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Commentaire sur le Psaume 140

    1. Pour le maître-chantre. Psaume. Pour David.
    2. Ô Éternel! délivre-moi de l’homme méchant, protège-moi contre les hommes violents,
    3. qui méditent des maux dans leur cœur, et qui chaque jour préparent des guerres!
    4. Ils aiguisent leur langue comme un serpent, le venin de l’aspic est sous leurs lèvres. (Sélah).
    1. Garantis-moi, ô Éternel! contre la main du méchant, protège-moi contre les hommes violents qui méditent de faire trébucher mes pas!
    2. Des orgueilleux m’ont caché un filet et des cordeaux, ils ont tendu des rets le long de la route, ils m’ont dressé des pièges. (Sélah).
    1. Je dis à l’Éternel : Tu es mon Dieu! Éternel! prête l’oreille à la voix de mes supplications.
    2. Éternel! Seigneur! force de ma délivrance, tu couvres ma tête au jour de l’armement.
    3. Ô Éternel! n’accorde pas aux méchants leurs désirs, ne laisse pas réussir leurs projets, ils s’enorgueilliraient. (Sélah).
    4. La tête de ceux qui m’environnent, les ravages de leurs lèvres la couvriront ;
    5. des charbons ardents tomberont sur eux. Il les précipitera dans le feu, dans des fosses profondes, jamais ils ne se relèveront.
    6. L’homme qui abuse de sa langue ne sera point affermi sur la terre ; l’homme violent, le mal le poursuivra jusqu’à la ruine.
    7. Je sais que l’Éternel fait droit à l’affligé, justice aux indigents.
    8. Certainement les justes rendront grâces à ton nom, les hommes droits habiteront en ta présence.

 

Les rabbins disent que David composa ce psaume à l’occasion de Doëg et d’autres personnages qui le calomniaient auprès de Saül (1 S 22.9, etc.) et cette supposition n’a rien que de naturel. Il nous rappelle d’ailleurs d’autres prières du psalmiste pour demander le secours de Dieu contre ses ennemis et il est, comme le dit Calvin, une forme de prière dictée par le Saint-Esprit pour des cas semblables, prière applicable aux besoins de chaque fidèle et de l’Église dans son ensemble, et dont l’opportunité sera appréciée mieux que jamais dans la lutte contre l’Antichrist qui paraît approcher à grands pas.

Les deux premières strophes, commençant par des versets presque identiques, et terminées toutes deux par sélah, exposent la détresse du psalmiste et dépeignent la méchanceté de ses adversaires (2-4 et 5-6). La troisième exprime la ferme espérance qu’il sera délivré, tandis que les méchants seront atteints par le juste jugement de Dieu (7-14).

Versets 1-2. Pour le maître-chantre. Psaume. Pour David. Ô Éternel! délivre-moi de l’homme méchant, protège-moi contre les hommes violents,

« David ne se répand pas en injures contre ses ennemis, il prie et prend Dieu à témoin de son innocence » (Calvin).

Verset 3. qui méditent des maux dans leur cœur, et qui chaque jour préparent des guerres!

Litt. : ils assemblent des guerres. On pourrait aussi traduire comme le font Hengstenberg et la version anglaise : ils s’assemblent pour la guerre. Le verbe a ordinairement le sens intransitif ; mais, comme il n’y a point de préposition devant le substantif, il vaut mieux s’en tenir à la traduction qui se trouve dans la plupart des versions.

Verset 4. Ils aiguisent leur langue comme un serpent, le venin de l’aspic est sous leurs lèvres. (Sélah).

Images qui donnent à entendre que c’est par la calomnie qu’ils préparent la guerre. Comp. Ps 58.5.

Versets 5-6. Garantis-moi, ô Éternel! contre la main du méchant, protège-moi contre les hommes violents qui méditent de faire trébucher mes pas! Des orgueilleux m’ont caché un filet et des cordeaux, ils ont tendu des rets le long de la route, ils m’ont dressé des pièges. (Sélah).

Même image dans Ps 9.16.

Verset 7. Je dis à l’Éternel : Tu es mon Dieu!  Éternel! prête l’oreille à la voix de mes supplications.

« Le psalmiste prie avec foi. Il est convaincu que ce que son Dieu a été pour lui dans le passé, il le sera dans l’avenir » (Calvin).

Versets 8-9. Éternel! Seigneur! force de ma délivrance, tu couvres ma tête au jour de l’armement. Ô Éternel! n’accorde pas aux méchants leurs désirs, ne laisse pas réussir leurs projets, ils s’enorgueilliraient. (Sélah).

Force de ma délivrance, c’est-à-dire : puissance qui opère ma délivrance.

Verset 10. La tête de ceux qui m’environnent, les ravages de leurs lèvres la couvriront ;

Nous avons traduit ce verset comme la plupart des versions. Le psalmiste veut dire que les tourments que les méchants ont préparés à d’autres par leurs calomnies, retomberont sur eux-mêmes. Il est possible que le mot tête doive désigner, comme le pensent les rabbins, quelqu’un des chefs des persécuteurs du psalmiste ; en hébreu le pronom à la fin du verset est au pluriel, parce que l’auteur sacré a eu en vue à la fois le chef et les instruments. Quelques commentateurs donnent au mot hébreu que les autres rendent par tête ou chef le sens de fiel ou poison qu’il a dans quelques passages (entre autres Ps 69.22), et traduisent : Le fiel de ceux qui m’environnent, les ravages de leurs lèvres les couvriront. On a ainsi une construction plus facile et un bon parallélisme, mais il vaut mieux s’en tenir au sens ordinaire du mot, d’autant plus que deux versets plus haut (v. 8) il est employé dans ce dernier sens, en sorte qu’il n’est guère probable que le psalmiste lui en eût donné ici un complètement différent.

Verset 11. des charbons ardents tomberont sur eux. Il les précipitera dans le feu, dans des fosses profondes, jamais ils ne se relèveront.

Quoique Dieu ne soit pas nommé, il est évident que c’est à lui que se rapporte le second hémistiche. — « Il les jettera dans le feu de la géhenne » (Jarchi).

Verset 12. L’homme qui abuse de sa langue ne sera point affermi sur la terre ; l’homme violent, le mal le poursuivra jusqu’à la ruine.

Litt. : l’homme de langue. Comp. Ps 12.4-5. La version italienne dit : le médisant.

Verset 13. Je sais que l’Éternel fait droit à l’affligé, justice aux indigents.

« Par cette déclaration le psalmiste met le sceau à sa prière » (Calvin).

Verset 14. Certainement les justes rendront grâces à ton nom, les hommes droits habiteront en ta présence.

« Il emploie une forte affirmation parce que, dans la confusion qui existait alors, la chose était difficile à croire » (Calvin). — En ta présence. Comp. Ps 16.11.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 345-348

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