- Non pas à nous, ô Éternel! non pas à nous, mais à ton nom donne gloire, à cause de ton amour et de ta vérité!
- Pourquoi faudrait-il que les nations disent : « où donc est leur Dieu? »
- Notre Dieu, il est dans le ciel, tout ce qu’il veut, il le fait.
- Leurs idoles sont de l’argent et de l’or, un ouvrage de mains d’hommes ;
- elles ont une bouche et ne parlent point, des yeux et ne voient point,
- des oreilles et n’entendent point, un nez et point d’odorat,
- des mains et ne touchent point, des pieds et ne marchent point, leur gosier ne peut rien articuler.
- Semblables à elles seront ceux qui les font, tous ceux qui mettent leur confiance en elles.
- Israël, confie-toi en l’Éternel! Leur aide et leur bouclier, c’est lui.
- Maison d’Aaron! confiez-vous en l’Éternel! Leur aide et leur bouclier, c’est lui.
- Vous qui craignez l’Éternel, confiez-vous en l’Éternel. Leur aide et leur bouclier, c’est lui.
- L’Éternel s’est souvenu de nous, il bénira ; il bénira la maison d’Israël, il bénira la maison d’Aaron,
- il bénira ceux qui craignent l’Éternel, les petits comme les grands ;
- l’Éternel vous enrichira, vous et vos enfants ;
- vous serez bénis de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre ;
- les cieux sont les cieux de l’Éternel, et la terre, il l’a donnée aux enfants des hommes.
- Les morts ne loueront point l’Éternel, ni tous ceux qui descendent dans le silence ;
- mais nous, nous bénirons l’Éternel, dès maintenant jusqu’à l’éternité. Alléluia!
Dans la version des Septante et dans les versions catholiques qui s’y rattachent, ce psaume fait partie intégrante du précédent, et le rabbin Kimchi dit qu’il en était de même de son temps dans quelques exemplaires de texte hébreu ; mais l’immense majorité des manuscrits et des commentateurs, tant juifs que chrétiens, séparent ces deux psaumes. Toutefois ils se rapprochent par leur contenu, et il est fort possible que David les ait composés à la même époque. Tandis que le Ps 114 place devant les yeux des Israélites les grandes délivrances par lesquelles avait commencé leur histoire, celui-ci tire la conséquence de ces événements et les invite à se confier aussi, pour l’avenir, en Celui dont la puissance s’était montrée avec tant d’éclat en leur faveur. Après avoir sans doute plus d’une fois servi à soutenir la foi et le courage des fidèles de l’ancienne alliance quand ils étaient exposés aux assauts des puissances idolâtres (Assyriens, Babyloniens, Romains, etc.), ce Psaume est une source de consolation pour Israël dans son état actuel, et il lui garantit la victoire dans les luttes qui sont encore à venir. Enfin, il est assurément aussi écrit pour l’édification et l’encouragement de l’Église et de ses membres fidèles.
La première strophe est une prière pour demander à Dieu de ne pas accorder aux ennemis de son peuple un triomphe qui compromettrait l’honneur de son propre nom (1-2). La seconde fait ressortir la puissance du vrai Dieu et l’impuissance des dieux des Gentils (3-8). La troisième invite les Israélites à mettre continuellement leur confiance en leur Dieu (9-11). La quatrième leur confirme l’assurance de la protection et de la bénédiction de l’Éternel (12-16). La cinquième paraît être la réponse des fidèles qui s’engagent à employer toute leur existence à célébrer les louanges du Seigneur (17-18). On suppose, avec assez de vraisemblance que ce psaume était destiné à être chanté par différentes voix. Ainsi on peut se représenter que la première strophe et la dernière devaient être chantées par toute l’assemblée des fidèles ; la seconde et la quatrième par un chœur, et la troisième par les prêtres, en leur qualité d’ambassadeurs de Dieu auprès de son peuple.
Verset 1. Non pas à nous, ô Éternel! non pas à nous, mais à ton nom donne gloire, à cause de ton amour et de ta vérité!
C’est ainsi que, lorsque nous prions, nous devons renoncer à toute idée de mérite propre, à toute pensée d’apporter quelque chose à Dieu. Notre espoir d’être exaucé doit se fonder uniquement sur ses glorieuses perfections et sur ses promesses. Comp. Es 48.11 ; Ps 79.9-10.
Verset 2. Pourquoi faudrait-il que les nations disent : « où donc est leur Dieu? »
Comp. Ps 42.4 ; 2 R 18.33-34.
Verset 3. Notre Dieu, il est dans le ciel, tout ce qu’il veut, il le fait.
Réponse aux insultes et aux blasphèmes des gentils. Le sens de ce verset est très bien rendu par Calvin : « Le psalmiste ne veut pas dire que Dieu soit enfermé dans les cieux, mais, au contraire, que sa puissance est illimitée, indépendante de tous les moyens, ne reculant devant aucun obstacle. Le premier hémistiche se trouve expliqué par le second. » Comp. Ps 2.4.
Versets 4-7. Leurs idoles sont de l’argent et de l’or, un ouvrage de mains d’hommes ; elles ont une bouche et ne parlent point, des yeux et ne voient point, des oreilles et n’entendent point, un nez et point d’odorat, des mains et ne touchent point, des pieds et ne marchent point, leur gosier ne peut rien articuler.
Ce verset et les suivants s’appliquent à l’idolâtrie sous toutes ses formes. Que notre idole s’appelle statue d’or ou d’argent, ou qu’elle s’appelle science, fortune, politique, plaisirs, affections légitimes, c’est toujours une idole et elle tombe sous le coup de cette sentence. Comparez Es 44.9-20.
Verset 8. Semblables à elles seront ceux qui les font, tous ceux qui mettent leur confiance en elles.
Les rabbins voient dans ce verset un vœu, une imprécation et traduisent : Qu’ils leur soient semblables, etc. Il est plus simple d’y voir l’énoncé d’un fait. « C’est en effet se dépouiller du sens commun, c’est devenir aveugle et sourd, que d’adorer des idoles. Enlever à Dieu sa gloire est un très grand péché » (Calvin). « Tel le Dieu d’un homme, tel l’homme lui-même » (Hengstenberg).
Versets 9-11. Israël, confie-toi en l’Éternel! Leur aide et leur bouclier, c’est lui. Maison d’Aaron! confiez-vous en l’Éternel! Leur aide et leur bouclier, c’est lui. Vous qui craignez l’Éternel, confiez-vous en l’Éternel. Leur aide et leur bouclier, c’est lui.
Dans ce verset et les suivants, l’exhortation à se confier en Dieu est adressée d’abord au peuple, puis aux sacrificateurs descendants d’Aaron (auxquels le psalmiste joignait probablement dans sa pensée les simples lévites, qu’il nomme dans Ps 135.20), enfin aux prosélytes ou adorateurs du vrai Dieu appartenant à d’autres nations, car il y a lieu de croire qu’il faut donner déjà ici à cette expression, craignant Dieu, le sens qu’elle a dans plusieurs passages du Nouveau Testament, ainsi Ac 10.2, 13.16,26,43, etc. C’est l’explication des rabbins et de Michaëlis. Hengstenberg croit que c’est encore d’Israélites qu’il est question, et que ce n’est qu’une autre manière de désigner les membres du peuple de Dieu (de même que dans le Ps. 22.24) ; mais il y a lieu de croire que le verset 11 ne doit pas être une simple répétition du verset 9.
Versets 12-13. L’Éternel s’est souvenu de nous, il bénira ; il bénira la maison d’Israël, il bénira la maison d’Aaron, il bénira ceux qui craignent l’Éternel, les petits comme les grands ;
« Le passé (l’Éternel s’est souvenu de nous) est garant de l’avenir (il bénira) » (Calvin).
Verset 14. l’Éternel vous enrichira, vous et vos enfants ;
Littéralement : L’Éternel ajoutera sur vous. Selon quelques-uns, il ne serait question que d’une augmentation en nombre ; nous pensons qu’il s’agit de toutes les bénédictions à la fois.
Verset 15. vous serez bénis de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre ;
« Le second hémistiche indique la garantie du premier. Il n’y a pas lieu de douter et de craindre que la bénédiction ne soit pas efficace, car c’est celle du Dieu qui a créé les cieux et la terre » (Calvin).
Verset 16. les cieux sont les cieux de l’Éternel, et la terre, il l’a donnée aux enfants des hommes.
« Dieu lui-même n’a besoin de rien, et dans sa bonté il a tout donné aux hommes » (Calvin). — Les Septante et quelques autres versions traduisent : Les cieux des cieux (c’est-à-dire les plus hauts cieux) sont à l’Éternel ; mais la forme grammaticale des mots hébreux ne permet pas facilement cette traduction. — Le second hémistiche paraît faire allusion à Gn 1.28-30.
Verset 17. Les morts ne loueront point l’Éternel, ni tous ceux qui descendent dans le silence ;
Le peuple, après avoir reçu ces précieuses assurances, est maintenant plein d’espoir d’être délivré et conservé pour glorifier Dieu sur la terre. — Le silence, voyez Ps 94.17.
Verset 18. mais nous, nous bénirons l’Éternel, dès maintenant jusqu’à l’éternité. Alléluia!
« Il s’agit du corps entier de l’Église. Dieu aura toujours des témoins de sa bonté » (Calvin).
Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 227-231