- Pour le Maître-Chantre ; psaume pour David.
- Que l’Étemel te réponde au jour de la détresse! que le nom du Dieu de Jacob te mette en un lieu élevé!
- Que du Sanctuaire il envoie ton secours, et que de Sion il soit ton appui!
- Qu’il se souvienne de toutes tes offrandes, et qu’il agrée ton holocauste (Sélah)!
- Qu’il te donne selon ton cœur, et qu’il accomplisse tous tes desseins!
- Puissions-nous chanter ta délivrance, et au nom de notre Dieu déployer l’étendard! que l’Éternel accomplisse toutes tes demandes!
- Maintenant je sais que l’Éternel délivre son Oint ; il lui répond des cieux de sa sainteté, par les éclatantes délivrances de sa droite.
- Les uns se glorifient de leurs chariots, les autres de leur cavalerie, mais nous, c’est du nom de l’Éternel notre Dieu.
- Ceux-là ont plié, ils sont tombés : mais nous, nous nous levons et nous demeurons debout.
- O Éternel! délivre! que le Roi nous exauce lorsque nous crions!
Ce Psaume est la prière d’un peuple pieux pour son roi menacé par des ennemis redoutables. Plusieurs commentateurs pensent qu’il fut composé par David dans le temps où il se préparait à marcher contre les armées alliées des Hammonites et des Syriens. 2 S 10.6-19. Cette prière est un modèle de celles que nous devons adresser à Dieu pour les rois, les princes, les magistrats, surtout dans les temps où la patrie est menacée par quelque danger. C’est un devoir recommandé par la parole de Dieu (1 Ti 2.1-2), mais qui n’est pas généralement pratiqué comme il devrait l’être. On ne considère pas assez combien le secours d’En-Haut est nécessaire aux conducteurs des peuples, pour qu’ils puissent s’acquitter de leur tâche avec sagesse, fermeté, dévouement. C’est aussi Dieu seul qui peut nous donner des magistrats tels que nous les désirons, et c’est à Lui que nous devons les demander. Saint- Augustin dit que c’est du Christ que David parle dans ce Psaume, et plusieurs commentateurs juifs l’appliquent également au Messie. Il est probable en effet qu’il concerne à la fois David, ses successeurs et Celui dont tous les rois d’Israël n’étaient que des ombres et des précurseurs, et qui, depuis sa première venue jusqu’au temps encore à venir de l’Antichrist, se voit attaqué par des ennemis de tout genre. Le dernier verset, où le roi lui-même est considéré comme exauçant les prières de son peuple, nous montre que ce Psaume ne peut pas s’appliquer exclusivement aux rois de la terre et qu’il peut nous servir à exprimer nos vœux pour l’avancement du règne de Jésus-Christ sur la terre.
La première strophe renferme la prière du peuple (2-6) ; la seconde, qui était peut-être destinée à être chantée par les Lévites ou par le roi lui-même, exprime la ferme assurance que cette prière sera exaucée (7-9) ; enfin dans le dernier verset, le peuple recommence à prier.
Verset 2. Que l’Étemel te réponde au jour de la détresse! que le nom du Dieu de Jacob te mette en un lieu élevé!
Pour comprendre pourquoi le peuple met sa confiance dans le nom de Dieu, il faut se rappeler ce que nous avons dit sur Ps 8.2. Comp. Ps 44.6, 89.25. — Jacob désigne probablement ici non pas la personne de ce patriarche, mais sa postérité; il est synonyme d’Israël. Comp. Es 44.2. — Les princes et les magistrats devraient sentir, aussi bien que David, combien ils ont besoin des prières de leurs peuples, surtout de celles des vrais fidèles qui en font partie.
Verset 3. Que du Sanctuaire il envoie ton secours, et que de Sion il soit ton appui!
Sur Sion voyez Ps 2.6.
Verset 4. Qu’il se souvienne de toutes tes offrandes, et qu’il agrée ton holocauste (Sélah)!
Ce verset fait allusion aux sacrifices extraordinaires que l’on avait coutume d’offrir dans les temps de crise et d’épreuve (voyez par ex. 1 S 13.5-9), dans la conviction que, pour obtenir la faveur de Dieu, il fallait commencer par rechercher son pardon, et cela par l’emploi des moyens que Dieu lui-même avait institués comme signes et sceaux de la réconciliation. « Quand nos pères qui vivaient sous la loi priaient, c’était sur les sacrifices qu’ils fondaient leur espoir d’être exaucés ; aujourd’hui nos prières ne peuvent être agréables à Dieu que si Jésus-Christ les pénètre et les sanctifie par le parfum de son sacrifice » (Calvin). — Par « offrandes » il faut probablement entendre les sacrifices non sanglants, en farine, huile, encens, etc., qui accompagnaient les autres sacrifices (voyez Lv 2), et par « holocaustes » les victimes que l’on immolait et que l’on consumait entièrement[1]. — Le verbe que nous avons traduit par agréer signifie proprement : accepter comme gras ; les victimes devaient être grasses, bien conditionnées, pour que le sacrifice fût agréable à Dieu et digne de Lui. — Sur Sélah voyez Ps 3.3[2].
Versets 5-6. Qu’il te donne selon ton cœur, et qu’il accomplisse tous tes desseins! Puissions-nous chanter ta délivrance, et au nom de notre Dieu déployer l’étendard! que l’Éternel accomplisse toutes tes demandes!
Le peuple demande à Dieu d’accorder à son Roi une délivrance qui donne à tous ses sujets l’occasion de se réjouir et de « déployer l’étendard » (comme symbole de la victoire). Les étendards étaient en usage chez les Israélites. Voyez Nb 2.2. — Tholuck fait remarquer combien était puissant et doux le lien qui existait entre le peuple d’Israël et son roi. Tout ce qui réjouissait le roi était aussi pour le peuple un sujet de joie ; il était comme un père au milieu de ses enfants. De pareils rapports sont bien rares de nos jours et deviennent en quelque sorte impossibles avec le principe de la souveraineté du peuple. Partout nous ne voyons que méfiance, ingratitude, rébellion de la part des peuples envers les magistrats les plus estimables et envers les familles princières ou patriciennes qui les ont comblés de bienfaits.
Verset 7. Maintenant je sais que l’Éternel délivre son Oint ; il lui répond des cieux de sa sainteté, par les éclatantes délivrances de sa droite.
Par la foi la prière est considérée comme déjà exaucée. « La foi voit les choses qu’elle espère comme si elles étaient déjà arrivées et ne se laisse pas détourner de cette conviction. C’est pourquoi le psalmiste ne dit pas ici : je pense, je présume, mais : je sais » (Luther). — L’Oint. Voyez Ps 2.2,6. — L’expression cieux de sa sainteté correspond à celle-ci : montagne de sa sainteté, saint temple.
Verset 8. Les uns se glorifient de leurs chariots, les autres de leur cavalerie, mais nous, c’est du nom de l’Éternel notre Dieu.
« Les fidèles sont ici comparés au reste du monde. Presque tous les hommes montrent plus de courage et de confiance à mesure qu’ils ont plus de richesses, plus de puissance, des armées plus considérables. Le peuple de Dieu, au contraire, déclare qu’il a mis son espoir uniquement dans le secours de Dieu » (Calvin). Comparez Jr 17.5 ; Ps 33.16-20.
Verset 9. Ceux-là ont plié, ils sont tombés : mais nous, nous nous levons et nous demeurons debout.
« Eux ils ont plié, ils sont tombés. » Ces verbes ont la forme du passé ; c’est, comme souvent, le passé prophétique. « La vraie foi, dit Luther, nous met en état d’entonner le chant de triomphe encore avant la victoire. » — « Nous demeurons debout. » Expérience faite également par St-Paul, 2 Co 10.4-6, et par St-Jean, 1 Jn 5.4.
Verset 10. O Éternel! délivre! que le Roi nous exauce lorsque nous crions!
Le peuple, affermi dans sa foi, par les paroles de foi qu’il vient d’entendre, recommence à prier avec une nouvelle ferveur. De Wette et d’autres commentateurs trouvant étrange que le roi soit considéré comme exauçant les prières du peuple, introduisent dans ce verset une ponctuation différente de celle qui se trouve dans l’original et traduisent :
Éternel! délivre le Roi!
Qu’il nous réponde au jour où nous crions!
En conservant la traduction ordinaire, on peut lever la difficulté en disant avec Kimchi, Abenesra, Hengstenberg, que c’est Dieu lui-même que le peuple appelle son Roi ; parce que les rois terrestres n’en étaient que les représentants, ou bien (ce que nous préférons) que ce passage se rapporte au Messie, comme nous l’avons dit dans l’Introduction.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 180-184
[1] Voir sur les différents sacrifices l’excellent ouvrage de M. Guers : Le Camp et le Tabernacle (p. 126-158).
[2] La traduction de Kimchi et d’Abenesra se justifie moins facilement : « Qu’il réduise en cendres ton holocauste. » Si elle était juste, ce passage ferait allusion à l’approbation que Dieu témoignait quelquefois en envoyant un feu miraculeux qui consumait le sacrifice (Lv 9.23-24 ; 1 Ch 21.26).