Cantique des degrés.
- Je lève mes yeux vers toi, qui sièges dans les cieux.
- Voici, comme les yeux des serviteurs sont fixés sur la main de leurs maîtres, les yeux de la servante sur la main de sa maîtresse, nos yeux le sont sur l’Éternel, notre Dieu, jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous.
- Ô Éternel! aie pitié de nous, aie pitié de nous! Car nous sommes abondamment rassasiés de mépris ;
- notre âme est abondamment rassasiée du rire des heureux, du mépris des orgueilleux.
Calvin appelle ce Psaume « un modèle de prière donné par le Saint-Esprit pour l’Église persécutée. » En effet le psalmiste, qui savait par expérience ce que les fidèles ont à attendre de la part d’un monde moqueur et méchant, a composé ce cantique tant pour sa propre édification que pour celle de son peuple, qu’il savait devoir être exposé à une longue série d’humiliations et de persécutions de tout genre, notamment de la part des Assyriens et des Babyloniens, au retour de l’exil de la part des Samaritains, et enfin dans sa dispersion actuelle et dans la crise des derniers jours. Mais cet enseignement est aussi pour nous. Une fois que nous avons appris à lever la tête et à regarder en haut, nous pouvons être assurés que notre délivrance approche. Luc 21.28.
Verset 1. Je lève mes yeux vers toi, qui sièges dans les cieux.
« Lorsque sur la terre tout est en désordre, c’est dans le ciel seulement que l’on trouve le secours » (Calvin). Comparez Ps 25.1, 121.1.
Verset 2. Voici, comme les yeux des serviteurs sont fixés sur la main de leurs maîtres, les yeux de la servante sur la main de sa maîtresse, nos yeux le sont sur l’Éternel, notre Dieu, jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous.
Hengstenberg et d’autres commentateurs pensent que cette comparaison doit représenter l’ardent désir avec lequel des serviteurs attendent la fin d’un châtiment infligé par leurs maîtres ; il est plus naturel d’y voir un sentiment de confiance, la conviction que les maîtres pourvoiront aux besoins de leurs serviteurs et les protégeront. Comparez Lc 11.11,13. — Dans le premier verset nous trouvons le singulier, parce que le peuple était censé parler par la bouche du psalmiste ; ici et jusqu’à la fin nous trouvons le pluriel, parce que le peuple prend lui-même la parole. — Le premier mot du dernier hémistiche nous rappelle qu’il faut persévérer dans la prière.
Verset 3. Ô Éternel! aie pitié de nous, aie pitié de nous! Car nous sommes abondamment rassasiés de mépris ;
« Rien n’est plus dur que les moqueries jointes aux mauvais traitements. L’expression rassasier est très énergique ; elle indique la longue durée de l’affliction » (Calvin).
Verset 4. notre âme est abondamment rassasiée du rire des heureux, du mépris des orgueilleux.
« C’est une chose très ordinaire que les grands persécutent l’Église ; ils ne font aucun cas des choses spirituelles » (Calvin). — Le mot hébreu que nous traduisons par : les heureux est rendu dans les Septante et quelques autres versions par : les riches, ceux qui sont dans l’abondance ; mais il paraît plutôt exprimer la notion de tranquillité, sécurité. Hengstenberg et Vaihinger ont trouvé dans la langue allemande un mot qui a exactement cette valeur : die Sichern ; notre langue n’a pas autant de ressources ; il faudrait proprement dire : les tranquilles. Comp. Es 32.9 ; Am 6.1.
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 288-289