(par Pascal Denault)
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Clifford Olson est mort. J’ai rencontré Olson pour la première fois en juin 2007. J’étais nouvel aumônier à l’Unité spéciale de détention de Ste-Anne-des-Plaines où Olson fut détenu pendant les dernières années de sa vie. J’étais nerveux en anticipant cette rencontre. La veille, je m’étais informé par Internet sur ce célèbre tueur en série. J’ignorais totalement comment je me sentirais en présence d’un homme qui avait torturé et tué 11 enfants et qui continuait de prendre un grand plaisir à la souffrance des familles de ses victimes. J’imaginais qu’Olson allait être une personne qui glace le sang tellement sa psychopathie serait effrayante…
Les gardiens l’ont escorté jusqu’à ma chapelle, après qu’il fut à l’intérieur ils lui retirèrent ses menottes, puis il vint s’assoir devant moi; nous étions séparés par des barreaux. Il était très jovial, avait beaucoup d’humour et ne faisait pas peur du tout. Olson était un vieil homme, chétif que tout le monde méprisait en prison. Il partageait la rangée des détenus gardés en super protection pour leur propre sécurité.
Après que nous nous soyons présentés, Olson me dit immédiatement : « Bon, tu sais sans doute qui je suis et ce que j’ai fait. Maintenant, ne me demande pas pourquoi j’ai fait ça; je ne le sais pas et je ne le saurai jamais. J’ai demandé pardon à Dieu, c’est terminé, c’est derrière moi alors n’en parlons plus! » De 2007 à 2011, j’ai rencontré Olson environ une fois par mois, mais je ne suis pas certain de savoir qui il était. La seule chose dont je suis certain c’est que Clifford Olson était un vieux menteur, le plus grand menteur que j’ai rencontré, mais aussi le pire menteur.
Les gens du mensonge
Le célèbre psychiatre américain Scott Peck publia un livre fort intéressant intitulé The People of the Lie (Les gens du mensonge). Ce livre est en quelque sorte une approche psychologique de la doctrine du péché, un sujet que j’ai toujours abordé sous l’angle théologique. La thèse du Dr Peck est que le mal se manifeste chez l’homme par le mensonge… Il démontre que le mal est présent à divers degré chez des gens bien ordinaires qui cachent parfois une méchanceté vile et profonde.
Le mal chez l’être humain, toujours selon le Dr Peck, l’amène à vivre loin de la vérité. Il se cache, il ment aux autres et se ment à lui-même; si bien qu’il est difficile de le connaître vraiment. La méchanceté de l’homme l’amène à vivre continuellement dans le mensonge et le déni.
L’analyse du psychiatre est juste, l’Écriture explique de manière similaire la dépravation de l’homme. Ce dernier s’endurcit dans son entendement, il retient la vérité de Dieu captive et la change en mensonge (Rm 1:18-25). Jésus parle de Satan, l’archétype du mal, dans les termes suivants : « Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge. » (Jn 8.44) L’origine du mal chez l’homme nous est décrite par la Bible comme venant de la chute où l’homme fut séduit par le père du mensonge. Depuis, le cœur de l’homme est méchant et ne se tient pas dans la vérité. La dépravation de l’homme ne se manifeste pas de manière égale : certains sont plus menteurs que d’autres, mais tous sont menteurs.
Olson le menteur
Clifford Olson était une vitrine de la dépravation humaine. Il n’était pas nécessaire de passer beaucoup de temps avec lui pour s’apercevoir qu’il était profondément pervers, extrêmement narcissique et grossièrement menteur. Dès qu’il découvrait un peu votre champ d’intérêt, il se prétendait connaisseur de cette chose et tentait de vous impressionner. Il se vantait d’avoir de l’argent et augmentait toujours le montant qu’il s’apprêtait à vous donner. Il inventait sans cesse des histoires pour faire de l’effet et devenait agressif et vulgaire lorsque vous le débusquiez. C’était impossible de véritablement le connaître et lui-même ne se connaissait pas puisqu’il vivait continuellement dans le noir.
Le mensonge d’Olson était particulièrement vrai à l’égard de son crime. La confession de sa faute était mensongère et faite seulement du bout des lèvres. Il n’a jamais voulu voir la gravité de ses actes, la méchanceté de son cœur ou les conséquences de son péché. Il a vécu dans le mensonge jusqu’à sa mort.
Lorsque vous et moi regardons ce personnage, nous nous confortons en nous comparant à lui. Olson nous semble si inhumain et si hideux que nous nous sentons tout à coup humains et beaux. Bien qu’aucun d’entre nous n’agirait de la même manière que ce tueur, nous devons reconnaître que le germe de la méchanceté est aussi en nous. Il ne se manifeste peut-être pas avec assez d’éclat pour faire les manchettes, cependant il est là dans nos paroles, dans nos pensées, dans nos intentions avouées… mais très souvent inavouées. Le mensonge est en chacun de nous.
La vérité
Scott Peck n’apporte pas une véritable solution au problème du mal; tout simplement parce que la solution n’est pas psychologique, mais elle est de la même nature que le problème, c’est-à-dire théologique. Le Christ, qui est l’antithèse du malin, dit de lui-même : « Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » (Jn 12.46) Ailleurs, il se présente comme étant la vérité même (Jn 14:6).
Le seul antidote au mensonge est la vérité, la seule chose qui dissipe les ténèbres est la lumière. Vous n’avez que deux possibilités : abandonner maintenant le mensonge pour venir à la vérité ou être exposé par la lumière lorsque viendra « le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. » (1 Co 4.5)
Avez-vous déjà remarqué le comportement des insectes qui grouillent sous une pierre lorsqu’on la soulève et que la lumière du jour les éclaire? Ils se cachent! L’homme aussi se cache de la lumière, il ment et s’oppose naturellement à Dieu (Rm 3:4). La pensée de l’homme, bien qu’elle lui paraisse intuitivement vraie, ne le conduit pas dans la vérité, car elle est obscurcie par le mensonge. Dieu appelle l’homme à reconnaître son mensonge et à l’abandonner. « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jn 8.32) a dit Jésus. Que tous sont fatalement menteurs est une vérité que tous finiront par découvrir, mais pour devenir libre, il faut venir à la vérité maintenant.
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