- Pour le Maitre-Chantre. Sur les lys. Pour les enfants de Coré. Enseignement. Cantique des bien-aimées.
- De mon cœur jaillit une parole excellente : Je dis : Mes ouvrages sont pour le roi, ma langue est le style d’un écrivain diligent.
- Tu surpasses en beauté les enfants des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres ; c’est pourquoi Dieu t’a béni pour toujours.
- Ceins ton épée sur ta hanche, ô Puissant! ta splendeur et ta magnificence.
- Dans ta magnificence chevauche en triomphe, pour la cause de la vérité et de la justice débonnaire, et que ta droite te fasse voir des choses terribles!
- Tes flèches sont acérées, (les peuples tomberont sous toi), elles entreront dans le cœur des ennemis du roi.
- Ton trône, ô Dieu, subsiste éternellement et à jamais. Le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture.
- Tu aimes la justice et tu hais la méchanceté ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse plus que tes compagnons.
- Tous tes vêtements ne sont que myrrhe, aloès et casse ; depuis des palais d’ivoire, depuis là on te réjouit.
- Des filles de rois sont parmi tes bien-aimées ; l’Épouse se tient à ta droite, parée d’or d’Ophir.
- Fille, écoute, regarde et incline ton oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père!
- Que le roi puisse se complaire en la beauté ; puisqu’il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui!
- Avec des offrandes ta faveur est implorée par la fille de Tyr, par les plus riches du peuple.
- Dans l’intérieur, la fille de roi n’est que magnificence : son manteau est brodé d’or ;
- en vêtements diaprés on la conduit auprès du roi ; à sa suite des vierges, ses compagnes, te sont amenées ;
- elles s’avancent avec joie et allégresse, elles entrent dans le palais du roi.
- À la place de tes pères viendront tes fils ; tu les établiras comme princes sur toute la terre.
- Je rappellerai ton nom d’âge en âge ; c’est pourquoi les peuples te loueront éternellement et à jamais.
Ce beau cantique a pour sujet les noces d’un roi, mais ce n’est pas à un roi terrestre que nous pouvons arrêter notre pensée, comme le font De Wette et d’autres commentateurs de cette école. En effet le roi dont il est question est appelé Dieu (vv 7,8), et l’éternité est indiquée comme l’un des caractères de son règne (v 7). Enfin l’Épître aux Hébreux (Hé 1.8,9) nous montre positivement que ce Psaume se rapporte au Roi-Messie. On sait d’ailleurs que dans l’Écriture les rapports de Dieu avec son peuple sont fréquemment représentés sous cette même image de l’union conjugale (Voyez Es 54.3 ; Jé 3.1 ; Mt 9.15 et tout le Cantique des Cantiques). Aussi le caractère prophétique et messianique de ce Psaume est-il reconnu non seulement par les théologiens orthodoxes modernes, mais par l’ancienne Église chrétienne et même par le rabbin Kimchi et par d’autres docteurs juifs. La prophétie contenue dans ce Psaume peut être considérée comme ayant commencé à s’accomplir lors de l’incarnation de notre Seigneur (aussi le lit-on dans l’Église anglicane le jour de Noël) et comme s’accomplissant de siècle en siècle dans les triomphes de l’Évangile au milieu du monde. Cependant il se rapporte plus directement encore à l’époque du second avènement du Christ et de son union plus parfaite avec son Église. Alors aura lieu le « banquet des noces de l’agneau. » Ap 19.9. En attendant cette époque glorieuse, ce Cantique doit soutenir nos espérances et stimuler nos efforts pour l’avancement du règne de Dieu. « Sous l’image de Salomon, c’est la sainte et divine union de Jésus-Christ avec son Église qui est représentée ici, afin que les fidèles sachent combien on est heureux sous son gouvernement » (Calvin).
Quelques-unes des expressions qui se trouvent dans le titre ont été expliquées à l’occasion des Ps 32 et 42. Quant aux mots sur les lys, la plupart des commentateurs, à commencer par Kimchi, pensent qu’ils signifient que le Psaume devait être chanté avec un instrument de musique qui portait le nom de lys à cause de sa forme : c’est aussi l’explication que nous préférons. D’autres pensent que le Psaume devait être chanté sur la mélodie d’un cantique commençant par ces mots « les lys ». Hengstenberg pense que les lys indiquent d’une manière symbolique le sujet du Psaume, et il fait remarquer que la même fleur représente une vierge bien-aimée dans Ct 2.1-2. Mais le Psaume est destiné à célébrer le Roi, l’Époux et non pas les vierges, et à supposer qu’il pût être représenté par la même image, le mot lys devrait être au singulier. II est donc plus sûr de s’en tenir à l’explication des docteurs juifs. — Pour les derniers mots du titre, nous avons donné la traduction qui paraît se justifier le mieux par les usages de la langue ; cependant on pourrait traduire aussi : Cantique doux, Cantique agréable.
On peut distinguer dans ce Psaume les divisions suivantes. Le verset 2 forme une sorte d’introduction. Dans la première strophe, le prophète s’adresse au roi et célèbre sa beauté, sa puissance et les qualités morales qui distinguent son gouvernement ; il lui attribue même la divinité et annonce qu’il sera couronné de gloire et d’honneur (3-10). Dans une seconde strophe, le poète sacré s’adresse à l’épouse de ce roi glorieux et l’invite à s’attacher sans partage à son royal époux (11-13). Une troisième strophe décrit le moment où l’épouse, suivie de ses compagnes, est amenée solennellement suivant les usages de l’Orient dans la demeure du roi (14-16). Les deux derniers versets s’adressent de nouveau au roi lui-même et lui annoncent qu’il régnera sur toute la terre en la personne de ses fils et qu’il sera éternellement l’objet des louanges des peuples (17-18).
Verset 2. De mon cœur jaillit une parole excellente : Je dis : Mes ouvrages sont pour le roi, ma langue est le style d’un écrivain diligent.
Le verbe (rakasch) employé dans le premier hémistiche représente proprement le bouillonnement de l’eau et nous rappelle « que de l’abondance du cœur la bouche parle. » Le Messie est appelé roi, comme dans Ps 2.6. — Écrivain diligent (qui écrit rapidement) ; cette comparaison est destinée à indiquer que les pensées se pressent en abondance dans un cœur rempli de foi et d’adoration. — Le psalmiste donne le nom de style au roseau avec lequel on avait coutume d’écrire (Comp. Jé 8.8). — En parlant de ses ouvrages qu’il consacre à la gloire du roi, il a sans doute particulière ment en vue notre Psaume.
Verset 3. Tu surpasses en beauté les enfants des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres ; c’est pourquoi Dieu t’a béni pour toujours.
Le premier hémistiche n’est pas en contradiction avec Es 52.14, parce que dans ce dernier passage il est question du Messie dans son abaissement, tandis que notre Psaume a principalement en vue le Messie glorieux. D’ailleurs la beauté extérieure n’est ici signalée que parce qu’elle est le reflet de la beauté intérieure et spirituelle. — Le second membre peut être comparé avec Ct 5.16 et Luc 4.22. — Pour toujours (Voyez Ps 110.4). — Dans le troisième hémistiche, le psalmiste parle de la bénédiction de Dieu qui doit reposer sur le roi, comme d’une conséquence des dons dont il l’a comblé ; c’est là le sens donné par la plupart des commentateurs. Il est à remarquer en effet que la particule hébraïque (hal-ken) qui commence ce membre de phrase signifie le plus souvent c’est pourquoi ; cependant il est quelques passages où elle peut se traduire par parce que, et c’est le sens que lui donnent ici Calvin, Rosenmüller et Stier. Dans ce cas, la bénédiction de Dieu serait considérée comme la cause et la source des caractères qui distinguent le roi ; cette idée est belle et naturelle, mais la première explication est mieux justifiée par les usages de la langue. — « Christ est beau, beau dans le ciel, beau sur la terre, beau dans le sein de sa mère, beau entre les bras de ses parents, beau dans ses miracles, beau sous les coups, beau quand il donne sa vie, beau quand il la reprend. Écoutez donc ce Cantique instructif et que la faiblesse de la chair ne détourne pas vos yeux de l’éclat de sa beauté » (St-Augustin).
Verset 4. Ceins ton épée sur ta hanche, ô Puissant! ta splendeur et ta magnificence.
Le verbe est à l’impératif ; c’est une forme qui se rencontre souvent dans les prophéties ; elle exprime en quelque sorte, dit Stier, le désir de l’Esprit de voir s’accomplir l’événement qui fait le sujet de la prophétie, parce que les perfections de Dieu doivent s’y manifester. Selon Kimchi il s’agit dans ce verset des jugements que le Messie exécutera contre Gog et Magog (Comp. Ap 19.15). — Le Messie apparaît aussi sous le nom de Puissant, dans Es 9.5. — Le second membre attribue au roi des caractères qui dans d’autres passages de l’Écriture sont donnés à Dieu. Ps 93.1, 96.6. Ce passage est donc encore une preuve de la divinité de Jésus-Christ.
Verset 5. Dans ta magnificence chevauche en triomphe, pour la cause de la vérité et de la justice débonnaire, et que ta droite te fasse voir des choses terribles!
(Comp. Ap 6.2, 19.11). Le roi est ici représenté marchant contre ses ennemis et bien assuré de remporter la victoire. C’était ordinairement montés sur des chariots que les rois allaient à la guerre (Voyez 1 R 2.34-35). Cependant le verbe hébreu qui est ici employé signifie aussi monter à cheval et c’est le sens que lui donnent plusieurs versions à commencer par la version chaldéenne. — Lé psalmiste ajoute que dans le combat qui va se livrer, c’est la cause de la vérité et de la justice qui est engagée (Comp. Ps 72.4 ; Es 11.4). Par la vérité, il faut entendre la parole de Dieu et ses promesses qui semblent quelquefois être démenties et annulées par les succès des méchants, mais qui tôt ou tard devront nécessairement triompher. Le psalmiste ne présente pas le roi comme défendant seulement la cause de la justice, il indique qu’il s’agit d’une justice qui sera tempérée par la douceur et la miséricorde (Comp. Za 9.9 ; Mt 11.29). En hébreu les mots justice et douceur sont étroitement unis de manière à n’en former qu’un seul, un mot composé (débonnaireté-justice). — Cependant la fin du verset donne à entendre que le temps viendra où la justice aura son cours sans réserve (Comp. Ps 2.9, 110.5-6). — La traduction que nous donnons de ce verset est celle de la plupart des versions ; cependant nous devons en mentionner une qui se trouve dans les versions syriaque et hollandaise, et qui est préférée par Kimchi, Calvin et d’autres bons commentateurs : monté sur la vérité et la justice débonnaire. Dans ce cas il faut considérer la vérité et la justice comme les chariots ou les chevaux sur lesquels le roi est porté, c’est à dire comme les qualités qui sont la force et la base de son gouvernement. On trouve une idée semblable dans Ps 89.15, 97.2 ; Pr 20.28. Cependant la première traduction s’accorde mieux avec le contexte et avec les usages de la langue.
Verset 6. Tes flèches sont acérées, (les peuples tomberont sous toi), elles entreront dans le cœur des ennemis du roi.
Les mêmes jugements se trouvent annoncés dans Ps 110.1,5-6 ; Za 14.12 ; Ap 19.5. — Le second hémistiche forme une espèce de parenthèse. Cette traduction est plus simple que celle de Rosenmüller et de Michaelis. « Les peuples tomberont sous toi, lesquels sont de cœur ennemis du roi. »
Verset 7. Ton trône, ô Dieu, subsiste éternellement et à jamais. Le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture.
La traduction que nous donnons est celle de toutes les anciennes versions, et elle est confirmée par l’autorité de l’Épître aux Hébreux. Hé 1.8. Les autres traductions qui ont été proposées par les théologiens rationalistes comme De Wette, celle-ci par exemple : ton trône est un trône de Dieu (un trône divin), s’expliquent par le désir de se débarrasser à tout prix de l’un des passages qui établissent le plus clairement la divinité du Messie. Il est vrai que les peuples anciens donnaient quelquefois à leurs rois le nom de dieu, mais l’ensemble de ce morceau montre bien que le psalmiste n’avait pas en vue un roi ordinaire. L’éternité du règne du Messie est également enseignée dans 2 S 7.12-13 ; Ps 72.5,7 ; Dn 2.44. « Ce passage, » dit Calvin, « doit nous être en grande consolation et nous empêcher d’être découragés quand nous portons nos regards sur les ennemis du Christ. »
Verset 8. Tu aimes la justice et tu hais la méchanceté ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse plus que tes compagnons.
Dans ce verset notre Seigneur est encore appelé Dieu. Il est vrai qu’il ne serait pas contraire aux règles de la langue de traduire : c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint, cependant il est beaucoup plus naturel de prendre le mot Dieu comme étant au vocatif, ainsi qu’il l’est dans le verset précédent ; le mot puissant est construit de la même manière au v. 4. Le psalmiste en donnant au Messie le nom de Dieu et en disant en même temps qu’il a été oint par son Dieu pose en fait à la fois la divinité du Fils et la distinction entre le Père et le Fils. Ce passage est donc l’un de ceux dans lesquels on trouve en germe la doctrine de la Trinité. — Sur l’onction du Messie voyez Ps 2.2,6 ; Es 61.1 ; Dn 9.24. — Sur l’huile comme symbole de la joie voyez Ps 23.5. — Les compagnons du Messie sont probablement dans la pensée du psalmiste, les rois, les prophètes et les sacrificateurs qui par leurs charges étaient des types et des avant-coureurs de Jésus-Christ. Jean 3.34.
Verset 9. Tous tes vêtements ne sont que myrrhe, aloès et casse ; depuis des palais d’ivoire, depuis là on te réjouit.
Les princes orientaux avaient coutume de répandre des parfums sur leurs vêtements. La myrrhe, baume que l’on répandait sur les vêtements et sur les lits (Voyez Pr 7.17). Le bois d’aloès servait aussi pour les parfums. La casse, écorce odoriférante semblable à la cannelle. — La traduction que nous donnons pour le second hémistiche est celle des anciennes versions à commencer par les Septante. Nous devons cependant en mentionner une autre qui est adoptée par plusieurs commentateurs modernes, comme Stier, De Wette, Ewald, etc. : « Depuis des palais d’ivoire des instruments te réjouissent. » La différence provient de ce que l’avant-dernier mot du verset est considéré par les anciens comme une préposition d’une forme rare, il est vrai, mais qui se rencontre cependant quelquefois (par exemple, Ps 44.11-19, 68.32), tandis que les commentateurs modernes voient dans ce même mot le pluriel (de forme irrégulière) d’un substantif qui signifie un instrument à cordes. Quoi qu’il en soit, le psalmiste veut dire que c’est de palais d’ivoire que sortent les joueurs d’instruments ou les processions qui viennent fêter l’époux, et c’est une image destinée à représenter la joie qui doit être l’un des caractères du règne du Messie. Es 53.11 ; Ap 19.7. Il est parlé de palais d’ivoire dans 1 R 22.39 ; Am 3.15.
Verset 10. Des filles de rois sont parmi tes bien-aimées ; l’Épouse se tient à ta droite, parée d’or d’Ophir.
Calvin fait remarquer que le psalmiste ne veut en aucune manière excuser la polygamie, en parlant de l’épouse du roi qui est préférée entre plusieurs ; il fait seulement allusion aux usages qui existaient de son temps. Si nous rapprochons ce verset d’autres prophéties messianiques, nous sommes conduits à supposer que les filles du roi doivent représenter les églises d’entre les Gentils, tandis que l’épouse, la femme privilégiée entre toutes, représente le peuple juif qui sera reçu en grâce et restauré et qui occupera toujours un rang très élevé dans le royaume de Dieu. Es 60.61 ; Os 2.19 ; Ct 6.8-9. — À ta droite. C’était la place d’honneur. 1 R 2.19. — Ophir, région de l’Arabie, riche en or. 1 Ch 29.4[1].
Verset 11. Fille, écoute, regarde et incline ton oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père!
Le psalmiste exhorte l’épouse du roi à renoncer à tout ce qui était une fois l’objet de ses affections, afin de se donner sans réserve à son royal époux. Cette exhortation nous rappelle aussi que le fidèle doit rompre entièrement les liens qui l’attachent au monde et renoncer à toute confiance en sa propre justice et en ses propres mérites (Comp. Gn 12.1 ; Mt 10.37,16.24). « Des exhortations pressantes et véhémentes sont nécessaires lorsqu’il s’agit de renoncer à tout ce qui nous plaît par nature ou par habitude. L’expérience nous apprend que ce n’est pas sans de laborieux efforts que les fidèles peuvent se dépouiller d’eux-mêmes et des erreurs qui proviennent de leur première éducation » (Calvin). — La plupart des commentateurs considèrent le mot fille qui commence ce verset, comme un terme d’affection que des maîtres emploient volontiers envers leurs disciples (Voyez Ps 34.12 ; Pr 1.8). Cependant nous préférons l’explication de Hengstenberg qui dit que l’épouse est ainsi appelée parce qu’elle était fille de roi.
Verset 12. Que le roi puisse se complaire en la beauté ; puisqu’il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui!
Les droits de l’époux sur l’épouse motivent la soumission et l’attachement de cette dernière. Comparez Gn 18.12 ; Ep 5.23 ; 1 Pi 3.5-6.
Verset 13. Avec des offrandes ta faveur est implorée par la fille de Tyr, par les plus riches du peuple.
L’expression la fille de Tyr désigne les habitants de Tyr, suivant une image usitée dans nos saints livres. Es 1.8, 47.1. D’autres prophéties annoncent également que les Églises d’entre les Gentils contribueront à la gloire de l’Église israélite. Es 60.6. — La conversion de Tyr est aussi annoncée Ps 87.4 ; Es 23.8, et nous en voyons les prémices dans Marc 3.8 ; Ac 21.3-4. — Le second hémistiche fait allusion à la richesse bien connue de cette ville (sur la côte de Syrie) qui, dans l’antiquité, était importante par son commerce.[2]
Verset 14. Dans l’intérieur, la fille de roi n’est que magnificence : son manteau est brodé d’or ;
Dans l’intérieur ; il s’agit des appartements de l’intérieur du palais. Si l’on veut donner un sens spirituel aux vêtements magnifiques dont la reine est couverte, on pourrait penser aux dons divers du Saint-Esprit.
Verset 15. en vêtements diaprés on la conduit auprès du roi ; à sa suite des vierges, ses compagnes, te sont amenées ;
Allusion à l’usage oriental de conduire l’épouse processionnellement dans la demeure de l’époux. — Les vierges sont les filles de roi mentionnées plus haut (verset 10). — Les mots à sa suite marquent la prééminence de l’épouse sur ses compagnes.
Verset 16. elles s’avancent avec joie et allégresse, elles entrent dans le palais du roi.
Ce verset indique le caractère volontaire de la conversion des peuples.
Verset 17. À la place de tes pères viendront tes fils ; tu les établiras comme princes sur toute la terre.
Ce verset annonce dans le premier membre la perpétuité du règne du Messie (transmission assurée du trône de père en fils), dans le second, son extension sur toute la terre. Il n’est pas nécessaire de les entendre à la lettre, comme si le Messie avait eu des pères et des fils. Toutefois on pourrait supposer que le psalmiste a voulu parler d’un côté des rois (David, Salomon, etc.) qui se trouvent parmi les ancêtres du Messie, de l’autre de sa postérité spirituelle (les croyants). Quoi qu’il en soit, nous voyons un premier accomplissement de cette prophétie dans les triomphes de l’Évangile et dans l’influence que le christianisme exerce sur les gouvernements et sur la société, mais il viendra un temps où les fidèles associés au règne de leur divin roi exerceront une domination encore plus visible et plus complète sur le monde. Dn 7.14,27 ; 1 Co 6.2 ; Ap 20.4,6. « Ces paroles ne peuvent, en aucune manière, s’appliquer à Salomon ; elles concernent Jésus-Christ qui s’est soumis le monde et s’y est créé des provinces par son Évangile et par la prédication de ses ministres » (Calvin).
Verset 18. Je rappellerai ton nom d’âge en âge ; c’est pourquoi les peuples te loueront éternellement et à jamais.
Bien que le monde méprise Jésus-Christ, on a cependant commencé à fléchir le genou devant lui et Dieu suscite partout des messagers qui proclament ses louanges. Nous aussi devons faire tous nos efforts pour que son nom soit célébré d’âge en âge. Ps 72.5 ; Ph 2.10-11.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 309-317
[1] Le mot hébreu (chégal) que nous rendons par épouse est traduit dans plusieurs versions par reine, parce qu’il s’employait ordinairement en parlant des femmes de rois.
[2] Quelques versions portent : la plus riche entre les peuples ; mais si le psalmiste avait voulu établir une comparaison entre Tyr et les autres peuples, il aurait mis le mot peuple au pluriel. Il veut dire simplement que les offrandes sont apportées par les plus riches habitants de Tyr.