- Pour le Maître-Chantre ; psaume pour David.
- Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament proclame l’œuvre de ses mains ;
- un jour en transmet à l’autre le discours, et une nuit à l’autre en donne connaissance ;
- il n’y a point de discours, il n’y a point de langage, leur voix n’est point entendue ;
- leur son se répand sur toute la terre, et leur parole jusqu’au bout du monde. Il a placé en eux une tente pour le soleil.
- Et lui, tel qu’un époux, il sort de sa chambre nuptiale, il se réjouit comme un héros, de courir dans la lice ;
- il part d’un bout des cieux, et sa carrière s’achève à l’autre bout, et rien ne se dérobe à ses feux.
- La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ; le témoignage de l’Éternel est digne de foi, il rend sage le simple.
- Les commandements de l’Éternel sont droits, ils réjouissent le cœur ; l’ordonnance de l’Éternel est pure, elle éclaire les yeux.
- La crainte de l’Éternel est pure, elle subsiste éternellement ; les arrêts de l’Éternel sont vérité, ils sont justes tous ensemble ;
- ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin, plus doux que le miel, que le suc des rayons.
- Ton serviteur aussi en est éclairé ; à les garder il y a une grande récompense.
- Qui est attentif aux erreurs? Absous-moi des choses cachées!
- Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux! Qu’ils ne dominent pas sur moi! alors je serai parfait et exempt de grande transgression.
- Agrée les paroles de ma bouche et la méditation de mon cœur devant ta face, ô Éternel, mon Rocher et mon Rédempteur!
Ce Psaume est un sublime cantique en l’honneur du Dieu qui s’est fait connaître aux hommes tant par la Création que par la Révélation. Il est encore d’autres Psaumes dans lesquels le poète sacré passe également du royaume de la nature à celui de la grâce. Ps 29.10-11, 93.4-5, 146.6-7, 148. La Bible et le livre de la nature se confirment et s’expliquent réciproquement pour tout cœur pieux. — De Wette et d’autres commentateurs supposent que ce Psaume n’a pas été composé d’un seul jet, mais qu’il a été formé par la réunion de deux Psaumes primitivement distincts l’un de l’autre, dont l’un constituerait la première partie (versets 2-7), l’autre la seconde. Ils allèguent la différence des sujets traités dans les deux parties. Mais comme nous venons de le dire, le psalmiste avait compris l’unité profonde qui existe entre toutes les parties de l’œuvre de Dieu, et il se plaisait à la faire ressortir. Après avoir célébré l’un des ouvrages les plus admirables du Créateur, ce soleil bienfaisant qui répand en tous lieux la lumière, la chaleur et la vie, n’était-il pas conduit très naturellement à parler de cette parole de Dieu, qui est comme le soleil du monde moral, réjouissant le cœur et dissipant les ténèbres de l’entendement? On peut même dire que la seconde partie est un complément nécessaire de la première. « La véritable théologie ne se trouve pas dans la nature, mais dans la parole de Dieu. Les cieux peuvent bien raconter la gloire de Dieu, mais ils ne nous font pas connaître sa volonté » (Bacon).
En faveur de l’hypothèse que ce Psaume est composé de deux Psaumes différents, on fait aussi valoir la circonstance que le Créateur est appelé Dieu dans la première partie et dans la seconde l’Éternel. C’est ici le lieu de dire quelques mots sur ces deux noms qui reviennent constamment dans les Psaumes et dans tout l’Ancien Testament. Nous adoptons pour notre part l’explication qui a été donnée par le rabbin Juda Hallevi (au XIIe siècle) et reproduite de nos jours par le docteur Hengstenberg (Beitrœge zur Einleitung in’s Alte Testament II p. 181-305.)
Le mot hébreu (Elohim)[1] que nos versions rendent par Dieu, s’emploie quand on veut exprimer l’idée de la Divinité en général et qu’on veut parler de Dieu comme de l’Être supérieur à tous les autres, qui a créé le monde et qui le gouverne. Il est probable que ce nom est dérivé d’un verbe qui exprime l’idée de force ; Hengstenberg et d’autres le rattachent à une racine qui en arabe signifie redoutable. Il n’est pas inutile de faire remarquer encore que le mot Elohim a la forme des substantifs qui sont au pluriel ; en hébreu cette forme s’emploie volontiers pour exprimer l’idée d’abondance, de richesse, de plénitude ; le nom d’Elohim peut donc avoir été choisi comme le plus convenable pour représenter Celui en la personne duquel toutes les forces et toutes les vertus se trouvent réunies et au plus haut degré de perfection. On pourrait le rendre par : les forces. On pourrait aussi avec plusieurs théologiens trouver dans ce pluriel le germe de la doctrine de la Trinité.
Le mot hébreu (Jéhova) que nous rendons par : l’Éternel, s’emploie quand on veut parler de Dieu, comme d’un être qui s’est révélé aux hommes d’une manière plus complète qu’il ne l’a fait par la création et qui a contracté alliance avec eux ; c’est le nom qui est donné à Dieu quand il s’agit de ses rapports avec le peuple d’Israël. L’Écriture elle-même nous en fait connaître le sens et l’étymologie. « Et Moïse dit à Dieu : Voici quand je serai venu vers les enfants d’Israël et que je leur aurai dit : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, s’ils me disent alors : quel est son nom, que leur dirai-je? Et Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis. » Il dit aussi : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : Je suis m’a envoyé vers vous. Dieu dit encore à Moïse : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : L’Éternel (Jéhova), le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous : c’est ici mon nom éternellement et c’est ici le mémorial que vous aurez de moi dans tous les âges. » Ex 3.13-15[2]. Quand on lit ce passage dans l’original on voit clairement que le mot Jéhova se rattache au verbe qui dans le verset précédent est rendu par : je suis, et qu’il doit exprimer la même idée[3]. Dieu s’appelle Jéhova parce qu’il est l’Être, l’Être par excellence, le seul Être qui possède en lui-même la source de son existence, le seul qui n’ait point eu de commencement, aussi bien qu’il ne doit point avoir de fin. « Il est Celui qui est, qui était et qui est à venir. » Ap 1.4-8. Le même caractère appartient au Fils. « Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement. » Hé 13.8. « Être, dit Augustin, c’est le nom de l’immutabilité. En effet toutes les choses qui changent cessent d’être ce qu’elles étaient et commencent à être ce qu’elles n’étaient pas. Nul n’a une existence vraie, réelle et pure, que celui qui ne change pas. »
Le mot l’Éternel par lequel les versions françaises rendent Jéhova est assez heureux[4]. Seulement, pour que ce nom réveille en nous les pensées et les sentiments qui doivent s’y rattacher, il ne faut pas nous en tenir à l’idée vague et générale d’existence, il faut nous souvenir qu’en Dieu l’existence est une existence active, créatrice, bienfaisante, qui sans cesse produit de nouvelles œuvres de puissance et d’amour, une existence qui communique la vie à tous les êtres qui sont en contact avec elle.
Ce que nous venons de dire sur ces deux noms de Dieu suffit pour faire comprendre que ce n’est pas sans raison et arbitrairement que les auteurs sacrés emploient tantôt l’un, tantôt l’autre, mais que c’est avec l’intention de faire ressortir tour à tour les différentes idées qui y sont exprimées. Tout lecteur de la Bible un peu intelligent pourra aisément se rendre compte de ces différences. Pour ce qui concerne notre Psaume, on comprend facilement pourquoi c’est le nom général, Dieu (El ou Elohim) qui devait être employé dans la première partie qui se rapporte à la création, et l’Éternel (Jéhova) dans la seconde qui célèbre les bienfaits de la révélation.
St-Augustin et d’autres commentateurs voient dans ce Psaume une prophétie de la prédication de l’Évangile, et c’est pourquoi aussi dans l’Église anglicane il se lit le jour de Noël. Cette interprétation n’est point arbitraire ni un jeu de l’imagination ; elle se fonde sur l’autorité de St-Paul qui dans le chap. 10 de l’Épître aux Romains, verset 18, cite le verset 5 de ce Psaume parmi d’autres passages prophétiques qui établissent que Dieu voulait donner à tous les peuples la connaissance du salut. Nous pouvons donc poser en fait que le psalmiste, tandis qu’il chantait les magnificences de la création, a été conduit par le St-Esprit à prononcer des paroles qui concernaient une manifestation encore plus éclatante des perfections de Dieu dans l’avenir. « Quand nous lisons ce Psaume, nos pensées doivent s’élever de la nature aux choses spirituelles et se porter sur la prédication de l’Évangile, sur la manifestation de la lumière de vie, sur le soleil de justice et sur l’efficacité de la doctrine évangélique » (Horne).
Les deux strophes sont clairement marquées par le sujet : 1° Les merveilles de la création (2-7) ; 2° L’excellence de la révélation (8-15).
Verset 2. Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament proclame l’œuvre de ses mains ;
La première strophe exprime l’admiration du fidèle à l’aspect des astres que la main du Créateur a semés par milliards dans l’espace. Nous renvoyons le lecteur à l’explication que nous avons donnée du Ps 8 où la même idée se trouve énoncée. Ce Psaume doit aussi porter nos pensées sur d’autres parties de la création. « David a choisi les cieux parce que c’est en eux que l’image de Dieu brille avec le plus d’éclat. Mais lorsqu’une fois nous avons appris à connaître Dieu par la contemplation des cieux, nous savons aussi admirer sa sagesse et sa puissance jusques dans la plante la plus chétive » (Calvin).
Verset 3. un jour en transmet à l’autre le discours, et une nuit à l’autre en donne connaissance ;
Le psalmiste fait remarquer que cette prédication n’est jamais interrompue ; les astres ne cessent point de briller au milieu de l’étendue, et la succession du jour et de la nuit et des saisons n’est jamais troublée. — Le premier verbe de ce verset a dans l’original une énergie particulière ; il s’emploie en parlant d’une eau qui jaillit, qui coule abondamment.
Verset 4. il n’y a point de discours, il n’y a point de langage, leur voix n’est point entendue ;
Nous traduisons ce verset comme Kimchi, Rosenmüller, Hengstenberg. C’est la traduction la plus simple au point de vue grammatical et le sens qu’elle donne va très bien dans le contexte. Le témoignage du ciel étoilé, bien que muet, est d’une grande puissance. D’autres traduisent : « Ce ne sont pas des discours, ce ne sont pas des paroles dont la voix ne soit pas entendue. » Il s’agirait alors de la clarté de ce témoignage.
Verset 5. leur son se répand sur toute la terre, et leur parole jusqu’au bout du monde. Il a placé en eux une tente pour le soleil.
Le mot hébreu (kav) que nous rendons par son a ordinairement le sens de cordeau à mesurer, mesure, étendue, et c’est ainsi que le traduisent Jarchi, Rosenmüller, Hengstenberg, Stier. « Leur étendue embrasse toute la terre. » Mais il paraît qu’il avait aussi le sens que nous lui donnons, en suivant les Septante (dont St-Paul a reproduit la traduction. Rm 10.18), et parmi les commentateurs modernes De Wette, Tholuck, Vaihinger. Le parallélisme avec le second membre est ainsi plus complet, le son correspond aux paroles. Quoi qu’il en soit, l’idée que le psalmiste a voulu exprimer reste la même, savoir que la connaissance de Dieu se répand sur la terre entière par le moyen des astres. Le sens prophétique de ces paroles a été exposé dans l’Introduction ; à ce point de vue, c’est un passage encourageant pour tous les prédicateurs, missionnaires, etc., etc. (Comp. Ps 72.8-11). — Le dernier hémistiche de ce verset signifie que Dieu a préparé dans l’espace une place pour le soleil ; ce sont les cieux eux-mêmes qui forment la tente dont il est question ; ailleurs le psalmiste les compare à une tenture. Ps 104.2.
Versets 6-7. Et lui, tel qu’un époux, il sort de sa chambre nuptiale, il se réjouit comme un héros, de courir dans la lice ; il part d’un bout des cieux, et sa carrière s’achève à l’autre bout, et rien ne se dérobe à ses feux.
Il est à peine nécessaire de faire remarquer que dans ce magnifique tableau le psalmiste tient un langage qui n’est pas rigoureusement exact au point de vue astronomique. Il décrit les mouvements des astres d’après les apparences ; de même que l’on dit dans le langage ordinaire : « Le soleil se lève, le soleil se couche. » Des passages comme ceux-ci n’infirment donc nullement l’inspiration des Saintes Écritures.
Verset 8. La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ; le témoignage de l’Éternel est digne de foi, il rend sage le simple.
Le mot hébreu (tora) que nous rendons par loi est dérivé d’un verbe qui signifie montrer, enseigner. Nous avons expliqué à l’occasion de Ps 1.2 dans quelle acception il est pris par les écrivains de l’Ancien Testament. Ce que le psalmiste dit ici et ailleurs des effets bienfaisants de la loi n’est point en contradiction avec ce que St-Paul dit de la loi dans ses Épîtres, particulièrement dans l’Épître aux Romains. Quand l’apôtre parle de la loi, il a essentiellement en vue les commandements, et il lui attribue un ministère de condamnation, parce qu’elle dévoile à l’homme sa misère sans lui donner la force d’en sortir, tandis que le psalmiste comprend sous le nom de loi les promesses et les moyens de grâce. — De cette loi, le psalmiste dit d’abord qu’elle est parfaite (voyez Ps 15.2), et par là même il la distingue de toutes les doctrines humaines dans lesquelles il y a toujours un alliage d’erreur. Étant parfaite, elle peut aussi rendre « parfait » celui qui s’y attache (2 Tm 3.17). — Le verbe hébreu (chouv) que nous rendons par restaurer, signifie ramener, faire revenir, faire tourner, convertir. On peut l’employer à juste titre en parlant de la loi, qui comme le dit le rabbin Jarchi, « ramène du chemin de la mort au chemin de la vie » (Comp. Ps 23.3). — La loi de Dieu est appelée : témoignage (hedout), parce que c’est par elle que Dieu a déclaré sa volonté à son peuple. L’arche qui contenait les tables de la loi était appelée l’arche du témoignage. Ex 25.22. (Voyez Dt 31.26). — L’épithète digne de foi peut être comparée avec 1 Tm 1.15. — Le mot hébreu que nous rendons par simple vient d’un verbe (pata) qui signifie être ouvert; il en résulte qu’on peut l’employer tour à tour pour exprimer l’ignorance, la crédulité, la docilité, l’humilité. C’est dans cette dernière acception qu’il est pris ici, ainsi que dans Ps 116.6, 119.130. « Le simple est celui qui par humilité se place au rang des ignorants, des enfants » (Calvin). Comparez les promesses faites aux simples. Mt 5.3, 11.25, 18.3 ; Jc 1.5.
Verset 9. Les commandements de l’Éternel sont droits, ils réjouissent le cœur ; l’ordonnance de l’Éternel est pure, elle éclaire les yeux.
Chacun des noms qui sont donnés à la loi de Dieu mérite notre attention, parce qu’il nous la fait envisager sous un point de vue particulier. Ainsi celui de commandement (en hébreu pekoudim) signifie une chose dont on confie l’exécution à quelqu’un ; le mot ordonnance (en hébreu mitseva) est dérivé d’un verbe qui signifie établir, prescrire.
Verset 10. La crainte de l’Éternel est pure, elle subsiste éternellement ; les arrêts de l’Éternel sont vérité, ils sont justes tous ensemble ;
La loi de Dieu est appelée la crainte de l’Éternel, parce qu’elle a pour effet de produire chez l’homme la crainte de Dieu, non pas une crainte servile, mais une crainte filiale. — La loi de Dieu n’est pas exposée à être révoquée ou modifiée comme les lois des hommes ; « elle subsiste éternellement. » Les éléments essentiels de la loi subsistent et sont demeurés en vigueur sous la nouvelle économie, quoique certaines prescriptions particulières qui tenaient à l’ancienne économie aient perdu leur caractère obligatoire. « Ne pensez pas que je sois venu anéantir la loi et les prophètes ; je ne suis pas venu les anéantir, mais les accomplir. Je vous dis en vérité que, jusqu’à ce que le ciel et la terre soient passés, un seul iota ou un seul trait de lettre de la loi ne passera point, que toutes ces choses ne soient faites. » Mt 5.l7,18. — Le mot (michepat) que nous rendons par arrêt, s’emploie en parlant des sentences d’un tribunal, puis des droits qui découlent de ces sentences ; quand il s’agit de Dieu, il signifie l’expression de sa volonté, quelquefois aussi les dispensations par lesquelles il manifeste sa justice. — « Ils sont vérité. » Comp. Jean 17.17. « Tous ceux qui prennent pour règle de leur vie autre chose que la loi de Dieu se trompent eux-mêmes et suivent le mensonge » (Calvin).
Verset 11. ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin, plus doux que le miel, que le suc des rayons.
Le psalmiste met la loi de Dieu au-dessus de ce qu’il y a de plus exquis dans les biens que la plupart des hommes recherchent avec ardeur, les richesses et les plaisirs des sens. « C’est un grand miracle que le Saint-Esprit a opéré en nous, quand nous commençons à prendre notre plus grand plaisir en tout ce qui jusqu’alors nous déplaisait par-dessus tout » (Luther). Le psalmiste, après avoir comparé la loi de Dieu à de l’or, la compare encore à du miel, « parce qu’il est nécessaire que l’affection vienne se joindre au respect et qu’il faut que nous ne nous sentions pas seulement contraints à l’obéissance par la loi divine, mais attirés par sa douceur » (Calvin).
Verset 12. Ton serviteur aussi en est éclairé ; à les garder il y a une grande récompense.
David confirme tout ce qu’il vient de dire sur les effets bienfaisants de la loi de Dieu, en déclarant qu’il les connaît par sa propre expérience, car c’est sans doute de lui-même qu’il veut parler lorsqu’il dit : « Ton serviteur en est éclairé. » — « Nul ne peut parler de la doctrine céleste d’une manière sérieuse et vraie, que celui qui s’en est nourri lui-même » (Calvin). — Sur la « récompense, » voyez Introduction chap. VI. — Écoutons encore ce que dit le pieux Rieger sur ce verset et les précédents : « Oh! combien, sans cette parole de Dieu, tu trouveras en toi d’erreurs, de doutes, d’irrésolution, de vanité, d’activité fiévreuse! Combien il est nécessaire que cette semence incorruptible soit déposée dans ton cœur, afin qu’elle imprime à tes pensées, à tes desseins, à tes travaux, un caractère de fermeté, de clarté, de fixité et de paix! »
Verset 13. Qui est attentif aux erreurs? Absous-moi des choses cachées!
Le Psaume se termine par une prière que le psalmiste adresse à Dieu, poussé par la conviction que son obéissance à la sainte loi de Dieu était encore très imparfaite et qu’il avait le plus grand besoin de pardon pour le passé et du secours de la grâce pour l’avenir. Comp. 1 Jean 1.7, 3.3. « La parole de Dieu a produit des fruits dans notre âme, lorsque nos réflexions sont entremêlées de prières » (Rieger). — Qui est-ce qui est attentif? « L’examen de soi-même est un devoir que peu de gens pratiquent comme ils le devraient, et celui qui le pratique le mieux sera toujours obligé de terminer sa confession en disant : Absous-moi de mes fautes cachées » (Home). — Le psalmiste appelle « erreurs » les péchés commis par ignorance, par manque de connaissance ou de réflexion, pour les distinguer de ceux dans lesquels il y a une pensée de révolte, une intention arrêtée de transgresser la loi de Dieu, en un mot préméditation. Voyez sur les péchés de cette catégorie Lv 4.2,22. Il veut donc parler des péchés que le fidèle commet par suite de sa faiblesse et dont souvent il ne s’aperçoit pas ou qu’il oublie promptement ; c’est pourquoi il les appelle aussi : choses cachées. Mais dans ces erreurs et ces choses cachées l’homme a toujours sa part de responsabilité, et il a besoin que Dieu les lui pardonne aussi bien que des péchés plus graves.
Verset 14. Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux! Qu’ils ne dominent pas sur moi! alors je serai parfait et exempt de grande transgression.
Nous avons traduit le premier hémistiche comme le fait Abenesra, parce que le mot de l’original (zedim) a ce sens dans tous les passages où il se trouve. Ps 86.14, 119.21,51,69,85. David demande à Dieu de le garder soit contre les machinations des orgueilleux (ceux qui bravent ouvertement la loi de Dieu), soit contre la funeste influence de leur exemple. D’autres traduisent ce mot par : péchés commis par orgueil. Quoi qu’il en soit, nous voyons que David était comme il le devait, pénétré du sentiment de sa faiblesse. « Tout en s’appelant serviteur de Dieu, il reconnaît qu’il a besoin d’un frein, de peur qu’il ne se précipite dans quelques transgressions de la loi de Dieu ; car quoique il fût régénéré par l’Esprit de Dieu, il gémissait encore sous le poids de ses vices. L’expression préserve montre combien la chair est portée au péché ; les saints sont bientôt entraînés dès que Dieu ne les retient plus. Dès que la grâce de Dieu nous fait défaut, il n’y a pas d’espèce de péchés dans lequel Satan ne puisse nous enlacer. Aussi cette confession de David doit nous rendre fervents dans la prière » (Calvin). — « Parfait. » Comp. Ps 15.2.
Verset 15. Agrée les paroles de ma bouche et la méditation de mon cœur devant ta face, ô Éternel, mon Rocher et mon Rédempteur!
David désire que la grâce non seulement le préserve du mal, mais le dispose à rendre à Dieu du cœur et des lèvres un culte vraiment spirituel et qui lui soit agréable. Ce sont de pareils sacrifices que Dieu attend de ses enfants. Hé 13.15. — « Mon rocher. » Comparez Ps 18.3. — Le nom de Rédempteur exprime l’idée de délivrance dans toute sa généralité ; il embrasse l’âme et le corps, le présent et l’avenir[5]. Comp. Es 41.14, 43.1 ; Ps 72.14 ; Jb 19.25. C’est en Christ que ce nom de Dieu trouve son parfait accomplissement.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 170-180
[1] Ce n’est pas proprement Elohim que nous trouvons dans la première partie de ce Psaume, mais le mot El qui en est une abréviation (selon les savants orientalistes Gésénius et Fürth) et que nos versions françaises rendent à tort par : le Dieu fort.
[2] Il ne faudrait pas conclure de ce passage, non plus que de Ex 6.3, que le nom de Jéhova fut entièrement inconnu aux Israélites avant l’époque de Moïse. Nous le trouvons en effet dans la bouche des patriarches (Gn 9.26, 24.3, etc.). Seulement Dieu voulait que la signification si belle et si profonde de ce nom fut mieux comprise et que les enfants d’Israël prissent l’habitude de le considérer comme un symbole des rapports nouveaux dans lesquels le Dieu de leurs pères entrait avec eux.
[3] Selon Hengstenberg Jéhova vient d’un verbe hava (analogue au verbe haia être) qui aurait été en usage dans les temps les plus anciens et dont il reste encore d’autres vestiges dans Gn 27.29 ; Jb 37.6. Jéhova serait la troisième personne du singulier du futur de ce verbe et pourrait se rendre littéralement par il sera ; mais comme en hébreu cette forme du verbe s’emploie aussi en parlant du présent, on peut considérer Jéhova comme exprimant l’idée d’existence dans toute sa généralité. Hengstenberg pense d’ailleurs comme Ewald que le mot hébreu doit se prononcer, non pas Jéhova, comme on le fait à l’ordinaire, mais Jave, parce que c’est la forme régulière du futur du verbe hava. On sait que les Juifs se fondant sur une interprétation superstitieuse de Lv 24.16 ne prononcent jamais le mot Jéhova quand ils le rencontrent dans la Bible et lui substituent Adonaï (Seigneur). C’est ainsi que la vraie prononciation du mot s’est probablement perdue et qu’on a pris l’habitude de le prononcer avec les voyelles d’Adonaï.
[4] C’est même un avantage que notre langue possède sur d’autres langues vivantes. En allemand, en anglais, en hollandais, il n’y a point de mot qui corresponde à Jéhova et l’on est obligé pour le rendre de se servir du mot Seigneur (Herr, Lord), que nous réservons pour le mot hébreu Adonaï.
[5] II est la traduction exacte du mot hébreu (Goel) qui signifie primitivement : celui qui rachète ; de là découlent les autres significations : libérateur, défenseur, vengeur, proche parent. Ex 6.6 ; Nb 35.19 ; Ru 3.12.
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