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Commentaire sur le Psaume 46

  1. Pour le Maître-Chantre. Pour les enfants de Coré. En soprano. Cantique.
  1. Dieu nous est un refuge, une force, un secours dans les détresses, facile à trouver.
  2. Aussi nous ne craignons point lorsque la terre est changée, et que les montagnes chancellent au sein de la mer,
  3. lorsque ses ondes mugissent et bouillonnent, et qu’en se soulevant elles ébranlent les montagnes (Sélah).
  4. Une rivière réjouit de ses courants la cité de Dieu, le saint lieu des demeures du Très-Haut.
  5. Dieu est au milieu d’elle, elle ne peut être ébranlée ; Dieu lui donne secours dès l’approche du matin.
  6. Les nations mugissent, les royaumes chancellent ; il fait entendre sa voix, la terre se fond.
  1. L’Éternel des armées est avec nous : le Dieu de Jacob nous est une haute retraite (Sélah).
  1. Venez, considérez les exploits de l’Éternel, qui fait des ravages sur la terre!
  2. Il fait cesser les guerres jusqu’au bout de la terre ; il brise l’arc, il rompt la lance, il livre au feu les chariots.
  3. Arrêtez-vous et sachez que c’est moi qui suis Dieu : je serai haut élevé parmi les nations, haut élevé sur la terre.
  1. L’Éternel des armées est avec nous : le Dieu de Jacob nous est une haute retraite (Sélah).

Ce Psaume, l’un des plus beaux du recueil, a pour sujet la conservation du peuple de Dieu au milieu d’un grand danger. Calvin, Hengstenberg et d’autres commentateurs qui ne l’attribuent pas à David, le croient composé à l’occasion de la défaite si remarquable du roi d’Assyrie Sénachérib (2 Ch 32). Mais certains traits paraissent indiquer des événements encore plus considérables. Aussi nous pensons comme les rabbins Abenesra et Kimchi, qu’il faut y voir, aussi bien que dans le Ps 44, une prophétie qui doit probablement s’accomplir pour le peuple d’Israël dans les derniers temps, peut-être à l’époque indiquée dans le chap. 38 du prophète Ézéchiel. Bien que ce soit le peuple d’Israël que l’Esprit saint a eu principalement en vue dans ce Psaume, les promesses encourageantes qu’il renferme sont aussi applicables aux fidèles de la nouvelle alliance. Elles nous rappellent celles que notre Seigneur a faites au sujet de son Église : « Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. » Mt 16.18. — « Ne crains point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume. » Luc 12.32. — C’est ce Psaume que Luther a imité dans son fameux cantique : « Eine feste Burg ist unser Gott. »

L’idée principale (délivrance par la puissance de Dieu) est développée dans deux strophes, après chacune desquelles se trouve un refrain.

Le titre renferme deux mots (hal halamot) que nous regardons comme une indication du ton sur lequel le Psaume devait se chanter et que nous traduisons : en soprano. C’est l’explication adoptée par Hengstenberg, Hsevernick et De Wette, et elle est appuyée par un passage des Chroniques où l’on voit évidemment que cette expression renferme une indication musicale.  1 Ch 15.20. La traduction littérale serait : sur les jeunes filles (c’est à dire : avec voix de jeunes filles). Jarchi dit que ces mots désignent un instrument de musique. Les Septante ont traduit : sur les mystères, traduction qui peut aussi se justifier et qui peut faire supposer que l’on considérait ce Psaume comme se rapportant à un avenir encore inconnu. Enfin Abenesra et Calvin croient que ces mots doivent désigner le commencement d’un autre cantique sur la mélodie duquel ce Psaume devait se chanter.

Verset 2. Dieu nous est un refuge, une force, un secours dans les détresses, facile à trouver.

C’est la même pensée qui est exprimée dans Ps 18.2 et 27.1. — « Nous faisons profession de croire ces choses, mais agissons-nous en conséquence? » (Horne).

Verset 3. Aussi nous ne craignons point lorsque la terre est changée, et que les montagnes chancellent au sein de la mer,

Ces paroles nous rappellent ces beaux vers d’Horace qui dépeignent la tranquillité dont le sage peut jouir au milieu des bouleversements du monde. Mais chez les païens et les mondains c’est généralement le langage de la présomption ou d’une orgueilleuse indifférence, et il n’est parfaitement vrai que dans la bouche de ceux qui ont mis leur confiance en Dieu.

Si fractus illabatur orbis,

Impavidum ferient ruinæ.

Verset 4. lorsque ses ondes mugissent et bouillonnent, et qu’en se soulevant elles ébranlent les montagnes (Sélah).

Il se peut que les bouleversements de la nature, dont il est question dans ce verset et dans le précédent, soient des images de commotions politiques, guerres, etc. ; on sait que la mer représente quelquefois les peuples (Es 17.12 ; Dn 7.2,13 ; Ap 17.15) ; les montagnes pourraient représenter des royaumes. Cependant on pourrait aussi entendre ces expressions à la lettre, puisque la confiance des fidèles est également mise à l’épreuve par des orages, des inondations, des tremblements de terre, et les prophètes nous annoncent que des catastrophes de ce genre doivent se multiplier dans les derniers temps. Mt 24.29.

Verset 5. Une rivière réjouit de ses courants la cité de Dieu, le saint lieu des demeures du Très-Haut.

On sait que les grâces de Dieu sont souvent représentées sous l’image d’un fleuve (Ps 1.3, 36.9) ; ici il s’agit de la protection dont Dieu entoure son peuple. Calvin fait remarquer que c’est à dessein que le psalmiste compare cette divine protection à une simple rivière qui fait bien moins de bruit que la mer en tourmente et qui, aux yeux de la chair, peut sembler un rempart très insuffisant. « Bien que Dieu nous distille son secours comme par ruisseaux, nous pouvons être plus tranquilles que si la puissance du monde entier était rassemblée pour nous assister. » — Les noms de cité de Dieu, de demeure du Très-Haut sont aussi donnés à Jérusalem dans Ps 87.3.

Verset 6. Dieu est au milieu d’elle, elle ne peut être ébranlée ; Dieu lui donne secours dès l’approche du matin.

Une promesse semblable est faite pour le peuple de la nouvelle alliance. Mt 16.18, 28.20. — Sur la promptitude du secours voyez Es 17.14 ; Ps 36. « Si nous voulons que Dieu nous protège, nous devons faire en sorte qu’il habite au milieu de nous » (Calvin).

Verset 7. Les nations mugissent, les royaumes chancellent ; il fait entendre sa voix, la terre se fond.

Calvin a bien rendu le sens de ce verset. « Quand tous les peuples seraient ligués contre l’Église, Dieu peut la délivrer en un moment. » Comp. Ps 2.

Verset 8. L’Éternel des armées est avec nous : le Dieu de Jacob nous est une haute retraite (Sélah).

« Ce verset nous apprend comment nous pouvons appliquer à notre usage les déclarations de l’Écriture sur la puissance de Dieu. Pour que notre foi ait un fondement solide, il faut considérer en Dieu ces deux choses à la fois, son immense pouvoir et son amour paternel » (Calvin). Comp. Js 1.5 ; Es 41.10 ; Rm 8.31. — « L’Éternel des armées. » Comparez Ps 24.10.

Versets 9-11. Venez, considérez les exploits de l’Éternel, qui fait des ravages sur la terre! Il fait cesser les guerres jusqu’au bout de la terre ; il brise l’arc, il rompt la lance, il livre au feu les chariots. Arrêtez-vous et sachez que c’est moi qui suis Dieu : je serai haut élevé parmi les nations, haut élevé sur la terre.

Ce passage se rapporte plus particulièrement à l’époque du Millénium, pendant laquelle la paix régnera sur toute la terre. Comp. Es 2.4, 9.15 ; Mi 4.3 ; Za 14.9 ; Ap 11.15-17.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 318-321

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