observation de la loi cérémonielle, se croyaient dispensés de soumettre leur cœur et leur vie à la loi morale. Nous avons déjà vu un ordre d’idées semblable dans les Psaumes 15 et 24. Ces menaces se sont déjà accomplies en partie dans les grandes catastrophes qui ont frappé le peuple d’Israël, mais elles se rapportent sans aucun doute principalement au jugement solennel qui aura lieu sur ce peuple lors de la seconde venue du Messie. Comp. So 3.11-13 ; Za 13.8-9. C’est à tort que les commentateurs juifs rapportent ce Psaume aux jugements de Dieu sur les nations. Mais il demeure vrai que les fidèles de la nouvelle alliance doivent aussi y trouver un sérieux avertissement. L’homme est porté dans tous les temps à se contenter d’une profession extérieure de fidélité au service de Dieu et à s’arrêter à la lettre de la loi sans pénétrer jusqu’à l’esprit. « Si Dieu a châtié si sévèrement chez les Juifs la confiance charnelle que beaucoup d’entre eux mettaient dans les cérémonies de la loi, dans le temple, dans les sacrifices, comment échapperons-nous si nous négligeons le salut qui nous est prêché? » (Rieger). Comp. 1 Sa 15.22 ; Es 1.11-18.
Ce Psaume est le premier dans le titre duquel apparaît le nom d’Asaph, auquel probablement son exécution était confiée. Voyez l’Introduction chap. III.
La première strophe forme une introduction destinée à faire sentir l’importance du message que le psalmiste va prononcer de la part de l’Éternel (1-6). La seconde fait comprendre que Dieu doit demander à son peuple quelque chose de plus que l’observation de la loi cérémonielle (7-15), et la troisième fait sentir aux transgresseurs de la loi combien leur conduite était en contradiction avec la profession qu’ils faisaient d’appartenir au peuple de Dieu (16-23).
Verset 1. Dieu, le grand Dieu, l’Éternel parle, il appelle la terre, du soleil levant jusqu’à son coucher.
St- Augustin commence son explication de ce Psaume en disant : « Que chacun s’examine soi-même pendant qu’il en est temps, car vous voyez que Dieu ne flatte personne et qu’il n’épargnera assurément pas ceux qui vivent dans le mal et qui ne gardent pas sa parole. » — Le second mot du verset dans l’original est celui que nous traduisons ordinairement par « Dieu » mais nous avons dû ajouter un adjectif, pour faire sentir dans notre langue la gradation que l’auteur a voulu établir entre les trois noms de Dieu. Comp. Jos 22.22.
Verset 2. De Sion, parfaite en beauté, Dieu fait paraître sa splendeur.
Sur le rôle que doit jouer Sion dans l’histoire du royaume de Dieu, voyez Ps 2.6. « Afin que personne n’objecte que le prophète voulait renverser le culte prescrit par Moïse, il déclare positivement que le jugement qu’il annonce émanerait de Sion, ce qui impliquait qu’il serait d’accord avec la loi » (Calvin). — L’épithète donnée à Jérusalem rappelle Ps 48.3. — Le second hémistiche doit être comparé avec Ps 80.2, 94.1.
Verset 3. Notre Dieu viendra et ne saurait se taire. Devant lui un feu dévore, et autour de lui il y a grosse tempête.
Empruntant des images au récit de la promulgation de la loi (Ex 19.16), le psalmiste annonce que le jugement de Dieu sera accompagné de grandes commotions dans la nature. C’est ce que d’autres passages nous apprennent aussi relativement au second avènement de notre Seigneur. Mal 3.2 ; Mt 24.30 ; 2 Th 1.8 ; Hé 12.29.
Verset 4. Il appelle les cieux en haut et la terre pour juger son peuple.
D’autres passages encore nous représentent la création comme témoin des œuvres de Dieu et de ses jugements. Dt 32.1 ; Es 1.2.
Verset 5. Rassemblez-moi mes adorateurs, qui font alliance avec moi par le sacrifice.
Les cieux sont représentés comme prenant une part active à l’exécution du jugement ; Stier suppose qu’il est question du ministère des anges. Mt 24.31. — C’est de la totalité des Israélites, des méchants comme des bons, que le psalmiste veut parler quand il dit les adorateurs (voyez Ps 4.6), parce que c’est le nom qui exprimait ce que le peuple de Dieu devait être, de même que, dans les Épîtres, les membres de l’Église visible sont appelés les Saints. — Le second hémistiche peut se traduire littéralement : « qui font alliance avec moi sur le sacrifice. » Les sacrifices sont représentés comme le fondement de l’alliance entre Dieu et Israël, parce qu’elle avait été conclue au moyen d’un sacrifice solennel (Ex 24), et qu’elle était entretenue par des sacrifices journaliers.
Verset 6. Et les cieux annonceront sa justice, car c’est Dieu lui-même qui juge (Sélah).
Comp. Ps 22.32, 7.12.
Verset 7. Écoute, mon peuple, je vais parler : Israël, je vais témoigner contre toi : je suis Dieu, ton Dieu.
Quelques traducteurs donnent au mot que nous avons traduit par témoigner, le sens exhorter fortement, conjurer.
Verset 8. Ce n’est pas pour tes sacrifices que je te reprends ; tes holocaustes sont constamment devant moi ;
« Les sacrifices n’étaient pas inutiles, car Dieu les avait institués, mais quand la vérité n’est pas jointe au signe, Dieu le rejette avec raison. Dieu est esprit (Jn 4.24) et il l’était déjà avant d’avoir aboli les cérémonies légales. Aussi, il demandait aux Israélites le même culte qu’à nous ; la forme seulement était différente » (Calvin).
Versets 9-13. je ne prends pas de ta maison de jeunes taureaux, ni de tes parcs des boucs ; car à moi sont toutes les bêtes des forêts, les animaux des montagnes par milliers ; je connais tous les oiseaux des montagnes, et je dispose de ce qui se meut dans les champs. Si j’avais faim, je ne t’en dirais rien, car le monde est à moi avec ce qu’il renferme. Mangerais-je la chair des taureaux? boirais-je le sang des boucs?
Calvin a bien développé la pensée de ce morceau : « Lors même que Dieu aurait besoin des sacrifices pour subsister, il pourrait se dispenser d’en demander aux hommes ; mais il n’a réellement pas besoin des aliments qui sont le soutien de la faiblesse humaine. » L’argumentation est semblable à celle d’Es 66.1.
Verset 14. Offre à Dieu pour sacrifice la louange et accomplis tes vœux envers le Très-Haut ;
Le culte cérémoniel n’a quelque valeur devant Dieu que pour autant qu’il est accompagné de celui du cœur et de la vie, de l’amour pour Dieu qui se montre par des paroles d’actions de grâces et par des œuvres d’obéissance. Comp. Ps 69.31-32 ; Os 14.3.
Verset 15. invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai et tu me glorifieras.
Selon Calvin, le sens de ce verset serait que la confiance en Dieu, qui est le seul culte qui lui soit vraiment agréable et qui soit digne de lui, doit se manifester surtout dans les temps d’épreuve ; mais il vaut mieux avec Hengstenberg le considérer comme une promesse faite aux vrais adorateurs.
Verset 16. Et Dieu dit au méchant : Est-ce à toi de réciter mes statuts et d’avoir à la bouche mon alliance,
Selon plusieurs commentateurs, il y a une gradation entre la seconde et la troisième strophe, et dans cette dernière, le prophète s’adresse à ceux qui transgressent la loi de Dieu plus ouvertement ; cependant il est plus naturel de penser, comme Hengstenberg, que le Psaume tout entier est écrit en vue de la même classe de personnes, seulement la troisième strophe fait ressortir plus fortement leur culpabilité.
Verset 17. tandis que tu hais la correction et que tu jettes mes paroles derrière toi?
« La parole de Dieu nous est à charge et nous devient odieuse, parce qu’elle est destinée à mettre un frein à nos affections charnelles ; aucun homme ne l’écoute docilement jusqu’à ce qu’il se soit soumis à être gouverné et corrigé par elle » (Calvin).
Verset 18. Si tu vois un voleur, tu te plais avec lui et c’est ta portion d’être avec les adultères.
Comp. Rm 2.18 ; Ex 23.13. Les Septante et quelques autres versions traduisent : « Si tu vois un voleur, tu cours avec lui » mais cette traduction ne se justifie pas bien au point de vue grammatical et donne un parallélisme moins exact.
Verset 19. Tu laisses aller ta bouche au mal et ta langue ourdit la fraude.
Comp. Ps 5.10, 10.7.
Verset 20. Tu t’assieds, tu parles contre ton frère, tu calomnies le fils de ta mère.
Comp. Ps 1.1. St-Augustin fait remarquer que l’expression s’asseoir indique le plaisir qu’on trouve à faire une chose. — Le verbe que l’on traduit par calomnier signifie primitivement frapper.
Verset 21. Voilà ce que tu as fait et je me suis tu. Tu t’es imaginé que j’étais tel que toi ; je te châtierai et j’exposerai devant tes yeux.
Comp. Rm 2.4. « Ce n’est pas ouvertement que les hypocrites parlent ainsi, mais c’est au fond de leur cœur qu’ils se complaisent dans l’idée de la patience de Dieu » (Calvin). — L’explication la plus simple est celle de Kimchi qui après le mot : j’exposerai, sous-entend : tes péchés. Quelle ne sera pas la confusion des impénitents quand Dieu mettra devant leurs yeux la liste détaillée et complète de leurs transgressions!
Verset 22. Considérez bien ces choses, vous qui oubliez Dieu, de peur que je ne dévore, sans que personne délivre.
« C’est assurément une preuve éclatante de la miséricorde de Dieu qu’il tende encore la main à des rebelles, qui ont profané son culte et abusé de sa patience. Le prophète ne dit rien ici dont nous n’ayons fait en grande partie l’expérience, nous que Dieu a ramenés dans sa bergerie. Cependant il avertit qu’il faut se hâter, car la porte ne restera pas toujours ouverte » (Calvin).
Verset 23. Celui qui offre pour sacrifice la louange me glorifie, et à celui qui règle sa voie je ferai voir la délivrance de Dieu.
Le premier hémistiche reproduit la pensée du verset 14 sur le culte spirituel que Dieu demande de son peuple. Comp. Es 61.6 ; Rm 12.1 ; Hé 13.16. « Dieu attache un grand prix à nos louanges, parce que c’est un devoir que nous avons de la peine à remplir » (Calvin). — La traduction que nous donnons pour le second hémistiche est la plus probable ; elle est adoptée par Hengstenberg, Ewald, la version anglaise et la version hollandaise. L’original porte : « à celui qui place la voie. » On pourrait aussi sous-entendre : « dans son cœur. » Le sens est que Dieu accordera son salut à celui qui règle sa conduite d’après sa parole.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 337-342