Pour David.
- À toi, ô Éternel, j’élève mon âme!
- Mon Dieu! en toi je me confie : que je ne sois point confus! que mes ennemis ne triomphent pas à mon sujet.
- Tous ceux qui s’attendent à toi ne seront pareillement point confus : ceux-là seront confus qui agissent perfidement sans cause.
- Ô Éternel! fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers!
- Fais-moi marcher dans ta vérité et enseigne-moi ; car tu es le Dieu de mon salut ; je m’attends à toi tous les jours.
- Souviens-toi de tes compassions, ô Éternel, et de tes gratuités, car elles sont d’éternité!
- Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse ni de mes rebellions : selon ta miséricorde, souviens-toi de moi, à cause de ta bonté, ô Éternel!
- L’Éternel est bon et droit : c’est pourquoi il montre aux pécheurs le chemin.
- Il fait marcher les débonnaires selon les arrêts, et il enseigne aux débonnaires sa voie.
- Tous les sentiers de l’Éternel sont amour et vérité, pour ceux qui gardent son alliance et ses témoignages.
- A cause de ton nom, ô Éternel, tu pardonneras mon iniquité, car elle est grande.
- Y a-t-il un homme qui craigne l’Éternel? Il lui montrera le chemin qu’il doit choisir ;
- son âme reposera dans le bonheur, et sa postérité possédera la terre.
- L’intimité de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, et son alliance pour les instruire.
- Mes yeux sont constamment sur l’Éternel, car il dégage mes pieds du filet.
- Oh! tourne-toi vers moi et aie pitié de moi! car je suis seul et affligé.
- Les détresses de mon cœur ont augmenté : fais-moi sortir de mes angoisses!
- Considère mon affliction et ma peine et enlève tous mes péchés.
- Considère mes ennemis, car ils sont nombreux, et ils me haïssent d’une haine violente.
- Garde mon âme et délivre-moi : que je ne sois point confus, car je me réfugie en toi.
- L’intégrité et la droiture me garderont, car je m’attends à toi.
- Ô Dieu, rachète Israël de toutes ses détresses!
Ce Psaume est une prière par laquelle David implore l’assistance de Dieu contre ses ennemis, composée, selon les uns (Calvin), à l’occasion des persécutions de Saül, selon d’autres (Michaelis) lors de la révolte d’Absalom. À l’appui de cette dernière opinion, on pourrait citer le verset 11 si, comme le pense le rabbin Kimchi, la grande iniquité dont le psalmiste s’accuse est son adultère avec Bathsébah. Quoiqu’il en soit, ce Psaume est un modèle de ce que doivent être nos prières, surtout dans les temps d’épreuve.
Ce Psaume est alphabétique (voir l’Introduction chap. V) avec quelques légères irrégularités (omission et répétition de lettres). Il en est de ce Psaume comme de la plupart des Psaumes alphabétiques, c’est qu’il se compose de sentences détachées, plutôt que de groupes de versets ou strophes. Cependant les pensées se succèdent dans un certain ordre. Le psalmiste commence par une prière (1-7), puis il s’arrête pour méditer sur les promesses de Dieu et sur les privilèges de ceux qui sont fidèles à son alliance (8-14) ; après cette interruption, pendant laquelle sa foi s’est fortifiée, il recommence à prier pour lui-même et pour son peuple (15-22).
Verset 1. À toi, ô Éternel, j’élève mon âme!
Ce verset renferme l’une des meilleures définitions que l’on puisse donner de la prière : une élévation de l’âme à Dieu. Comp. Lm 3.41. « Nous élevons à Dieu nos cœurs avec nos mains. »
Versets 2-3. Mon Dieu! en toi je me confie : que je ne sois point confus! que mes ennemis ne triomphent pas à mon sujet. Tous ceux qui s’attendent à toi ne seront pareillement point confus : ceux-là seront confus qui agissent perfidement sans cause.
Dans le premier membre du verset 3, David donne à entendre que l’assurance qu’il avait d’être exaucé était un privilège commun à tous les fidèles. — L’expression : s’attendre à l’Éternel, est assez remarquable et fréquente dans l’Ancien Testament, notamment dans les Psaumes. Le verbe hébreu (kava) que nous traduisons par attendre, indique une confiance accompagnée de patience, de persévérance. On pourrait la rendre aussi en disant : attendre l’Éternel. — Les mots sans cause font ressortir la grandeur du péché (Voyez Ps 7.5.)
Verset 4. Ô Éternel! fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers!
Pénétré du sentiment de sa faiblesse, le psalmiste demande à Dieu de l’éclairer et de le fortifier par sa grâce, afin qu’il puisse discerner clairement ses devoirs et les accomplir.
Verset 5. Fais-moi marcher dans ta vérité et enseigne-moi ; car tu es le Dieu de mon salut ; je m’attends à toi tous les jours.
En parlant de la « vérité » de Dieu, David peut avoir en vue spécialement les Saintes Écritures dans lesquelles il nous fait connaître sa volonté en ce qui concerne notre salut. et notre sanctification. Jean 16.13, 17.17.
Verset 6. Souviens-toi de tes compassions, ô Éternel, et de tes gratuités, car elles sont d’éternité!
Le psalmiste sent non seulement qu’il ne peut pas marcher dans le chemin de l’obéissance par ses propres forces, mais que ses péchés passés élèvent entre Dieu et lui un mur de séparation et qu’ils peuvent empêcher l’exaucement de sa prière. C’est pourquoi il s’empresse d’en demander le pardon, s’en remettant entièrement aux compassions de Dieu, et c’est aussi la première chose que nous avons à faire quand nous nous trouvons dans quelque affliction ou dans quelque danger. — « Elles sont d’éternité » (Comp. Ep 1.6-7 ; Ps 100.5, 103.17). Précieuse pensée, que Calvin développe très bien : « Il nous faut bien retenir cette doctrine, c’est que Dieu a été miséricordieux dès le commencement, et que lorsqu’il nous semble dur et inexorable, nous ne devons cependant pas croire qu’il ait changé ou qu’il soit en contradiction avec lui- même. »
Verset 7. Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse ni de mes rebellions : selon ta miséricorde, souviens-toi de moi, à cause de ta bonté, ô Éternel!
Si le psalmiste mentionne particulièrement les péchés de sa jeunesse c’est que la jeunesse est une époque de la vie où les passions sont ardentes et où les péchés s’accumulent volontiers, c’est pourquoi St-Paul exhorte Timothée à « fuir les désirs de la jeunesse. » 2 Tm 2.22.
Verset 8. L’Éternel est bon et droit : c’est pourquoi il montre aux pécheurs le chemin.
« De même qu’on alimente le feu en y jetant du combustible, David s’excite lui-même à prier en méditant sur les perfections de Dieu et sur ses promesses » (Calvin). — En Dieu la droiture consiste dans la parfaite équité avec laquelle il gouverne les hommes et dans sa fidélité à ses promesses. C’est parce que Dieu ne peut se renier lui-même, ni laisser sa parole sans accomplissement, qu’il est prêt à pardonner aux pécheurs qui s’approchent de lui avec confiance et repentance, et non seulement à leur pardonner, mais à les éclairer et à les soutenir dans le chemin ; c’est à dire dans le bon chemin, dans le chemin, nouveau pour eux, de la sainteté et du bonheur (Voyez Ps 32.8).
Verset 9. Il fait marcher les débonnaires selon les arrêts, et il enseigne aux débonnaires sa voie.
« Les débonnaires » Voyez Ps 9.13.
Verset 10. Tous les sentiers de l’Éternel sont amour et vérité, pour ceux qui gardent son alliance et ses témoignages.
Ici il ne s’agit pas des « sentiers » dans lesquels l’homme doit marcher, mais des dispensations de Dieu envers les hommes (Comp. Ps 18.26-27). — « L’alliance » signifie ici les commandements qui étaient la base de l’alliance de Dieu avec son peuple. Ex 24.7 ; Dt 27.17-18. — « Témoignages » Voyez Ps 19.8.
Verset 11. A cause de ton nom, ô Éternel, tu pardonneras mon iniquité, car elle est grande.
Les réflexions que le psalmiste vient de faire sur l’excellence de la loi de Dieu et sur le bonheur que l’on trouve dans son observation, réveillent chez lui le sentiment de sa misère. — « A cause de ton nom » Voyez Ps 23.3. — « Car elle est grande. » Plus le fidèle est avancé dans la vie spirituelle et plus il sent que ses péchés sont grands, aussi n’est-il pas absolument nécessaire de supposer que le psalmiste ait en vue quelque péché particulièrement odieux, comme son adultère.
Verset 12. Y a-t-il un homme qui craigne l’Éternel? Il lui montrera le chemin qu’il doit choisir ;
Précieuse promesse. Si nous sommes fidèles aux lumières déjà reçues, nous ne devons pas douter que Dieu ne nous fasse connaître toujours plus clairement les vérités que nous devons croire et les devoirs que nous devons pratiquer.
Verset 13. son âme reposera dans le bonheur, et sa postérité possédera la terre.
La possession paisible du pays de Canaan était l’une des principales récompenses proposées aux fidèles de l’ancienne alliance. Dt 4.1, 5.33, etc., etc. Mais la possession de la terre est également promise à ceux de la nouvelle alliance (Mt 5.4). Le chrétien est appelé à porter ses regards essentiellement sur la Canaan céleste, cependant il trouve déjà des récompenses ici-bas ; « la piété a les promesses de la vie présente aussi bien que celles de la vie à venir » 1 Tm 4.8. L’expérience prouve que le moyen le plus sûr pour conserver notre santé, pour rester dans de bons rapports avec nos semblables et pour ne pas tomber dans l’indigence, c’est de vivre sobrement, justement et religieusement. Tite 2:12. La promesse contenue dans ce verset s’accomplira encore plus littéralement, lorsque les fidèles régneront avec Jésus-Christ sur la terre après son second avènement. Ap 5.9,10, 20.4.
Verset 14. L’intimité de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, et son alliance pour les instruire.
Le mot hébreu (sod) que nous avons traduit par intimité, signifie aussi amitié. Le psalmiste l’emploie en parlant des rapports qui existent entre deux amis. Ps 55.15. C’est dans le même sens que notre Seigneur disait à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait point ce que son maître fait, mais je vous appelle mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père. » Jean 15.15. (Comp. Pr 3.32).
Versets 15-16. Mes yeux sont constamment sur l’Éternel, car il dégage mes pieds du filet. Oh! tourne-toi vers moi et aie pitié de moi! car je suis seul et affligé.
Fortifié par les promesses qu’il vient de méditer, David recommence à prier. Il ne s’agit pas des « yeux » du corps, mais du regard de la foi, de l’œil intérieur. Comparez Ps 121.1, 123.1.
Verset 17. Les détresses de mon cœur ont augmenté : fais-moi sortir de mes angoisses!
Ce verset nous fait lire dans l’âme du psalmiste et nous montre combien il avait sujet de soupirer après la délivrance.
Verset 18. Considère mon affliction et ma peine et enlève tous mes péchés.
Le psalmiste ne perd jamais de vue le rapport étroit qui existe entre la souffrance et le péché. Comp. verset 6.
Verset 19-20. Considère mes ennemis, car ils sont nombreux, et ils me haïssent d’une haine violente. Garde mon âme et délivre-moi : que je ne sois point confus, car je me réfugie en toi.
« Car je me réfugie en toi. » « Rien ne donne du courage pour prier comme de sentir que c’est réellement sur Dieu, sur Dieu seul, que repose notre confiance » (Calvin).
Verset 21. L’intégrité et la droiture me garderont, car je m’attends à toi.
Retour à l’idée du verset 10. Tous ceux qui ont quelque expérience dans la vie spirituelle comprendront comment le psalmiste pouvait parler de « son intégrité, de sa droiture » dans le même moment où il demandait le pardon de ses péchés. Voyez l’explication de Ps 17.1 et l’Introduction ch. VI.
Verset 22. Ô Dieu, rachète Israël de toutes ses détresses!
Dans ses prières, David se souvenait toujours de son peuple et implorait pour lui les grâces temporelles et spirituelles qu’il souhaitait pour lui-même. Suivons son exemple. — Le verbe hébreu (pada) que nous traduisons par racheter s’emploie en parlant d’une délivrance pour laquelle il a été payé un prix ou qui a été opérée au moyen d’un sacrifice. Dans la plupart des cas l’Esprit Saint a voulu indiquer à la fois une délivrance temporelle et la délivrance du péché.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 209-214